
Les investisseurs sont attirés par les nouveaux fonds d’investissement qui publient régulièrement la composition de leur portefeuille, ainsi que ceux gérés par des professionnels titulaires du titre CFA (Chartered Financial Analyst) ou par des femmes, selon une étude mondiale de Morningstar. Ces préférences ne sont pas anodines : elles s’alignent souvent avec de meilleures performances.
L’étude a analysé 57 512 fonds figurant dans la base de données internationale de Morningstar, tous ayant moins de 12 mois d’existence. La période d’échantillonnage s’étendait de janvier 2005 à mars 2013. Lee Davidson, responsable de la recherche quantitative, Madison Sargis, analyste quantitative, et Timothy Strauts, analyste senior, ont rédigé le rapport.
L’étude a exploré la relation entre les préférences observées des investisseurs pour les fonds nouvellement lancés et les résultats finaux obtenus par ces derniers, en examinant les flux cumulés sur 36 mois et les rendements cumulés ajustés au risque sur 36 mois.
Les chercheurs de Morningstar ont toutefois noté que la plupart des flux de fonds « ne sont pas dus aux actions des investisseurs particuliers, mais sont le résultat d’une interaction complexe entre un conseiller, une institution et une plateforme ».
« Ce sont les types de fonds nouvellement lancés qui ont le mieux réussi à naviguer dans le réseau des canaux de distribution et qui ont le plus séduit les conseillers », observent les chercheurs dans leur rapport.
La divulgation stimule les flux
L’une des principales conclusions de l’étude est que la divulgation des titres en portefeuille génère des flux plus importants et est corrélée à des rendements futurs plus élevés.
Les investisseurs accordent une grande importance au fait qu’un fonds communique des informations sur ses participations au cours de la première année suivant son lancement et apprécient particulièrement les mises à jour fréquentes, indique le rapport.
Toutefois, les chercheurs précisent qu’ils ne pensent pas que la relation entre la divulgation du portefeuille et des rendements ajustés au risque plus élevés soit causale.
« Nous pensons plutôt que les causes sous-jacentes de la divulgation fréquente et des rendements plus élevés pourraient être communes : une stratégie de meilleure qualité, une plus grande confiance des gestionnaires, une gestion rigoureuse de l’entreprise et un processus d’investissement solide », analysent les auteurs.
L’étude a également révélé que les nouveaux fonds gérés par des titulaires du titre de CFA obtiennent de meilleurs résultats et attirent davantage les investisseurs.
D’autres titres indiquant un niveau d’études supérieur, tels que les titres de Certified Financial Planner ou de Chartered Alternative Investment Analyst, sont également susceptibles de trouver un écho favorable auprès des investisseurs, selon le rapport.
« Les investisseurs ont une connaissance imparfaite des capacités d’un gestionnaire, ils sont donc susceptibles d’utiliser le titre de CFA comme indicateur de compétence et de niveau d’études », indique-t-il.
Les femmes surperforment
L’étude souligne également que les gestionnaires de portefeuille féminines attirent davantage d’actifs, avec des flux de fonds plus importants dans les catégories actions et obligations.
Les chercheurs estiment que cela peut s’expliquer par le fait que peu de femmes progressent dans le secteur de la gestion de fonds, probablement en raison des obstacles importants auxquels elles sont confrontées, et que, par conséquent, celles qui deviennent gestionnaires de portefeuille devraient obtenir des performances supérieures à la moyenne des gestionnaires de portefeuille masculins.
« Notre raisonnement implique qu’une gestionnaire de portefeuille est synonyme pour un investisseur de compétences de gestion supérieures, ce qui se traduit par une association positive entre les flux et le genre », écrivent-ils.
Dans le même temps, les chercheurs rappellent que le sexe n’était pas un indicateur approprié des compétences.
« Un gestionnaire de portefeuille n’est pas intrinsèquement meilleur dans la gestion d’un fonds en raison de son sexe, quels que soient les obstacles rencontrés dans son évolution de carrière. Nous ne sommes donc pas surpris de constater des résultats peu concluants », peut-on lire dans le rapport.
L’étude révèle également que les investisseurs ont tendance à se tourner vers les fonds détenus par leurs gestionnaires de portefeuille. Ces fonds ont également tendance à obtenir de meilleurs résultats.
L’étude n’a pas fait de distinction entre les niveaux auxquels les gestionnaires de portefeuille détenaient leurs propres fonds, mais a noté si un seul gestionnaire avait investi au moins 1 $ dans le fonds.
« En l’absence d’informations historiques sur les décisions prises par un gestionnaire, les investisseurs utilisent les participations financières des gestionnaires dans les nouveaux fonds comme indicateur de leur gestion, indique le rapport. Cette décision s’est avérée significative et positive en termes de rendements futurs plus élevés. »
Parmi les autres conclusions clés de l’étude, on peut citer le fait :
- que des frais élevés nuisent aux flux de nouveaux fonds et aux rendements futurs ajustés au risque,
- que les gestionnaires d’actifs détenant une part de marché importante sont avantagés lors du lancement de nouveaux fonds
- et que le lancement de fonds en période de tension économique a tendance à avoir un effet positif sur les performances futures.
Les chercheurs ont relevé plusieurs limites dans le rapport, mais ont souligné qu’aucune étude d’une telle envergure sur l’essor et le déclin des nouveaux fonds n’avait été menée auparavant.
« À notre connaissance, aucun ensemble de données plus vaste n’a jamais été constitué pour aborder cette question. En effet, cette étude est peut-être la première du genre », disent-ils dans le rapport.