«Toutes ces fermetures sont principalement dues à un manque d’intérêt des investisseurs, explique John Gabriel, analyste de FNB pour Morningstar Canada. Dans le cas des FNB à effet de levier, on peut dire qu’il s’agissait de produits très spécialisés que les investisseurs n’utilisaient pas dans leurs portefeuilles.»
Le manufacturier iShares a aussi dû fermer deux FNB en 2012, dont l’un se spécialisait dans le gaz naturel, et l’autre dans les obligations inversées (inverse bond funds). Ces deux FNB étaient issus de la gamme de produits de Claymore, dont la maison mère d’iShares, Black-Rock, avait fait l’acquisition en 2012.
«La performance de ces deux fonds n’était pas celle à laquelle nous nous attendions, souligne Mary Anne Wiley, chef d’iShares au Canada. De plus, ces fonds ne cadraient pas avec la philosophie d’iShares ni avec sa gamme de produits existants. D’ailleurs, les chiffres nous donnaient raison, ce n’étaient pas des produits populaires.»
Portrait-robot
En 2013, la majorité des FNB fermés appartenaient à Horizons et étaient des produits à gestion active. Une fois de plus, ces FNB n’avaient pas réussi à attirer assez d’actif.
«Le secret d’un bon FNB à gestion active est d’offrir une meilleure performance ou un risque plus bas que les autres produits passifs qui ont déjà des frais beaucoup moins élevés. Dans le cas des produits fermés, la performance n’était pas au rendez-vous», indique John Gabriel.
Déterminer si un nouveau produit remportera du succès ou non est difficile, note Howard Atkinson, président d’Horizons Fonds négociés en Bourse : «Ce n’est pas une science exacte. Parfois, on lance un produit et on est certain qu’il aura seulement un peu de succès, et, quelques années plus tard, ça devient un FNB hyperpopulaire. C’est difficile à prédire».
D’ailleurs, ce n’est pas parce qu’un produit est très spécialisé qu’il passera sous le couperet du manufacturier. Par exemple, Horizons a laissé sur le marché ses produits à double effet de levier, comme l’illustre John Gabriel : «Les investisseurs actifs qui utilisent ce genre de produit étaient plus intéressés par le levier double et plus musclé, il n’y avait donc pas de demande de produits à levier simple.»
En septembre dernier, BMO a également dû annoncer la fermeture de quatre de ses FNB qui offraient une exposition aux secteurs de l’énergie, des denrées agricoles, des métaux de base et des métaux précieux. Pour Alain Desbiens, vice-président, Québec et Atlantique, FNB BMO chez BMO Gestion mondiale d’actifs, cette décision était la bonne.
«Ils étaient sur le marché depuis presque trois ans. Nous ne voyions pas beaucoup de ventes ni d’intérêt de la part des investisseurs, indique-t-il. C’étaient des produits qui n’étaient pas près de nos produits de base et les conditions macroéconomiques n’étaient pas favorables à ce type de FNB. Nous avons donc décidé de les fermer.»
Phénomène prévisible
Selon plusieurs observateurs du marché, on assisterait actuellement à une attrition naturelle de produits qui n’avaient tout simplement pas attiré assez d’actif pour être rentables. Loin de poser problème, ces fermetures seraient la suite logique des choses pour un marché qui demeure, somme toute, en progression.
«Le marché canadien des FNB a connu une croissance impressionnante, ce qui a attiré beaucoup de nouveaux acteurs au cours des dernières années, explique Michael Cooke, chef de la distribution chez PowerShares Canada. Toutefois, les marges de profits sont tellement faibles qu’il faut absolument atteindre un certain seuil d’actif sous gestion pour être profitable.»
John Gabriel refuse également de dire que ces fermetures de FNB sont inquiétantes : «Je ne dirais pas qu’il y a quelque chose d’alarmant dans le rythme récent de fermeture des FNB au Canada. C’est plutôt l’évolution naturelle d’une industrie qui a connu une croissance importante durant les dernières années.»
En collaboration avec Guillaume Poulin-Goyer