«La vélocité de la monnaie n’a pas augmenté depuis 2008, alors que les injections massives de liquidités de la Réserve fédérale (Fed) restent dans les banques et ne sont pas prêtées. Cette vélocité commencera à augmenter en 2013, peut-être au cours du deuxième semestre, alors que les banques peuvent recommencer à prêter, ayant eu le temps de se recapitaliser et de radier suffisamment de prêts irrécouvrables», croit-elle.
Cette vélocité accrue de la monnaie permettra au système économique de passer d’une phase de déflation à une phase de relance où les prix commencent à augmenter.
Dans cet environnement, les taux d’intérêt peuvent remonter en même temps que le marché boursier progresse. Christine Hughes maintient qu’on ne pourrait parler d’inflation que si le marché du travail était en surchauffe, ce qui est loin d’être le cas aux États-Unis.
Dans ce contexte très favorable aux actions, l’économie américaine est en meilleure position que l’économie canadienne, au moment où le secteur immobilier des États-Unis reprend de la vigueur, alors qu’il ralentit au Canada.
De plus, le consommateur américain a réduit son endettement et peut désormais l’augmenter à nouveau au moment où l’endettement connaît des sommets au Canada. S’ajoute à cela la difficulté du Canada d’obtenir des prix intéressants pour son énergie.
«Pour ces raisons, nous estimons que les deux secteurs qui comptent pour deux tiers du marché boursier canadien, soit le secteur financier et celui de l’énergie, afficheront une performance inférieure à celle de leurs vis-à-vis américains. Nous préférons détenir Bank of America, Citigroup, AIG ou Goldman Sachs plutôt que la plupart des banques canadiennes. Nos titres d’énergie canadiens sont des titres d’infrastructure plutôt que de production, comme ShawCor ou Gibson Energy», explique-t-elle.
Cette analyse se traduit par une pondération de 49 % en actions américaines et de 1,9 % en actions internationales, par rapport à 31,7 % en actions canadiennes. À 27 %, la pondération des titres de consommation discrétionnaire est la plus importante. Le fonds ne détient aucun titre dans les secteurs des services publics, des télécommunications, de la consommation de base et des soins de santé.
Le fonds équilibré canadien AGF géré par Christine Hughes entre août 1999 et janvier 2010 a reçu le Lipper Award de la meilleure performance d’un fonds équilibré sur trois et cinq ans pour la période terminée le 31 décembre 2008. Ce fonds a été renommé Fonds canadien de répartition de l’actif AGF en 2010.
«Il y a relativement peu de fonds de répartition tactique d’actif dans l’univers des fonds canadiens. La raison en est très simple : une mauvaise décision mettra votre carrière en jeu. Beaucoup de professionnels de l’industrie de la gestion de portefeuille se préoccupent plus du risque de voir leur carrière prendre fin que des risques du marché. Vous aurez belle allure si le marché perd 40 % et que vous n’en perdez que 35 %. Par contre, si le marché réalise 40 % et vous 5 %, vous serez crucifié. La décision de maintenir une répartition fixe typique de 60 %-40 % entre actions et obligations ne vous fera pas perdre votre poste», juge James Gauthier, analyste en fonds communs de placement chez Patrimoine Dundee.
Il n’a pas les données qui lui permettraient de conclure que la répartition tactique d’actif est une approche supérieure ou inférieure à une approche traditionnelle. Il note cependant qu’au cours des 15 dernières années, les obligations ont affiché une performance comparable à celle des actions, avec beaucoup moins de volatilité.
Dans un tel environnement, le choix d’une répartition fixe d’actif a été le meilleur, sauf en 2008. Par contre, à l’avenir, si les taux d’intérêt commencent à grimper et que les obligations perdent leur valeur, le fait d’avoir un bon répartiteur d’actif sera très important, selon lui.
«Christine Hughes a prouvé en 2008 qu’elle pouvait préserver le capital et a bien rempli son mandat. Elle détenait une forte pondération en obligations du Trésor américain et celle en actions était faible et concentrée en titres défensifs. Au sortir de la crise, elle n’a pas fait beaucoup d’argent, ce à quoi on pouvait s’attendre. Elle est ce qu’on appelle une marque dans l’industrie des fonds», assure-t-il.
«Je ne suis pas très enthousiaste à l’égard des fonds de répartition tactique d’actif, qui sont tous des variantes du « synchronisme des marchés » (market timing). Dans ce cas-ci, la répartition de l’actif se fonde sur l’évaluation de facteurs macroéconomiques, un exercice très difficile», note Dan Hallett, vice-président et directeur, gestion d’actifs, chez HighView Financial Group.
«Ces fonds étaient plus nombreux il y a 15 ans qu’aujourd’hui. Leurs résultats, au Canada du moins, ont été décevants. J’ai vu tant de grandes firmes de gestion qui pouvaient faire appel à d’importantes ressources échouer à cet exercice. On n’a qu’à penser à un fonds d’AGF géré par une équipe quantitative de Barclays, qui a très bien performé pendant un moment pour ensuite tout perdre. Cela dit, dans cette catégorie, Christine Hughes a offert la meilleure performance. Elle est brillante et elle a pris plusieurs bonnes décisions. Je ne suis toutefois pas sûr qu’elle puisse continuer à le faire de manière constante dans l’avenir. Cela n’a rien d’un jugement personnel ; je ne suis pas sûr de trouver quiconque qui soit en mesure de le faire. Cela dit, son approche plaira à ceux qui cherchent un gestionnaire actif. Je crois qu’elle fera du bon travail, mais je ne suis pas sûr que cela se traduira par des résultats supérieurs à long terme», pense-t-il.