Qu’est-ce que le ratio de Sharpe?

Mis au point par William F. Sharpe, le ratio de Sharpe mesure le rendement d’un fonds ajusté selon le risque. Le principe de base est de déterminer l’excédent de rendement (par rapport à un actif sans risque tel qu’un bon du Trésor du gouvernement du Canada) qu’un investisseur peut obtenir pour le surplus de volatilité lié à la détention de cet actif. Plus le ratio de Sharpe d’un fonds est élevé, plus son rendement a été bon pour la volatilité qu’il a subie (mesurée par l’écart-type). Les investisseurs peuvent ensuite déterminer si le rendement du fonds vaut le risque encouru.

À cet effet, le ratio de Sharpe est une mesure utile, car un fonds qui surclasse ses pairs pourrait paraître moins attrayant si ces rendements s’assortissent d’une volatilité supplémentaire élevée. Un fonds qui peut enregistrer un rendement de 6 % avec une volatilité modérée est certainement une meilleure mise qu’un fonds qui peut atteindre un rendement de 7 % mais au prix de nombreuses fluctuations.

Comment se calcule-t-il?

Du moment qu’un fonds possède au moins 36 mois de données, Morningstar calcule son ratio de Sharpe pour les périodes d’un, trois, cinq et dix ans. Il est calculé mensuellement en divisant le rendement excédentaire mensuel d’un fonds (le rendement du portefeuille moins le taux de rendement sans risque, représenté par un indice sélectionné par Morningstar) par son écart-type mensuel. L’écart-type et le ratio de Sharpe sont tous deux des chiffres annualisés.

Plus l’écart-type d’un fonds est élevé, plus le rendement d’un fonds doit être élevé pour obtenir un ratio de Sharpe élevé. À l’inverse, les fonds qui ont un écart-type inférieur peuvent obtenir un ratio de Sharpe élevé s’ils ont obtenu de manière constante un rendement satisfaisant. Il faut savoir que même si un ratio de Sharpe plus élevé indique un meilleur historique de rendement ajusté selon le risque, cela ne se traduit pas nécessairement par une plus faible volatilité pour le fonds. Un ratio de Sharpe plus élevé indique tout simplement que le rapport risque/rendement est plus proportionné ou plus optimal.

Comment peut-on s’en servir?

Le ratio de Sharpe permet d’effectuer une comparaison plus directe entre le niveau de risque que deux fonds ont dû endurer pour obtenir un taux de rendement dépassant celui d’un fonds sans risque. Et du fait que le ratio de Sharpe est ajusté en fonction du risque (l’écart-type est une mesure normalisée calculée de la même manière pour tous les fonds), tous les fonds sont logés à la même enseigne. Cela permet aux investisseurs de comparer les ratios de Sharpe de fonds qui emploient des stratégies différentes (croissance/valeur ou avec/sans levier financier).

On ne peut pas nier l’utilité du ratio de Sharpe, mais cette mesure n’est pas infaillible. Pour commencer, le ratio de Sharpe (tout comme les statistiques de la TMP) est calculé en fonction des rendements historiques, qui, comme on nous le rappelle souvent, ne garantissent pas les rendements futurs. Cela se vérifie particulièrement si la gestion ou le mandat d’un fonds a changé, ce qui pourrait mener à un remaniement futur de la stratégie et du profil d’un portefeuille. Un autre inconvénient est que le ratio de Sharpe est un chiffre brut. Nous savons qu’un ratio de Sharpe plus élevé est favorable, mais il est difficile de savoir si un ratio de Sharpe est bon ou mauvais, élevé ou faible, lorsqu’il est analysé tout seul. Toutefois, le comparer avec le ratio de Sharpe d’un fonds similaire, d’un indice ou d’une catégorie permet aux investisseurs de replacer le ratio de Sharpe d’un fonds dans son contexte.

Un ratio de Sharpe négatif est aussi problématique, car contrairement à ce qui nous semble logique, quand les rendements sont négatifs, un risque accru entraîne un ratio de Sharpe plus élevé. Par ailleurs, certains avanceront qu’un ratio de Sharpe négatif n’est pas pertinent car le ratio est fait pour aider à mettre en contexte le rendement excédentaire d’un portefeuille, et lorsque le fonds a un rendement négatif, il ne surpasse bien évidemment pas le taux de rendement sans risque. Par ailleurs, l’utilisation de l’écart-type dans la formule du ratio de Sharpe impose une série de contraintes car l’écart-type suppose une distribution du rendement approximativement symétrique. Pour les fonds aux rendements asymétriques, l’écart-type peut être une mesure de volatilité problématique.

Enfin, il est toujours important d’employer le ratio de Sharpe dans le cadre de son propre profil de risque. Si l’on a beaucoup de temps devant soi, les chiffres du ratio de Sharpe à court terme ne seront pas très pertinents. Comme nous l’avons déjà mentionné, il faut se souvenir qu’un fonds plus risqué pourrait avoir un ratio de Sharpe plus élevé qu’un produit moins excitant mais stable, si les rendements du premier fonds sont suffisamment élevés. Les investisseurs hostiles au risque pourraient quand même opter pour le fonds plus stable, car malgré la promesse de rendements plus élevés, ils apprécient aussi un parcours sans heurts.