Des éoliennes dans un champ ensoleillé.
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Le Sommet de la finance durable s’est ouvert le 13 mai à Montréal avec une mise en lumière des données économiques et des choix technologiques nécessaires pour mener à bien la transition vers un système énergétique net zéro d’ici 2050 au Canada.

Le choix des investissements en immobilier et en transport sera crucial afin de déterminer les besoins en capital pour la transition durable au Canada, selon des experts du domaine.

Ralph Torrie, directeur de la recherche chez Corporate Knights, a présenté, avec Toby Heaps, directeur général, les résultats d’un projet de modélisation intitulé Climate Dollars, visant à évaluer la facture d’un Canada carboneutre en 2050. Le constat qui en résulte est le suivant : la transition sera complexe, mais elle est réalisable sur le plan technologique et rentable au niveau économique.

Le secteur immobilier : des économies à réaliser

Pour illustrer ses propos, Ralph Torrie a d’abord examiné le secteur immobilier. Premièrement, d’ici 2050, plus de 6 000 milliards de dollars (G$) auront été investis au Canada dans la mise à niveau énergétique du parc immobilier canadien, incluant les nouvelles constructions et les bâtiments existants.

Deuxièmement, il estime à 371 G$ le coût total de l’électrification de ces bâtiments, notamment par l’installation de pompes à chaleur, soit environ 15 G$ par année. Il signale également que 26 G$ seront dépensés chaque année pour chauffer ces bâtiments avec des combustibles fossiles, une dépense qui pourrait être éliminée avec la transition énergétique.

Selon Ralph Torrie, ces chiffres démontrent que la transition est économiquement viable. Il met cependant en garde : les rénovations écoénergétiques nécessaires pour obtenir ce résultat, bien qu’attrayantes, seraient quatre fois plus coûteuses que l’électrification pour un même impact sur les émissions.

« Les rétrofits (qui consistent à ajouter, modifier ou restaurer des fonctions technologiques dans des systèmes vieillissants — NDLR), c’est bien pour le confort et la résilience, mais ce n’est pas la stratégie la plus efficace pour atteindre la carboneutralité », résume-t-il.

Électrification des transports : un levier efficace

Le raisonnement est similaire dans le secteur des transports. Les Canadiens dépensent actuellement 88 G$ par an pour l’achat de véhicules. Ce montant atteindra 2 200 G$ d’ici 2050, auquel il faut ajouter 306 G$ supplémentaires pour électrifier le parc automobile, rapporte l’étude de Corporate Knights. Selon les chercheurs, les économies potentielles sont considérables, les Canadiens dépensant chaque année 79 G$ en essence et en diesel.

« Cette transition est non seulement possible, mais elle est aussi financièrement attrayante », indique Ralph Torrie. Il y a cependant des défis de mise en œuvre. Le point le plus sensible ? La capacité du réseau électrique à absorber cette demande accrue, qui devrait doubler d’ici 2050.

Nouveau profil de consommation

L’analyse montre que le Canada devra non seulement produire davantage d’électricité, mais aussi faire face à une transformation du profil de consommation. Actuellement, la demande est concentrée en hiver dans plusieurs provinces. Dans l’avenir, on prévoit qu’elle connaîtra des pics plus marqués.

L’énergie éolienne pourrait répondre en partie à la hausse de la demande. L’hydroélectricité, déjà largement exploitée, offre peu de marge de croissance. Le solaire, limité par la situation géographique du Canada, jouera un rôle secondaire. Quant au nucléaire, le recours massif à cette énergie ferait exploser les coûts.

La solution mise de l’avant consiste à construire une ligne de transmission pancanadienne à courant continu à haute tension. Ce projet, portant le nom de Trans-Canada High-Speed DC Lake, permettrait de réduire de plus de 100 G$ le coût global de la transition énergétique au pays.

Selon l’étude, en suivant le scénario optimal, la transition énergétique pourrait générer des économies nettes de 400 G$ d’ici 2050, soit un rendement de 26 %.