De nouveaux FNB qui recherchent la qualité au Japon
Giantrabbit / Shutterstock

Au cours des trois dernières années, le marché boursier japonais a répondu très positivement aux efforts du gouvernement pour donner un coup de fouet à son économie depuis longtemps moribonde. Grâce à des mesures d’assouplissement monétaire agressives lancées en 2013, le yen japonais a chuté de 30 % par rapport au dollar américain.

Cet affaiblissement du yen a été une aubaine pour les exportateurs japonais, qui annoncent depuis lors une solide croissance des bénéfices. Et alors que ces firmes de produits électroniques axées sur les exportations et biens de consommation continuent à remonter en raison de l’amélioration de leurs bénéfices, les firmes de services financiers ont pu glaner des profits plus élevés de la reprise boursière. Au cours des trois dernières années, l’indice Nikkei 225 a produit un rendement cumulé de 120 % (en yens), surclassant nettement les gains respectifs de 60 % et 19 %, de l’Indice S&P 500 et de l’Indice composé S&P/TSX sur la même période.

Les investisseurs dans les actions japonaises ont bénéficié de ces tendances au cours des dernières années, mais l’affaiblissement de la devise n’est certainement pas une solution durable pour assurer une croissance des bénéfices des sociétés à long terme. Pour l’avenir, le gouvernement essaie de traiter des problèmes qui pèsent de longue date sur le potentiel de croissance du pays, en l’occurrence, l’indifférence des entreprises japonaises envers les rendements et la création de valeur pour les actionnaires. Les rendements des capitaux propres ont historiquement été la moitié de ceux du S&P 500 pour plusieurs raisons essentielles.

Premièrement, les firmes japonaises tendent à conserver un surcroît de liquidités pour les mauvais jours, actif qui ne génère pratiquement pas de rendement. Ensuite, les sociétés japonaises ont coutume de détenir des participations croisées, grâce auxquelles les compagnies battant de l’aile sont maintenues à flot par les sociétés mères. Ces pratiques sont bien ancrées dans le milieu corporatif japonais et elles sont soutenues par un environnement insulaire et sclérosé de gérance des sociétés où les administrateurs ont des relations étroites avec leurs équipes de gestion et répugnent à soutenir le changement.

Le gouvernement japonais a lancé plusieurs initiatives dans sa tentative d’instaurer des pratiques de gérance s’alignant davantage sur les normes mondiales. En 2014, le gouvernement a publié son Code de gérance, un ensemble de lignes directrices sur la manière dont les investisseurs institutionnels peuvent s’engager plus efficacement avec la gestion des compagnies pour se concentrer sur la croissance à moyen et à long termes. L’année suivante, le gouvernement a traité de ce problème du côté des sociétés avec le lancement du Code de gérance des sociétés, qui favorise une meilleure transparence et des conseils d’administration plus indépendants.

Pour mettre l’accent sur les compagnies agissant dans l’intérêt des actionnaires, un nouvel indice d’actions de « bonnes » compagnies a été créé en 2014. Cet indice de référence, l’Indice Nikkei 400, filtre 400 entreprises qui ont les rendements des capitaux propres et les marges de profits les plus élevés et qui emploient aussi des pratiques favorables aux actionnaires, comme avoir des administrateurs externes. Les composantes des indices sont pondérées selon une capitalisation boursière ajustée au flottant, mais chaque avoir ayant une pondération supérieure à 1,5 % lors du rééquilibrage annuel sera ramené à une pondération de 1,5 %.

Pour donner à cet indice une certaine influence sur les entreprises japonaises, le gouvernement a encouragé le Fonds d’investissement des pensions du gouvernement, le plus grand programme de pensions au monde, à investir dans les compagnies figurant à l’Indice Nikkei 400 plutôt qu’au Nikkei 225 ou au TOPIX, les indices les plus communs pour les actions japonaises. Au Japon, une vingtaine de fonds indiciels pistant l’Indice Nikkei 400 ont été lancés en 2014, et depuis lors, ces fonds ont rassemblé près de 6 milliards $US d’actifs. En théorie, les « bonnes » compagnies de l’Indice Nikkei 400 devraient afficher un meilleur rendement à plus long terme, faisant d’un fonds négocié en bourse indexé au Nikkei 400 un choix de placement attrayant pour une participation aux actions japonaises.

