L’indice MSCI EAEO n’affichait qu’un rendement de 3,67 % (en dollars américains) pour les six premiers mois de l’année, par rapport à 19,42 % pour toute l’année 2013.
La baisse du dollar canadien a gonflé ces rendements à 3,79 % et à 27,58 %, respectivement.
Rajesh Gandhi, cogestionnaire du Fonds d’actions internationales CIBC, attribue le ralentissement marqué de la progression des marchés en Europe au 1er semestre de 2014 au bras de fer entre investisseurs sur la trajectoire de la croissance des bénéfices.
De plus, le recul de 2,81 % de l’indice MSCI Japon (en dollars américains) au cours des six premiers mois de 2014 s’expliquerait plutôt par la mise en place d’une taxe à la consommation, de même que par la difficulté d’effectuer les changements structurels promis par le gouvernement de Shinzo Abe, comme la réforme des lois du travail, de l’immigration et de l’agriculture.
«Le débat tourne autour de la croissance à moyen et long terme des bénéfices, tant en Europe qu’au Japon. Le conflit ukrainien n’est pas un facteur déterminant dans ce contexte. Nous nous situons dans le camp de ceux qui croient que la croissance va s’accélérer. C’est pourquoi notre portefeuille a un biais cyclique», précise-t-il.
Embellies des données fondamentales
L’approche de Rajesh Gandhi est axée sur la sélection de titres dont l’amélioration des données fondamentales se traduit par des revenus et des bénéfices en croissance.
«Or, nous observons cette amélioration des données fondamentales en Europe dans les secteurs sensibles à l’économie, comme les banques, les industrielles, les titres de technologies et les titres de consommation discrétionnaire. C’est pourquoi nous surpondérons ces secteurs de même que nous surpondérons l’Europe dans le portefeuille, où les données fondamentales s’améliorent plus rapidement qu’au Japon», explique Rajesh Gandhi.
Le portefeuilliste souligne que même si pour l’instant, la croissance des prêts des banques est toujours négative, les coûts liés à leurs mauvaises créances sont en recul en Italie, en Espagne ou en Irlande, ce qui montre que ces économies sont en voie de guérison.
Le titre de Lloyds Banking Group est un des titres principaux du fonds. «Ses prêts sont en croissance, les coûts liés à ses mauvaises créances ont considérablement diminué au cours des deux dernières années. Ces variables nous donnent en même temps une opinion positive de l’économie du Royaume-Uni», illustre-t-il.
Le secteur automobile montre aussi des signes de redressement. Ainsi, les résultats européens de l’équipementier français Valeo et du fabricant de pneus allemand Continental AG commencent à s’améliorer, avec un carnet de commandes et des revenus en hausse, même dans des pays comme l’Espagne ou l’Italie, où la situation se stabilise.
Il note aussi d’autres signes de reprise dans le secteur des voyages. «Nous détenons deux sociétés aériennes européennes, et elles rapportent une hausse du nombre de passagers d’affaires et de tourisme. Une hausse du nombre de voyages d’affaires est un bon indicateur de l’amélioration de l’activité économique», estime-t-il.
Il reconnaît que les sociétés européennes en portefeuille, comme la pharmaceutique Roche ou le conglomérat industriel Siemens, sont de grandes capitalisations d’envergure mondiale. «Cependant, c’est en raison de l’amélioration de leurs activités européennes que nous les détenons», soutient-il.
Inférieur à 10 %
«Compte tenu de leur performance forte, nous pensons que les rendements annualisés des actions au cours des 5 à 10 prochaines années pourraient s’établir entre 5 et 9 %. Nous ne devons plus nous attendre à des rendements supérieurs à 10 % à l’avenir», dit Richard Jenkins, gestionnaire du Fonds d’actions internationales Black Creek CI.
Ce gestionnaire de porte-feuille continue de préférer les actions aux obligations à long terme et aux liquidités, mais demeure vigilant.
«C’est la troisième fois dans ma carrière de 25 ans qu’il est extrêmement difficile de trouver de nouvelles occasions de placement, tant sur le plan du prix à payer que de la croissance espérée», soutient-il.
«Nous avons tout de même réussi à acheter quatre nouveaux titres en 2013 après nous être départis de titres qui ont bien performé. Nous aimons encore nos titres en portefeuille, mais nous n’en espérons plus les rendements des cinq dernières années», ajoute-t-il.
Richard Jenkins admet que les actions peuvent continuer à croître à un rythme annualisé de 10 % ou plus au cours des deux prochaines années, mais si c’était le cas, il deviendrait encore plus prudent.
Prévoir une récession
C’est qu’une récession se produit normalement tous les sept à huit ans, et que la dernière a débuté au quatrième trimestre de 2008. Puisque les actions chuteront comme d’habitude lors de la prochaine récession, sa prédiction d’un rendement annualisé oscillant entre 5 et 9 % sur cinq à dix ans incorpore donc cette baisse appréhendée.
