Finance et Investissement (FI) : Qu’est-ce que l’arrivée des conseillers en épargne collective sur le marché des FNB risque de changer ?
Rajiv Silgardo (RS) : Jusqu’à maintenant, les conseillers en épargne collective se sont concentrés sur les fonds communs, mais je ne vois pas d’inconvénient à ce qu’ils vendent aussi des FNB. Le seul problème, c’est qu’il est difficile pour eux d’avoir accès au marché d’un point de vue opérationnel. C’est un problème pour lequel l’industrie devra trouver une solution.
L’autre aspect important est l’éducation. Les conseillers en placement utilisent les FNB depuis près de 15 ans. Nous leur avons donné beaucoup de formation pour qu’ils sachent bien utiliser les FNB. Les conseillers en épargne collective devraient suivre le même genre de formation. Cela prendra du temps, mais une fois la mise à niveau terminée, je crois que l’arrivée des conseillers en épargne collective aura un effet très important sur le marché des FNB.
FI : Est-ce que cela changera l’offre des produits négociés en Bourse ? Par exemple, est-ce que ce sera la fin des fonds communs de FNB ?
RS : Lorsqu’un nouveau segment de marché s’ouvre, l’industrie fait toujours preuve de créativité en matière de produits. Aura-t-on toujours besoin de fonds communs de FNB ? Je crois que oui. Un conseiller en épargne collective qui a toujours utilisé uniquement des fonds communs gérés activement pourrait vouloir utiliser ce type d’instrument pour investir dans des FNB. Il commencera à expérimenter avec des fonds communs de FNB pour construire des portefeuilles pour ses clients.
FI : Qu’arrivera-t-il à la façon dont les FNB rémunèrent les conseillers qui les distribuent ? Pourrait-on voir des commissions de suivi dans les FNB afin d’attirer les conseillers en épargne collective ?
RS : Actuellement, la majorité des FNB ne paient pas les conseillers qui les distribuent [puisque ceux-ci sont rémunérés à honoraires]. À cause de tous les changements dans la réglementation, comme la deuxième phase du Modèle de relation client-conseiller (MRCC 2), il y aura des changements dans la façon dont les conseillers sont payés. Je crois que le régulateur va provoquer des changements, tout comme le fait que les investisseurs sont plus «sophistiqués». En somme, je ne crois pas que l’arrivée des conseillers en épargne collective sur le marché des FNB aura plus d’influence que ces deux facteurs.
FI : Comment pensez-vous que le marché canadien des FNB évoluera au cours des trois à cinq prochaines années ?
RS : Les marchés canadien, américain et européen des FNB ont tous la même structure. Il y a deux ou trois acteurs importants et de nombreux acteurs de petite ou de moyenne taille. Les plus grands acteurs ont eu l’avantage d’être les premiers arrivés sur le marché, ce qui leur a permis de conquérir une grande part du marché. Quant aux petits acteurs, ils ont pris leur place en offrant des produits spécialisés. Je ne crois pas que cette structure de marché changera d’ici trois à cinq ans.
FI : Quelles stratégies conseillez-vous aux épargnants dans un contexte où les taux sont appelés à monter ?
RS : Si les taux d’intérêt montent, la meilleure stratégie est d’investir dans un portefeuille qui a une très courte duration, ou encore, dans un portefeuille où les rendements augmenteront sans perte du capital. C’est exactement ce que fait un fonds à taux variable. Ces stratégies continuent d’être très populaires.
FI : Et que conseillez-vous de faire pour les clients retraités qui ont quand même besoin de placements qui généreront du revenu ?
RS : Dans les marchés des capitaux, les occasions d’investissement changent sans cesse. En tant que gestionnaire d’actif, notre travail est de comprendre que les besoins des clients ne changent pas tant que ça. Si le client a besoin de 100 $ par mois pour vivre, il aura toujours besoin de cette somme, même si les taux d’intérêt baissent.
Notre mission est de bâtir un portefeuille qui générera ces 100 $ sans exposer les clients à des risques indus. Nous avons donc décidé de bâtir des FNB et des fonds communs qui produisent du revenu grâce à des actions à haut rendement, des options d’achat couvertes ou des actions à dividendes. Ce sont toutes des stratégies qui prouvent que le revenu fixe n’est pas la seule source de revenus possible.