
De nombreux Canadiens prennent seuls les décisions financières importantes, ou du moins sans l’aide d’un conseiller en services financiers, révèle une nouvelle étude de la firme Léger.
Intitulée La boussole financière : le grand transfert de richesse d’un billion de dollars, cette étude s’appuie sur un sondage en ligne réalisé en juillet auprès de plus de 5 000 Canadiens.
L’enquête révèle que seuls 27 % des Canadiens qui envisagent de faire un don consulteraient un conseiller financier en cas de gain inattendu. Un répondant sur cinq affirme qu’il ne demanderait conseil à personne. Près de la moitié (48 %) disent ne pas avoir de conseiller, et 42 % reconnaissent ne pas disposer de stratégie financière.
Alors pourquoi les conseillers sont-ils écartés du processus décisionnel, et vers qui ces Canadiens se tournent-ils pour obtenir des conseils ?
« Lorsque nous examinons vers qui les Canadiens se tournent pour obtenir des informations, on constate que les conseillers ne figurent tout simplement pas parmi leurs premiers réflexes », rapporte Susan Sanei-Stamp, vice-présidente principale de l’équipe du secteur des services financiers, en entrevue avec Investment Executive.
Au lieu de cela, de nombreux Canadiens recherchent des informations en ligne ou se tournent vers leurs amis et leur famille pour connaître leur avis sur ce qu’ils devraient faire de leur héritage.
Cette tendance a des implications tant pour les finances des Canadiens que pour les listes de clients des conseillers dans le contexte du grand transfert de richesse en cours. Ce transfert a déjà vu des centaines de milliards de dollars changer de mains, et 120 à 150 milliards de dollars supplémentaires devraient être transférés au cours des deux prochaines années.
Près de la moitié des personnes interrogées (45 %) ont déclaré avoir déjà reçu des actifs, et un tiers des jeunes Canadiens interrogés, la génération Z et la génération Y, s’attendent à recevoir un héritage.
Alors que de nombreux conseillers et sociétés de gestion de patrimoine recherchent des clients fortunés, les jeunes Canadiens qui sont encore en train de se constituer un patrimoine pourraient, à terme, constituer un atout précieux pour leur clientèle, souligne Susan Sanei-Stamp.
« Établir ces relations plus tôt serait bénéfique pour les deux parties, affirme-t-elle. Ne sommes-nous pas en train de passer à côté de l’opportunité d’établir ces relations plus tôt, afin que lorsque [les jeunes Canadiens] possèderont ce patrimoine plus élevé… la confiance soit déjà [établie] ? »
Parmi tous les répondants, les Canadiens qui s’attendent à laisser un héritage (61 %) sont plus nombreux que ceux qui s’attendent à en recevoir un (35 %). Il se pourrait donc que bon nombre de ces derniers ne soient pas prêts à gérer la fortune qui leur reviendra.
« Nous nous intéressons donc à un groupe de Canadiens qui pourraient hériter d’une fortune sans le savoir, ce qui limite leur capacité à planifier en conséquence », prévient Susan Sanei-Stamp.
En outre, l’étude montre que les conseillers risquent surtout de perdre des clients dans la catégorie des personnes fortunées, définie comme celles qui possèdent jusqu’à 500 000 $ d’actifs, sans compter leur résidence principale. Bon nombre de ces clients ont déjà reçu un héritage et s’attendent à en recevoir un autre, ou ont déjà reçu un héritage et s’attendent à en léguer un. Plus de la moitié (60 %) de ce groupe ont des conseillers, a confirmé Leger dans un courriel, mais ce sont aussi les clients qui ont les revenus les plus élevés.
Des conseils axés sur les valeurs
Même si de nombreux répondants n’ont pars l’intention de solliciter des conseils professionnels, l’étude suggère qu’ils ont tout de même une opinion sur le type de conseils qu’ils préfèrent.
Les Canadiens recherchent une relation significative avec la personne qui les conseille, préférant quelqu’un qui prend le temps de comprendre leurs valeurs plutôt qu’une relation transactionnelle, rapporte Susan Sanei-Stamp.
La grande majorité (80 %) des répondants affirment que les conseils qu’ils reçoivent doivent tenir compte de leurs valeurs, ce résultat étant encore plus élevé chez ceux qui prévoient laisser un héritage et ceux qui s’attendent à en recevoir un. Plus de la moitié (55 %) des personnes interrogées estime important d’investir dans des entreprises socialement responsables.
Il reste une lueur d’espoir pour les conseillers : si les Canadiens consultent volontiers Internet pour s’informer, plus de la moitié (53 %) préfèrent néanmoins prendre leurs décisions en personne. Par ailleurs, seuls 28 % des répondants se disent enclins à utiliser des conseils financiers générés par l’intelligence artificielle ; un signe clair que les conseils humains conservent leur pertinence.
Pour les Canadiens qui donnent ou héritent d’une fortune, les relations avec les professionnels sont particulièrement importantes, observe Susan Sanei-Stamp.
« Ce sont des moments très personnels et significatifs, souligne-t-elle. La taille et la nature de l’héritage peuvent varier. Mais dans l’ensemble, [la transaction est] très personnelle, très significative [et] liée à un héritage d’amour et de gentillesse. »
L’étude est basée sur un sondage en ligne mené auprès de 5 016 Canadiens adultes entre le 7 et le 20 juillet. Aucune marge d’erreur d’échantillonnage ne peut être calculée pour les sondages en ligne, mais le sondage a été pondéré en fonction de l’âge, du sexe et de la région afin d’assurer une représentation plus précise.