Richard Jenkins constate que les marges bénéficiaires des sociétés sont déjà très élevées et qu’il y a peu de gains à espérer de la possibilité qu’elles puissent l’être encore plus. «La majeure partie du rendement doit donc venir de la croissance. Or, avec une croissance économique de 3 %, auquel vous ajoutez un rendement de dividende de 3 %, vous obtenez un rendement annuel de 6 %, si vous ne vous attendez pas, comme nous, à ce que les multiples auxquels se négocient les titres augmentent ou que les marges bénéficiaires ne s’élargissent davantage pour faire mousser ces 6 %», dit-il.
Richard Jenkins croit qu’il n’y aura probablement pas de récession en Europe au cours des deux ou trois prochaines années, puisque celle-ci vient à peine d’en sortir.
Par contre, il pourrait y avoir des problèmes majeurs en Asie, où la croissance débridée des 14 dernières années axée sur les exportations montre des signes de ratés.
«Mon récent voyage dans la région m’a permis de constater le surinvestissement, tant de la part des entreprises que des gouvernements, dans des infrastructures, notamment dans le secteur manufacturier et dans l’immobilier, ce qui est habituellement précurseur de problèmes. Ces infrastructures ont été construites en pensant que la croissance se poursuivrait au même rythme que par le passé. Or, dans le cas du secteur manufacturier, les exportations vers l’Europe et l’Amérique ne croissent plus assez rapidement et il y a une capacité excédentaire de production», rapporte-t-il.
Cours raisonnable
Les actions européennes sont désormais «raisonnablement évaluées», mais elles sont loin d’être surévaluées et peuvent continuer de s’apprécier, selon Peter Moeschter, gestionnaire principal du Fonds de marchés développés EAFE Templeton depuis février 2011.
Les interventions de la Banque centrale européenne pour affermir l’euro de même que l’assainissement des bilans des entreprises ont fortement contribué au rattrapage boursier de 2012-2013, selon lui.
«Cependant, le marché prend une pause depuis le début de l’année, attendant que la croissance des bénéfices s’installe, et il est possible que cela prenne quelques trimestres. Nous ciblons des entreprises qui afficheront finalement cette croissance», précise-t-il.
L’approche ascendante des portefeuillistes de Placements Franklin Templeton est fondée sur un modèle d’évaluation de titres qui incorpore des prévisions sur cinq ans pour dégager les bénéfices «normalisés» sur un cycle d’une société et donc pour évaluer son ratio cours/bénéfices (C/B) sur ces bénéfices plutôt que sur ceux des 12 prochains mois.
La pondération de près de 25 % du fonds Templeton dans le secteur des titres financiers est semblable à celle de l’indice MSCI EAEO.
«Tous les trente ans en Europe, il se présente une occasion d’acheter un secteur très déprimé. Il y a trois ans, nous achetions certains de ces titres à moins de la moitié de leur valeur comptable, même si on exclut les actifs incorporels, comme l’achalandage. Les investisseurs pensaient que les actifs en obligations de ces banques avaient moins de valeur que nous le pensions. Nous n’achetons plus ces titres à leur cours actuel, qui reflète désormais leur juste valeur (fair value), mais nous les conservons en attendant qu’ils affichent des progrès au chapitre de leurs bénéfices d’exploitation», relate Peter Moeschter.
Peter Moeschter continue de trouver des titres attrayants dans le secteur industriel, dont la pondération est de 17,1 % du fonds, par rapport à 12,8 % dans l’indice MSCI EAEO.
Toutefois, il n’en a plus parmi les titres de consommation de base : «Nous prévoyons une faible croissance pour ces sociétés et leur ratio C/B est beaucoup trop élevé en regard de cette croissance. C’est pourquoi ils ne comptent que pour 3,6 % du fonds, par rapport à 11,2 % de l’indice MSCI EAEO».
De plus, Peter Moeschter trouve peu de titres attrayants au Japon, qui ne compte que pour 7,94 % du fonds, par rapport à 19,56 % dans l’indice MSCI EAEO. Il en trouve cependant dans le secteur automobile, où il a récemment ajouté le titre de Nissan. Il a aussi acheté des actions de Suntory Beverage & Food, inscrite en Bourse à Tokyo en juillet 2013.
«Elle occupe la deuxième position derrière Coke, dont elle prend des parts de marché. Elle est aussi présente ailleurs en Asie, notamment en Thaïlande, en Indonésie et au Vietnam. Templeton a été l’un des plus importants souscripteurs lors de l’OPA», souligne-t-il.
Les titres européens comptent actuellement pour plus des trois quarts du fonds Templeton alors que les titres asiatiques en comptent pour 15 % et les titres australiens pour seulement 2 %.
«Ni les banques, ni les titres de ressources n’y sont vraiment bon marché. Nous détenons une participation dans la société aérienne Qantas et dans le sidérurgiste BlueScope Steel», résume Peter Moeschter.