1. Ignorer la bulle de sécurité
«Il y a en ce moment une bulle dans les actifs qui sont perçus comme sécuritaires», déclare Stéphane Rochon, vice-président et chef de la recherche pour les particuliers chez BMO Nesbitt Burns. Les obligations et les titres boursiers défensifs notamment alimentent cette bulle de sécurité.
Les gens savent que l’éclatement d’une bulle a des effets. Cependant, savent-ils que ces effets peuvent se répercuter sur les placements à faible risque ?
«L’investisseur ordinaire ne comprend pas le risque que représente une augmentation potentielle des taux d’intérêt en ce moment», explique Stéphane Rochon.
Par exemple, une obligation du Canada à échéance de 10 ans, avec une augmentation de taux de 1 %, pourrait voir sa valeur chuter en moyenne de 9 % en ce moment, illustre-t-il.
Ce scénario est loin d’être improbable, selon lui.
La situation économique s’améliore actuellement aux États-Unis. «Au cours des 12 à 18 prochains mois, il y aura une poussée à la hausse des taux d’intérêt», croit Stéphane Rochon.
Cependant, tous les conseillers n’en arrivent pas à une telle conclusion. «Je ne crains pas de hausse de taux d’intérêt en 2013», remarque Éric Desrochers, conseiller en gestion de patrimoine chez ScotiaMcLeod.
Une telle hausse sera repoussée jusqu’à ce que les problèmes de la dette des gouvernements soient réglés, en particulier en Europe, selon ce conseiller. «Cela n’arrivera pas en 2013», soutient-il.
2. L’absence de politique de placement écrite
Confronté à des turbulences économiques, l’investisseur pourrait être victime de sa propre impulsivité.
Par exemple, en raison de l’environnement de faibles taux, plusieurs investisseurs se sont rués sur les actions privilégiées au cours des dernières années. Ce placement peut être intéressant, mais «il faut s’assurer d’acheter les bonnes actions privilégiées», dit Charles Martin, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez TD Waterhouse.
Ainsi, les actions privilégiées dites perpétuelles, dans le sens où le dividende qu’elles procurent est fixe pour une durée illimitée, sont extrêmement vulnérables au taux d’intérêt.
Le risque de tomber dans le piège de l’impulsivité sera important en 2013.
«Une des raisons qui nous portent à le penser, c’est le fait qu’il y a 20 ans, l’actif des baby-boomers se trouvait dans leur maison et leur retraite était lointaine. Aujourd’hui, la retraite approche et leur actif est placé dans leur portefeuille», explique Charles Martin.
La nervosité de ces investisseurs est intense, d’où un risque accru d’erreurs liées à l’impulsivité.
En cas de doute ou de panique, on renvoie le client à sa politique de placement, claire et écrite. Cela permet de maintenir la discipline nécessaire à l’atteinte de ses objectifs.
«Malheureusement, la majorité des investisseurs qui viennent nous consulter ne connaissent pas cet outil», déplore Charles Martin.
«C’est vraiment très important», dit-il.
3. Peur irraisonnée
La dernière récession et ses conséquences sur les Bourses ont échaudé les investisseurs. Beaucoup ont cédé à la panique, ce qui explique en partie la bulle de sécurité.
«Les extrêmes sont rarement une bonne solution», selon Charles Martin.
Certains investisseurs sont trop craintifs en ce moment.
Cela est dû au fait que les récessions accompagnées de crises financières, comme celle que nous avons traversée dernièrement, «causent plus de problèmes», dit-il.
La crainte de perdre gros risque de miner le rendement futur de plusieurs investisseurs, qui pourraient bien manquer le bateau de la reprise.
Il faut donc revoir la pertinence de l’investissement dans les produits à revenu fixe ou dans les secteurs défensifs.
Ces investissements ne doivent pas être fondés sur des craintes disproportionnées, mais plutôt tenir compte de l’horizon de placement du client et de son profil.
4. L’impatience du retraité
À l’inverse, pour ceux qui sont déjà à la retraite, l’impatience ressentie par rapport à un environnement de bas taux d’intérêt qui perdure est compréhensible. Cependant, céder à cette impatience est téméraire.
«Certains clients ont tendance à accepter plus de risque pour aller chercher des rendements de 2 ou 3 % de plus», constate Éric Desrochers.
Ce conseiller convient que la situation n’est pas facile pour les détenteurs de FERR. Ces derniers subissent actuellement des ponctions obligatoires souvent plus élevées que le rendement obtenu dans le régime.
Il conseille malgré tout la patience.
«La pire erreur qu’un client à la retraite puisse faire en 2013 est de céder à l’impatience. Il déséquilibrerait la structure de son portefeuille pour le rendre plus agressif» et en paierait probablement le prix, dit Éric Desrochers.
Nous devons le ramener à son plan de match, soutient-il.
5. L’information non validée
Plus que jamais, le Web représente un danger en 2013.
La conjoncture difficile place les investisseurs en mode de recherche de solutions permanent.
Ils sont nombreux à scruter Internet, les blogues et les réseaux sociaux en quête de placements qui leur offriront des taux plus intéressants que ceux que leurs conseillers leur ont proposés.
Or, ils en trouvent, et c’est là le danger.
«La grande accessibilité à une information non analysée peut être dommageable pour certains clients», affirme Éric Desrochers.
Les taux offerts et même la qualité peuvent sembler intéressants, mais les difficultés surgissent souvent dans les menus détails.
«Les clients lisent bien des choses, mais ils ne les comprennent pas toujours», remarque-t-il.
L’environnement actuel, turbulent, exige qu’on se prépare de manière rigoureuse.
Par exemple, en 2013, plusieurs investisseurs considéreront le marché des obligations de sociétés.
Se fier à la cote octroyée par des agences de crédit n’est guère plus suffisant, estime Stéphane Rochon, chez BMO Nesbitt Burns.
«Ces agences sont généralement en retard par rapport au marché», soutient-il.
La vigilance sera une valeur sûre en 2013.