Que feront les libéraux fédéraux de la marge de manoeuvre financière accrue?
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La mise à jour économique automnale dévoilera aussi mardi ce que les libéraux comptent faire avec une manne inattendue qui pourrait atteindre 10 milliards de dollars (G$) dans chacune des deux années à venir.

L’embellissement de mi-mandat est le fruit bienvenu d’une croissance économique solide au début de 2017 qui a surpris les observateurs.

Il reste à savoir si le ministre des Finances, Bill Morneau, cherchera à utiliser la marge de manoeuvre financière additionnelle pour commencer à réduire les déficits de plusieurs milliards de dollars, ou s’il en injectera une large partie dans de nouvelles dépenses et la poursuite de certains engagements.

Jean-François Perrault, économiste en chef à la Banque Scotia et ancien sous-ministre adjoint sous M. Morneau, a dit croire que ce serait probablement la meilleure occasion d’évaluer à quel point le gouvernement s’engage à regagner « la voie de déficits moindres ».

Selon M. Perrault, le gouvernement Trudeau a de l’argent « à dépenser si c’est ce qu’il souhaite faire », mais s’il désire envoyer un message d’un « niveau raisonnable de conservatisme fiscal », il a aussi la chance de le faire.

En l’absence de nouvelles dépenses fédérales, la Banque Scotia anticipe des déficits de 17 G$ en 2017-2018 et de 16 G$ en 2018-2019.

En comparaison, le budget déposé en mars par M. Morneau prévoyait des déficits de 25,5 G$ en 2017-2018 et de 24,4 G$ en 2018-2019.

Si Ottawa décidait d’investir une partie des montants additionnels, à quoi seraient-ils consacrés?

Un haut responsable gouvernemental, parlant sous le couvert de l’anonymat avant l’annonce du gouvernement, a affirmé que la mise à jour, mardi, inclura certaines nouvelles mesures, tout en ajoutant que le document sera plus léger que celui d’il y a un an.

Le responsable l’a décrit davantage comme une véritable mise à jour économique et fiscale, plutôt qu’un mini-budget contenant de grandes annonces.

La mise à jour l’an dernier présentait de nouveaux plans importants, comme la banque d’infrastructure de 35 G$, qui vise à utiliser l’argent public afin d’attirer du capital privé pour des projets d’envergure, notamment dans les transports en commun. Elle contenait aussi des changements significatifs pour attirer un plus grand nombre d’immigrants qualifiés et d’investissements étrangers.

Cette année, il faut s’attendre à ce que les libéraux livrent plus de détails sur la manière de respecter des promesses majeures, notamment pour les Autochtones et les investissements dans les infrastructures, a souligné Sahir Khan, vice-président exécutif d’un groupe de réflexion à l’Université d’Ottawa.

D’un point de vue politique, M. Khan estime que la clé pour les libéraux au milieu de leur mandat est de commencer à convaincre les contribuables que leur argent est bien dépensé.

« Je crois qu’à l’approche d’une élection, le public commence à penser en termes de résultats et de rendements, particulièrement lorsque les choses sont financées dans un contexte de déficits », a soutenu M. Khan, de l’Institut des finances publiques et de la démocratie de l’Université d’Ottawa, dirigé par l’ancien directeur parlementaire du budget Kevin Page.