Claire Van Wyk-Allan, photo gracieuseté

Depuis longtemps prisés et popularisés par le modèle « Maple » dans le domaine institutionnel, les placements alternatifs coulent aussi de plus en plus de source dans l’univers de la gestion de patrimoine au Canada en raison des périodes de volatilité des marchés auxquelles font face les investisseurs.

En effet, selon Claire Van Wyk-Allan, directrice générale, analyste agréée en placements non traditionnels, responsable du Canada et de l’engagement des investisseurs pour les Amériques de l’Alternative Investment Management Association (AIMA), les conseillers ont intérêt à considérer ce type de classe d’actifs en raison de la diversification, des rendements non corrélés et de la protection contre les fluctuations des marchés qu’ils offrent potentiellement.

Néanmoins, cette dernière rappelle qu’allouer plus de place à l’investissement non traditionnel dans le portefeuille des clients intéressés reste une bonne idée dans la mesure où les conseillers sont prêts à se renseigner adéquatement. « Il faut bien saisir la nature de la balance entre la liquidité des produits la composition des actifs sous-jacents, la fréquence des rachats, et les implications structurelles de ce type de placements, par exemple », souligne Claire Van Wyk-Allan.

Elle ne cache pas que ce type de produits requièrent des niveaux de vérifications additionnels et nécessitent aussi une documentation plus volumineuse à préparer. L’accessibilité de certains investissements peut aussi nécessiter des fonds supplémentaires, ce qui requiert une compréhension accrue des systèmes de distribution et des exigences opérationnelles. Les conseillers doivent donc être en mesure de bien transmettre l’information qui est importante pour leurs clients intéressés par de tels investissements.

Des outils concrets

Les conseillers à la recherche d’informations sur le sujet ont tout intérêt à consulter dans un premier temps le site Internet de l’AIMA Canada, estime Claire Van-Wyk-Allan. Ils y trouveront un questionnaire de diligence pour les guider en lors de leur entretien avec des gestionnaires de fonds. Comment bien choisir son spécialiste des Alts ? « Comme pour tout autre type d’investissement, il est important d’évaluer la culture du gestionnaire, sa gouvernance, les mécanismes de gestion des conflits d’intérêts, et les politiques de gestion des risques », dit-elle.

Voici par exemple, cinq questions essentielles tirées de ce questionnaire portant sur le crédit privé :

  1. Comment le gestionnaire d’investissement identifie-t-il les emprunteurs potentiels ?
  2. Quelle est la maturité cible typique des prêts recherchés ?
  3. Comment les modalités de remboursement des prêts octroyés sont-elles généralement structurées ?
  4. Quels types de déclarations, de garanties et de clauses restrictives (ou conventions) les emprunteurs doivent-ils fournir et quels sont les collatéraux (ou couvertures) exigés ? Comment cela est-il contrôlé ?
  5. Quelle est la politique du gestionnaire en matière de prêts en difficulté ou de créances douteuses, et quel est son historique de performance à cet égard ?

Quelques idées reçues

Il est relativement aisé d’investir dans les placements alternatifs par l’intermédiaire de fonds communs de placement et de fonds négociés en Bourse. Cependant, ce type de placements ne représente qu’une fraction de l’univers des Alts. Un client qui cherche à diversifier son portefeuille pourrait trouver son bonheur avec les placements illiquides, comme la dette privée, estime Claire Van Wyk-Allan. « Cela peut représenter une belle occasion pour ces investisseurs de considérer des produits alternatifs qui ne sont pas publics. De nombreuses entreprises demeurent privées et en les écartant, les investisseurs ratent des occasions intéressantes », fait-elle valoir. La dirigeante ajoute que tout investissement doit évidemment correspondre au niveau de risque de l’investisseur, s’avérer pertinent au sein de son portefeuille et être conforme à la réglementation en vigueur au Canada, qui comporte certaines spécificités dans le cas des Alts.

Une autre idée reçue, selon Claire Van Wyk-Allan, concerne les frais. Ils sont souvent perçus comme trop élevés, déplore-t-elle. « Si les frais sont justifiés par une réelle valeur ajoutée, que ce soit la diversification, des revenus non corrélés, une meilleure protection ou un accès à des occasions uniques, ils sont pertinents. Il faut considérer les avantages pour le portefeuille de façon globale », nuance-t-elle.

Profiter d’une culture en expansion et du succès québécois

En tant que dirigeante d’un regroupement dédié à la promotion de l’industrie de la gestion alternative au Canada, Claire Van Wyk-Allan, elle est d’avis qu’il est de plus en plus aisé pour les conseillers qui envisagent d’intégrer les placements non traditionnels dans les portefeuilles de leurs clients, de trouver de l’information et des outils pour le faire. Elle met d’ailleurs de l’avant rôle que l’AIMA joue auprès des gestionnaires d’actifs, notamment de facilitatrice de partenariats entre les différentes parties prenantes concernées à travers le Canada. Elle cite en exemple un renforcement de collaboration entre l’Association et la Canadian Asset Management Entrepreneurship Alliance (CAMEA). « Nos objectifs sont l’amélioration de la formation, la sensibilisation réglementaire et la création et le maintien de partenariats régionaux », explique-t-elle.

Le dynamisme observé au Québec avec la création du Programme des gestionnaires en émergence du Québec (PGEQ), qui donne la part belle à un volet dédié aux placements alternatifs, et le soutien que ce type d’initiative récolte de la part de Finance Montréal, constituent d’ailleurs une inspiration pour l’AIMA dans ses actions à travers le pays.