
Alors que les fonds d’investissement durables et les fonds négociés en Bourse (FNB) ont enregistré des sorties de fonds record au premier trimestre à l’échelle mondiale, le Canada a nagé à contre-courant, étant l’un des rares marchés à enregistrer des flux positifs dans les fonds durables, selon un nouveau rapport de Morningstar DBRS.
Au cours des trois premiers mois de l’année, les investisseurs ont retiré 8,6 milliards de dollars (G$ US) des fonds durables mondiaux.
Ces sorties de fonds record ont eu lieu « dans un contexte de nouveaux défis géopolitiques et d’une intensification de la pression environnementale, sociale et de gouvernance », selon le rapport.
Alors que les investisseurs américains ont ouvert la voie, avec 6,1 G$ US de sorties trimestrielles — ce qui marque le dixième trimestre consécutif de flux négatifs — les investisseurs européens ont suivi le mouvement pour la première fois, en retirant 1,2 G$ US des fonds durables.
« Jusqu’au dernier trimestre, les fonds durables européens avaient constamment attiré des flux trimestriels positifs, indique le rapport. Au cours du dernier trimestre, cependant, pour la première fois depuis au moins 2018, les fonds durables européens ont subi des sorties, contrairement aux fortes entrées enregistrées par leurs homologues conventionnels. »
Le changement en Europe a été attribué, en grande partie, au changement de politique des États-Unis, y compris les nouvelles mesures politiques anti-ESG (environnement, social, gouvernance) — telles que les décrets contre les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) des entreprises, et leur nouvelle approche hostile à la lutte contre le changement climatique.
« Pour certains investisseurs européens, le recul des engagements ESG des entreprises américaines a créé une hésitation, sapant le sentiment d’alignement mondial sur les objectifs de climat et de durabilité », explique le rapport.
« Cette hésitation est encore aggravée par l’évolution de l’agenda réglementaire européen et du paysage des fonds ESG, tandis que les préoccupations persistantes en matière de performance — en particulier dans des secteurs déjà difficiles tels que l’énergie propre — continuent de peser sur l’appétit des investisseurs pour les stratégies de durabilité », précise-t-il.
Malgré le changement en Europe, qui représente la majeure partie de l’investissement durable (84 % des actifs mondiaux), l’un des rares points positifs pour le secteur des fonds durables est le Canada, qui a enregistré de créations nettes de 285 millions de dollars américains (M$ US) au cours du premier trimestre.
Cela représente une « hausse notable », comparée aux 52 M$ US de rachats au cours du trimestre, note Morningstar.
En particulier, les fonds passifs ont attiré 445 M$ US, tandis que les fonds actifs ont enregistré 160 M$ US de sorties trimestrielles.
« Avec 247 M$ US de créations nettes, les fonds à revenu fixe ont attiré la majeure partie (87 %) des entrées dans l’univers des fonds durables canadiens au cours du premier trimestre », indique le rapport.
Avec le Canada, l’Australasie (Australie et Nouvelle-Zélande) est la seule autre région à avoir enregistré des flux nets positifs au premier trimestre, selon le rapport.
Pourtant, malgré la résurgence des flux nets pour les fonds durables canadiens, les actifs sous gestion dans ces fonds ont diminué au premier trimestre, note Morningstar — le total des actifs sous gestion a diminué de 0,9 % au cours du trimestre pour atteindre 36,7 G$ US.
Les actifs mondiaux des fonds durables ont également baissé au premier trimestre, de 0,7 %, pour atteindre 3,16 trillions de dollars américains à la fin du trimestre, « reflétant la faiblesse du marché boursier américain », selon Morningstar.