Puis en 2010, il boucle la boucle et atteint le sommet du mont Vinson, la plus haute montagne de l’Antarctique.

En 2008, alors qu’il donnait une conférence au sujet de son expédition sur le mont Everest, François Langlois rencontre le président de la Fondation Fais-Un-Voeu, qui lui demande s’il aimerait guider un groupe jusqu’au sommet du Kilimandjaro. Enthousiasmé par l’idée, il accepte et décide d’amener d’autres voyageurs avec lui dans le cadre d’une expédition sur la plus haute montagne d’Afrique.

«Je cherchais justement une raison d’aller sur le Kilimandjaro, je faisais alors le parcours des Sept Sommets, mais j’avais besoin de donner un sens à mon expérience. L’idée de partager mon périple avec d’autres personnes m’a tout de suite séduit et j’ai sauté sur l’occasion», raconte François Langlois.

Depuis, il accompagne chaque année des randonneurs en expédition un peu partout dans le monde. Les participants paient leur voyage, et ils s’engagent à recueillir plusieurs milliers de dollars pour des oeuvres de charité consacrées aux enfants malades. La Fondation Centre de cancérologie Charles-Bruneau pour les enfants atteints du cancer est une des principales oeuvres qu’encourage François Langlois.

«J’ai été moi-même un enfant malade. J’étais un bébé prématuré et mes poumons étaient sous-développés. Au sommet de l’Everest, en 2001, je me suis promis que je trouverais une façon de redonner toute la chance que j’avais eue, et j’ai décidé de donner au suivant. De plus, j’ai quatre enfants, tous âgés de moins de huit ans, c’est donc une cause qui me touche beaucoup», explique le conseiller de l’arrondissement de LaSalle, à Montréal.

Mont Blanc et Corse

Depuis l’an 2000, François Langlois a amassé près de 5 M$ grâce à ses expéditions sur les Sept Sommets, et ses voyages de groupe l’ont conduit trois fois au camp de base de l’Everest et sur le Kilimandjaro, une fois au Machu Picchu, au Pérou, et sur la Grande Muraille de Chine. Cette dernière aventure lui a permis de recueillir 270 000 $, avec l’aide d’une douzaine de participants qui devaient amasser au moins 10 000 $ chacun.

En 2013, le conseiller quadragénaire entreprendra l’ascension du mont Blanc et la traversée de la Corse à pied avec de nouveaux participants. Le moins qu’on puisse dire, c’est que François Langlois est un mordu des expéditions de groupe à des fins caritatives.

En plus d’accumuler les bons souvenirs, dont celui d’une demande en mariage au sein d’une équipe de randonneurs sur le sommet du Kilimandjaro, François Langlois croit que ce type de voyage a le pouvoir de changer des vies.

«J’ai compris qu’en faisant ces expéditions, je peux revivre l’expérience que j’ai faite sur les Sept Sommets par l’intermédiaire de ceux qui m’accompagnent. Les gens découvrent tout leur potentiel, et leurs réactions au sommet sont merveilleuses. Par la suite, ils se retrouvent sur un nouveau chemin de vie et veulent souvent refaire une expédition.»

Pour chaque expédition, un enfant touché par le cancer agit en tant que porte-parole : «Le fait de ne pas le faire uniquement pour soi donne une tout autre dimension à une expédition. Chaque fois que nous nous sentons fatigués ou découragés, nous nous rappelons que les enfants cancéreux n’ont pas le choix de se battre, et cette simple pensée nous convainc de recommencer à avancer.»

En plus de mettre sur pied des expéditions pour les adultes, François Langlois organise parfois de plus petits voyages avec des jeunes, grâce aux conférences qu’il donne en milieu scolaire.

Les enfants sont mis à contribution pour les campagnes de financement et vont par la suite escalader le mont Tremblant ou le mont Kaaikop, dans les Laurentides.

«Souvent, les élèves côtoient des enfants cancéreux qui doivent quitter l’école pour suivre leurs traitements, et qui parfois ne reviennent plus. C’est beau de voir les élèves se démener pour amasser des fonds pour une cause. Lorsqu’ils gravissent le mont Tremblant par la suite, ce qui n’est pas un exploit ordinaire pour un enfant, ils se rendent compte qu’ils peuvent réaliser leurs rêves», dit-il.

Chaque semaine, François Langlois consacre cinq heures en moyenne à la préparation de ses expéditions. En plus de la planification du voyage, il aide aussi les participants à se préparer physiquement pour l’expédition. On les voit souvent, le samedi et le dimanche matin, gravir les marches du mont Royal.

«Mon employeur m’aide beaucoup. Manuvie a commandité mon voyage jusqu’au mont Vinson et m’offre aussi beaucoup de soutien pendant mes absences. Mes clients savent ce que je fais, mais s’il y a urgence, mon équipe peut s’en occuper, même si je suis absent», souligne François Langlois.

Au commencement de sa carrière, le conseiller tenait fermement à séparer son métier de conseiller et sa passion pour l’alpinisme. Il ne s’est donc jamais servi des expéditions de groupe qu’il organisait pour recruter de nouveaux clients.

«Il ne faut jamais donner l’impression que l’engagement est un moyen d’aller chercher de nouveaux clients. Je sais que si j’avais été plus bavard sur ce que je fais dans la vie pendant mes voyages, j’aurais aujourd’hui beaucoup plus de clients. Toutefois, il arrive parfois qu’un randonneur devienne mon client au fil de rencontres et de conversations. Cela doit absolument être quelqu’un que j’apprécie, puisque si j’aime quelqu’un, je serai immédiatement porté à me démener pour lui.»

François Langlois, qui a d’ailleurs un bureau à domicile, sert seulement 88 familles, et il a adapté sa pratique à son rythme de vie mouvementé : «Mes clients peuvent me joindre à toute heure, partout dans le monde. Maintenant, grâce à la technologie, je peux recevoir des appels même si je suis en Asie ou en Australie.»

Selon François Langlois, la randonnée en haute montagne et la finance ont beaucoup de points communs. «Dans ces deux domaines, trois choses sont essentielles à la réussite. Il faut avoir un plan, être prudent en minimisant le risque et avoir beaucoup de patience. En effet, ce n’est pas parce que nous sommes prêts à tenter le sommet que la montagne ou la Bourse sont prêtes à nous laisser les atteindre.»