Options de fonds

Il y a quatre FNB négociés aux États-Unis qui pistent le Nikkei 400 : deux d’entre eux ne couvrent pas leur participation aux devises étrangères et les deux autres le font. Les FNB couvrant leur participation aux devises étrangères utilisent des contrats à terme sur devises pour supprimer l’impact exercé sur les rendements des fonds par les fluctuations du yen par rapport au dollar américain. Durant les périodes où le yen chute par rapport au dollar américain, les FNB couverts contre le risque du change surclasseront leurs homologues non protégés, et vice-versa. Naturellement, pour les investisseurs canadiens, les versions couvertes et non couvertes de ces produits comportent un risque lié aux devises si les fonds investis doivent en fin de compte être convertis en dollars canadiens.

Les promoteurs de ces FNB Nikkei 400 sont iShares et Deutsche Bank. Les deux FNB Deutsche Bank détiennent l’un comme l’autre l’intégralité des titres de l’Indice Nikkei 400; le FNB couvert Deutsche X-trackers Japan JPX Nikkei 400 Hedged Equity utilise des contrats à terme sur devises pour couvrir sa participation au yen. Le fonds iShares non couvert iShares JPX-Nikkei 400 détient aussi les composantes de l’Indice 400. Toutefois, le FNB couvert iShares Currency Hedged JPX-Nikkei 400 détient des parts de JPXN (au lieu des composantes de l’indice) et des contrats à terme sur devises pour couvrir sa participation au yen.

Cette différence dans la construction du fonds entre les FNB iShares et Deutsche Bank couverts contre leurs participations aux devises étrangères peut aboutir à de petites différences à court terme, car les actions de JPXN se négocient durant les heures d’ouverture des marchés boursiers américains et pas les composantes de l’Indice Nikkei 400. Mais à long terme les petites différences de rendements entre les FNB Deutsche Bank et iShares couverts contre les devises étrangères devraient être négligeables.

JPXN a commencé à pister le Nikkei 400 le mois dernier, et traquait précédemment un indice différent, aussi les données historiques de ce fonds ne reflètent-elles pas le rendement de l’Indice Nikkei 400.

En réalité, les rendements sur trois et cinq ans de l’Indice Nikkei 400 ont une corrélation de 100 % avec ceux de l’Indice MSCI Japon, l’indice ajusté selon la capitalisation boursière qui sert de repère au FNB iShares MSCI Japan, le plus grand fonds d’actions japonaises coté aux États-Unis. Les composantes des deux indices sont presque les mêmes, mais parce que l’Indice Nikkei 400 plafonne à 1,5 % chaque titre en portefeuille, il y a de petites différences de penchant sectoriel. Par ailleurs, les Indices Nikkei 400 et 225 ont affiché une corrélation de 97 % au cours des trois et cinq dernières années, et la raison de cette corrélation légèrement inférieure est due au fait que le Nikkei 225 est pondéré selon les cours, donc les pondérations sectorielles sont moins semblables pour les deux indices.

Mettre davantage l’accent sur les rendements et une meilleure gérance des entreprises sera un processus lent et progressif, particulièrement dans un pays comme le Japon. Bien que l’Indice Nikkei 400 soit ostensiblement destiné à identifier les « bonnes » compagnies, il citera par omission les « mauvaises » compagnies. Sony brille par son absence dans l’Indice Nikkei 400, car elle a affiché des pertes durant cinq des six dernières années. Et lorsque Toshiba a divulgué son scandale comptable de plusieurs milliards de dollars, elle a disparu de l’Indice. Si l’Indice Nikkei 400 encourage les compagnies, bonnes ou mauvaises, à faire passer en premier les intérêts des actionnaires, à long terme, tous les investisseurs devraient en bénéficier.