C’est qu’avec des pondérations de 26,4 % en énergie et de 21,5 % en matériaux de base, l’indice S&P/TSX petite capitalisation est encore plus tributaire de ces deux secteurs que l’indice composé S&P/TSX.
Même après une remontée de 8 % au 3e trimestre de 2013, l’indice S&P/TSX petite capitalisation n’affichait qu’un rendement de 2,9 % pour la période de 12 mois se terminant le 31 octobre dernier, en raison du rendement négatif du secteur des matériaux.
Par contre, l’indice de sociétés de petite capitalisation américaines Russell 2000 affichait une progression de 42,2 % pour la même période.
«Excluant le secteur des matériaux de base, les petites capitalisations ont enregistré d’excellentes performances, notamment dans les secteurs des technologies de l’information, de la consommation discrétionnaire, de l’industrie et des services financiers», note Richard J. Fortin, cogestionnaire du Fonds de sociétés à microcapitalisation Franklin Bissett.
Ce fonds affichait un rendement de 37,6 % pour la période d’un an se terminant le 31 octobre.
«Il n’est pas raisonnable d’utiliser ce résultat comme indicateur du rendement futur», prévient Richard Fortin.
Le fonds a dégagé un rendement annuel composé de 15,6 % depuis sa création en novembre 2000 jusqu’au 31 octobre 2013.
Volatilité moindre
Richard Fortin soutient que le fonds se spécialise dans les titres dont la capitalisation boursière ne dépasse pas actuellement 350 M$. Il doit détenir 70 % de titres correspondant à cette définition.
«Les microcapitalisations tendent à être moins suivies. Nous ne spéculons pas sur des titres aurifères. Nous nous concentrons sur un sous-ensemble de 200 entreprises de meilleure qualité qui, en dépit de leur taille, sont bien gérées et rentables, avec un risque relativement inférieur à celui de l’ensemble des titres de petite capitalisation», précise-t-il.
«C’est pourquoi notre fonds a une volatilité inférieure aux petites capitalisations dans leur ensemble, avec un bêta de 0,64 pour la période de quatre ans terminée le 30 septembre dernier», ajoute-t-il. Rappelons qu’un bêta de 1 équivaut à la volatilité du marché de référence.
Richard Fortin concède qu’il lui est plus difficile de trouver des titres attrayants après leur dernière poussée. C’est pourquoi l’encaisse du fonds s’élève à 7 %.
«Une autre raison de ce niveau élevé est que 20 titres que nous détenions ont fait l’objet d’acquisitions au cours des cinq dernières années», souligne-t-il.
Il se dit certain que les titres de son portefeuille continuent à se négocier à des cours suffisamment inférieurs à l’évaluation qu’il leur accole grâce à ses modèles d’actualisation des flux de trésorerie pour justifier leur détention.
Parmi les titres en portefeuille, Richard Fortin mentionne Akita Drilling, spécialisée dans le forage de plusieurs puits à partir du même emplacement de surface (pad drilling), un segment en expansion rapide dans l’Ouest canadien. Cette société est attrayante sur le plan de la rentabilité.
Difficile à trouver
«Il est de plus en plus difficile de trouver des aubaines dans le marché actuel, comme le démontre notre niveau d’encaisse de 7,3 %. Et ce niveau pourrait continuer d’augmenter tant que des occasions attrayantes ne se présenteront pas», admet Hugo Lavallée, gestionnaire du Fonds Fidelity Potentiel Canada.
Se définissant comme un investisseur de style «valeur», Hugo Lavallée refuse en général de payer un titre dont le ratio cours/bénéfice est supérieur à 14. Il préfère acheter un titre à un maximum de 12 fois les bénéfices. Or, il ne trouve actuellement rien dans ces eaux-là.
Cette rareté d’occasions ne signifie pas pour autant que le marché va s’écraser de 20 %. Il se peut même que le marché continue de grimper de 10, 15, voire 20 %, d’après Hugo Lavallée. «En général, toutes les belles entreprises sont coûteuses, sauf dans les secteurs cycliques et des matières premières, où les titres sont plutôt à des creux pluriannuels. Mais qui veut acheter ces titres ?» affirme-t-il.
«Ce n’est pas parce qu’ils ont baissé qu’ils sont bon marché, poursuit-il. D’ailleurs, leur baisse n’est peut-être pas terminée. La croissance de la Chine et celle de l’Inde, qui ont soutenu celle du Canada entre 2000 et 2011, ralentissent», poursuit-il.
