Des occasions thématiques dans les marchés émergents
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« La durabilité au cours des cinq, dix, quinze prochaines années sera essentielle, dit Mme Bensafi, et nous aimons donc beaucoup les dirigeants d’entreprise sur lesquels nous pouvons compter, les entreprises dotées d’une solide franchise et d’une part de marché robuste, les compagnies qui préparent l’avenir. » Cette approche à long terme favorise les compagnies sensibles aux facteurs environnementaux et solides sur le plan social et de la gouvernance d’entreprise.

Mme Bensafi est l’une des huit gestionnaires de portefeuille contribuant au Fonds d’actions de marchés émergents RBC, dirigé par Philippe Langham. En général, une sélection d’une cinquantaine d’entreprises de qualité présentant des occasions de croissance est ce qui anime ce fonds coté 5 étoiles par Morningstar.

Combinant la recherche thématique et l’analyse fondamentale, l’équipe emploie un filtre maison pour trouver des idées de placements. « Nous investissons dans un univers tellement vaste de milliers de compagnies, dit Mme Bensafi, qu’il est impossible de couvrir toutes ces compagnies tout le temps. »

L’équipe recherche des thèmes mondiaux qui touchent tous les pays du monde. Certains thèmes semblent donc intéressants mais ils ne cadrent pas avec les critères de placement. Au moment de l’examen des titres particuliers, l’accent est mis sur les compagnies qui ont un excellent rendement en trésorerie du capital investi et un avantage concurrentiel durable.

Les participations sectorielles sont issues de ce souci, par exemple la pondération d’environ 24 % dans la technologie. Dans ce secteur, la numérisation est un thème dominant depuis pas mal d’années avec plusieurs thèmes secondaires. Par exemple, Mme Bensafi dit qu’on a vu une hausse de la demande de téléphones intelligents à partir de 2011, et ce thème a très bien tourné pour le portefeuille.

Avec l’expansion de la numérisation, « nous avons introduit le thème du commerce électronique, en investissant par exemple dans Alibaba Group Holding (BABA), un fournisseur de commerce en ligne établi à Hong Kong, dit Mme Bensafi. Ensuite, il y a deux ans, nous avons commencé à ajouter les voitures électriques et les voitures sans conducteur, donc nous avons plusieurs sociétés liées engagées dans la numérisation. »

La société sud-coréenne Samsung Electronics, l’un des principaux titres en portefeuille, recueille la préférence de Mme Bensafi. « Samsung fait tellement plus de choses que des téléphones intelligents, dit-elle. Elle a une énorme division de semi-conducteurs et ce segment ne cesse de s’améliorer au fil des ans. Il y a en gros trois intervenants mondiaux dans le secteur des semi-conducteurs, et Samsung en est un. »

Les services financiers, avec une pondération de 23 % dans le fonds, sont un thème récurrent qui permet à l’équipe de se focaliser sur les franchises de dépôts. « Nous aimons beaucoup les pays où la pénétration des banques est très faible, dit Mme Bensafi, comme l’Indonésie, l’Inde et le Pérou. Lorsqu’un pays est en croissance, ces banques attirent de plus en plus de dépôts, et l’on assiste alors à un cycle sain de création de crédit », ajoute M. Bensafi.

La consommation, l’un des plus anciens thèmes du portefeuille, « est l’un des principaux thèmes dans lesquels il faut investir si l’on s’intéresse aux marchés émergents », dit Mme Bensafi. L’essor de la classe moyenne est très pertinent dans tous les pays et régions. « Nous allons donc chercher des sociétés de consommation en Amérique latine, en Europe de l’Est, en Amérique du Sud et dans d’autre pays, donc dans le monde entier, comme pour tous les thèmes dans lesquels nous investissons. »

Un autre thème est celui de la santé et du bien-être. La population vieillissante est toujours le moteur du thème de la santé, et de nombreux autres domaines aussi. « Nous avons par exemple de solides sociétés alimentaires et fabricants de bicyclettes et de cosmétiques, par exemple. Il y a plusieurs façons dont une compagnie peut investir dans ce thème. »

Au cours des deux dernières années, le thème de l’infrastructure a été incorporé au portefeuille. L’équipe avait pressenti, il y a environ cinq ans et particulièrement après la crise financière mondiale, un besoin de dépenses d’infrastructure dans les marchés émergents, mais il n’y avait pas l’argent pour le faire et aucun désir d’y investir. Puis il y a environ trois ans, ils ont senti le vent tourner. « Les gouvernements de nombreux pays émergents étaient vraiment désireux de pousser le programme de création d’infrastructures, comme par exemple le nouveau Premier ministre de l’Inde, Narendra Modi. Donc ce n’est pas nécessairement un thème sur lequel on peut miser tout le temps, même si le besoin est là. Il faut que les gouvernements veuillent vraiment dépenser. »

Parmi les principaux avoirs, on trouve Antofagasta PLC, une compagnie de mines de cuivre du Chili, caractéristique du thème de l’infrastructure. « Antofagasta possède l’une des meilleures gouvernances d’entreprise dans le secteur minier en termes de préservation de l’environnement et de questions sociales, dit M. Bensafi. Nous sommes prudents quand nous investissons dans le secteur des matériaux car certaines sociétés minières ont malheureusement une faible cote de durabilité. Il s’agit également, bien sûr, d’une mise sur le secteur de l’infrastructure, car le cuivre est employé dans la construction et les infrastructures en général. « Les gestionnaires pensent que l’utilisation du cuivre va augmenter au cours des prochaines années. »

Les quelques années qui ont suivi 2012 n’ont pas été mirobolantes pour les marchés émergents, dit Mme Bensafi. « Nous avons vraiment passé un très mauvais moment, et ce n’est que ces deux dernières années que nous avons constaté un rebond. » À l’heure actuelle, les évaluations continuent d’être attrayantes et très bon marché comparativement à celles des marchés développés. « Nous prévoyons une bonne croissance des bénéfices cette année et probablement l’année prochaine. Je pense qu’il existe toujours des risques lorsque l’on investit dans les marchés émergents, mais d’après moi, il est beaucoup plus probable que nous nous trouvions à l’orée d’une bonne période que d’une mauvaise. »