Yves Rebetez cite une étude des professeurs Martijn Cremers et Antti Petajisto de l’Université Yale selon laquelle, de 1980 à 2009, le pourcentage de gestionnaires dont le portefeuille est similaire à son indice de référence est passé de 0 % à environ 20 %.
D’abord, pour tomber dans cette catégorie, une faible portion du portefeuille de ces gestionnaires indiciels déguisés doit différer de l’indice de référence. Cette portion est aussi connue sous le nom de «portion active». Plus la portion active est élevée, plus la composition du portefeuille diffère de son indice de référence.
Environ le tiers de l’actif accumulé dans des fonds d’actions aux États-Unis serait géré par des conseillers qui ont une faible portion active.
Au Canada, «moins de 10 % des fonds d’actions canadiennes ont une portion de gestion active élevée», a souligné Yves Rebetez durant le webinaire.
«La majorité des produits offerts sur le marché canadien ne sont en fait que des fonds indiciels déguisés en fonds actifs», a-t-il ajouté.
Le «peu de gestionnaires actifs qui sont vraiment actifs» s’explique par des contraintes de la réglementation, des paramètres de gestion stricts et des réflexes de calquage des indices, selon Guy Lalonde, vice-président et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale.
Il reste que ces données envoient un message fort aux clients, soit celui de «ne pas payer pour ce qu’ils n’ont pas de toute façon», d’après Guy Lalonde.
Dur de battre l’indice
Ensuite, la difficulté qu’éprouvent de nombreux gestionnaires de portefeuille à battre l’indice de référence est une autre raison d’opter pour les FNB, selon les panélistes du webinaire.
Au cours des cinq dernières années, d’après Yves Rebetez, «9,8 % des fonds d’actions canadiennes gérés de façon active ont dépassé la performance de l’indice S&P/TSX».
La situation est pire dans le marché américain. Le pourcentage des gestionnaires canadiens qui surpassent l’indice S&P 500 sur cinq ans se chiffre à 2,30 %, rapporte Guy Lalonde, citant une étude de SPIVA de décembre 2012.
C’est sans compter la difficulté pour un conseiller qui a dépassé l’indice une première fois de répéter l’exploit d’année en année.
Dans un contexte de convergence entre les rendements de la gestion active et ceux de la gestion passive, il devient plus malaisé de justifier les frais de gestion supérieurs des FCP par rapport à ceux des FNB, de l’avis des panélistes.
La transparence
Enfin, l’intention des autorités de réglemention favoriserait également par la bande l’adoption des FNB. En effet, les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) voudraient que le client connaisse, au dollar près, le montant de ses frais de gestion.
Poussés à la transparence par les régulateurs, les conseillers peuvent être tentés d’adopter la rémunération à honoraires. L’univers des FNB, qui cadre bien avec cette dernière, peut devenir une solution, selon Yves Rebetez.
Dans ce cas, le conseiller devrait, à son avis, adopter un rôle d’«éducateur» sensible à la tolérance au risque de ses clients, à son avis.
Des FCP aussi
Le fait qu’on adopte les FNB ne signifie pas pour autant qu’on boude les FCP.
Selon Guy Lalonde, un conseiller peut choisir des FNB pour bâtir le noyau du portefeuille du client, ce qui permettrait à ce dernier d’avoir une exposition aux marchés à faible coût.
Un conseiller pourrait aussi privilégier les FNB pour les catégories d’actifs dans lesquelles les portefeuillistes peinent à battre leur indice de référence.
Cependant, ce même conseiller pourrait privilégier la gestion active pour les catégories d’actif dont les marchés sont moins efficients, et dont certains gestionnaires peuvent dégager une valeur ajoutée nette de frais. Selon Guy Lalonde, cela pourrait être le cas notamment des titres de petites capitalisations, des titres liés à un secteur précis et des obligations de sociétés.
Le défi, poursuit-il, est d’avoir le temps et les outils nécessaires pour reconnaître et pour sélectionner le gestionnaire qui parviendra à bien se différencier du lot en matière de valeur nette des frais.