Le portefeuille du gestionnaire de Fidelity est surpondéré dans le secteur des titres de consommation de base et des technologies de l’information.
Hugo Lavallée juge que ce sont de bonnes entreprises qui ne demandent pas trop de capital et que leurs revenus récurrents leur permettent de dégager des flux de trésorerie excédentaires.
Il conservera les actions de Loblaws qu’il recevra en échange de celles de Shoppers Drugmart à la suite de l’acquisition de cette dernière.
«Le titre de Loblaws est un peu cher, et il y a des risques liés à l’intégration. Mais le secteur est peu cyclique et il y a des possibilités de réduction des coûts et d’augmentation des revenus résultant de la grande synergie entre ces entreprises. C’est le genre d’entreprise que je cherche en ce moment», précise-t-il.
Parmi les titres des technologies de l’information, il favorise des entreprises de logiciels qui ne sont pas dépendantes de l’économie canadienne et qui ne sont pas trop cycliques, notamment Open Text, Enghouse, CGI et Constellation Software.
Tourné vers l’Europe
Il est encore possible de trouver des occasions uniques au Canada dans les secteurs de la consommation, de l’énergie, des industriels, voire dans le secteur de la technologie, selon Greg Dean, cogestionnaire de portefeuille du Fonds de sociétés de croissance canadiennes Cambridge, lancé en février 2011.
«Nous détenons encore le titre de Sylogist, que nous avons acheté à 2 $ il y a environ deux ans et qui vaut 7,20 $ aujourd’hui. Et pourtant, il n’y a toujours pas d’analyste qui le couvre», s’étonne-t-il.
La pondération en actions de sociétés canadiennes dans le fonds Cambridge était de 62 % au 31 octobre dernier.
Par contre, celle des titres américains est passée de 19,1 % du portefeuille au 31 mars dernier à 12 % au 31 octobre.
«Avec l’indice S&P 500 à plus de 1 700, nous ne trouvons plus autant de titres offrant un profil risque-rendement attrayant qu’il y a neuf mois. Ceux qui se ruent sur le marché américain aujourd’hui courent après la performance historique», mentionne-t-il.
«Les meilleures occasions sont à l’extérieur de l’Amérique du Nord, plus spécifiquement en Europe de l’Ouest, où nos efforts de recherche sont concentrés», relate-t-il.
La bonne performance boursière des secteurs autres que celui des ressources en 2013 s’explique par une hausse des ratios d’évaluation accordés aux titres plutôt que par une amélioration de leurs composantes fondamentales.
Or, une évaluation plus élevée n’est pas une source durable de rendement pour les détenteurs d’actions, selon Greg Dean.
«Nous achetons lorsqu’un titre se négocie à 10 fois les flux de trésorerie et que ces flux croissent de 20 %, de sorte que l’année suivante, il se négocie à 8,3 fois les flux.»
Risques
Greg Dean reconnaît qu’un des plus grands risques pour son portefeuille est une hausse des taux d’intérêt. Il pense qu’elle surviendra, mais il ne sait pas quand.
Il a donc éliminé du portefeuille les titres qui ont bénéficié d’une expansion de leurs ratios financiers uniquement en raison de la baisse des taux sur les obligations. Le gestionnaire de portefeuille conserve seulement ceux qui, selon lui, performeront mieux que ce qu’on anticipe dans un environnement de taux à la hausse.
«Le portefeuille est positionné de manière flexible en sélectionnant des entreprises qui génèrent de bons flux de trésorerie, dont les bilans s’améliorent et qui peuvent fournir d’importantes liquidités aux actionnaires sous forme de rachat d’actions, de dividendes ou de fusions et acquisitions», souligne Greg Dean.
Le secteur de la consommation de base a toujours représenté de 15 à 20 % du fonds depuis sa création, alors qu’il ne compte que pour 3,5 % de l’indice composé S&P/TSX.
Le fonds de Greg Dean affiche un rendement de 40,8 % et de 38,3 %, respectivement, pour les années terminées le 31 octobre 2012 et le 31 octobre 2013.
Ce fonds sera fermé lorsque son actif sous gestion atteindra 600 M$. Il était de 440 M$ au 31 octobre dernier.