Grâce à des rendements annuels composés de 13,8 % et 13,6 %, respectivement, pour les périodes de trois et cinq ans terminées le 30 septembre dernier, le fonds s’est classé au premier rang des fonds internationaux, selon la base de données PALTrak de Morningstar.
Même chose pour sa performance de 40,2 % sur un an. Il affiche également le meilleur profil risque-rendement sur cinq ans, tel que mesuré par le ratio de Sharpe.
Le fonds a d’ailleurs été lauréat du titre Meilleur fonds d’actions internationales décerné lors des Prix Morningstar 2013, en novembre dernier.
«La poussée des titres européens et japonais a été forte au cours des 12 derniers mois, ce qui explique la performance de notre fonds. Des sociétés qui ont fait l’objet d’acquisitions ont aussi fait mousser notre rendement», explique Richard Jenkins.
«La question est maintenant de savoir où investir. Les secteurs qui ont récemment affiché une contre-performance sont ceux qui avaient connu une forte poussée entre 2000 et 2008 : les marchés émergents, de même que les pays et les secteurs axés sur les matières premières. Nous consacrons une partie de notre temps à examiner ces situations», poursuit-il.
Dominants
La stratégie de Black Creek est de se concentrer sur les entreprises qui détiennent presque toutes la première ou la deuxième part de marché la plus importante dans leur domaine d’activité.
«Cette domination permet de générer des profits suffisants pour permettre à l’entreprise de survivre à une crise alors que d’autres disparaissent. Son action peut baisser durant une crise, mais nous voulons tirer parti de cette baisse pour en acheter davantage», dit-il.
«Nous suivons l’évolution de cette part de marché : si elle diminue, nous ne nous intéressons plus à cette entreprise», tranche Richard Jenkins, pour qui un ralentissement économique, voire une récession, permet de discerner les entreprises bien gérées.
Ce sont celles qui embauchent, font de la recherche et du développement et des dépenses en immobilisations pour sortir de la récession plus forte.
Il cite l’exemple du titre d’Aramex, qu’il qualifie de FedEx du Moyen-Orient et d’Afrique. «Même si la région est en plein bouleversement, la direction continue d’investir pour assurer la croissance et l’entreprise est en train de devenir le plus important réseau de livraison d’Afrique», souligne-t-il.
Pour déterminer la valeur intrinsèque d’un titre, le gestionnaire utilise la méthode d’actualisation des flux de trésorerie projetés sur un horizon de dix ans. Les flux projetés incorporent un scénario de récession durant cette période. Si le cours actuel est inférieur à sa valeur, ce titre est jugé attrayant.
Stratégie ascendante
Or, même si la stratégie de Black Creek est ascendante, cette recherche de chefs de file à des prix attrayants tend à orienter la sélection vers des industries ou des régions qui ont connu une mauvaise performance, dans l’espoir d’un redressement éventuel dans cinq ou dix ans.
Cela a notamment été le cas en Europe il y a trois ans, quand les actions de plusieurs sociétés dans la mire de l’équipe de Black Creek étaient en baisse en raison de la crise de la dette souveraine, permettant ainsi de les acquérir à bon prix.
Les actions japonaises aussi étaient bon marché à cette même époque.
Cela dit, la pondération du portefeuille en Europe reste à 48 %, à quoi s’ajoute celle du Royaume-Uni, qui oscille autour de 11 %.
En Europe, Richard Jenkins a diminué ses positions dans certains titres, notamment Randstad Holding, qui a doublé sa valeur en un an, pour en acheter d’autres comme Christian Dior, qui sont plus liés aux marchés émergents, où un ralentissement est en cours. À long terme, il ne pense pas que la croissance des marchés émergents est terminée.
Asie
Richard Jenkins a aussi vendu des titres japonais, de sorte que la pondération en titres japonais est passée de 12 % il y a deux ans à 8 % récemment. «Nous n’avons pas trouvé un titre japonais à ajouter en deux ans», confie-t-il.
C’est surtout l’exposition à la Chine qui a été augmentée. Le marché boursier chinois connaît une mauvaise performance depuis son sommet d’octobre 2007. Les nouvelles parlent de surcapacité de production et de bulle immobilière, mais le fonds n’est pas exposé à ces problèmes.
Richard Jenkins a plutôt pris des positions dans les soins de santé, comme WuXi Pharmatech, de même que dans un pipeline de gaz naturel, Kunlun Energy Company.
«C’est le plus important pipeline de gaz naturel en Chine, qui connecte l’ouest de la Chine à Pékin. L’utilisation du gaz naturel augmentera pour réduire la pollution causée par le charbon. Les volumes de gaz devraient continuer d’augmenter en Chine», prévoit-il.
Les biens de consommation cycliques comptent pour près de 31 % du portefeuille, parce qu’ils ont été les plus durement frappés il y a deux ans.
À l’opposé, les services financiers ne comptent que pour 8,5 %, et le fonds qui détenait trois banques il y a quelques mois n’en détient plus qu’une, à la suite de leur forte progression en Bourse.
La pondération en énergie est de 13,6 %, soit près du double de celle de l’indice de référence.
«Le secteur a été durement malmené au cours des quatre dernières années. Mais attention, là comme ailleurs, il faut trouver des entreprises qui peuvent croître», prévient Richard Jenkins.