Le 21 janvier, la Banque du Canada (BdC) avait créé une onde de choc en abaissant son taux directeur de 0,25%, celui-ci passant alors de 1% à 0,75%.

Personne n’avait prévu le coup. Tous croyaient plutôt à que le prochain geste de la BdC allait être de hausser les taux quelque part en 2015 ou en 2016.

« Chose certaine, l’action de la BdC a permis ont détenteurs d’obligations de réaliser de bons rendements », souligne Guy Liébart, président de Gestion Sodagep. Depuis le début de l’année le Fonds négocié en bourse iShares Canadian Universe Bond Inedx (XBB) s’est apprécié de 4%. En sera-t-il de même la semaine prochaine?

La chute précipitée du prix du pétrole devenait un élément de risque si important pour l’économie canadienne, que Stephen Poloz, gouverneur de la BdC, décida le mois dernier qu’une baisse de taux constituait une police d’assurance nécessaire pour contrer ce nouveau risque.

Les observateurs des marchés financiers ont vite conclu que cette baisse serait suivie d’une autre, probablement dès la réunion suivante de la BdC.

Cette réunion aura lieu mercredi prochain. Mais ce n’est plus aussi sûr que l’on assistera à une baisse de taux.

Lors d’une conférence de presse à la suite d’une allocution prononcée mardi à l’Université Western à London, Ontario, le gouverneur de la BdC disait que la police d’assurance prise en janvier leur donnait maintenant un peu de temps pour évaluer comment l’économie réagit au nouveau risque.

« Ce simple commentaire a complètement modifié les attentes des intervenants sur les marchés, explique Mathieu D’Anjou, économiste principal chez Desjardins. Alors que presque tous prévoyaient une hausse de taux il y a 2 jours, la majorité des intervenants pense maintenant que celle-ci pourrait être repoussée à une réunion ultérieure », dit-il.

« Le gouverneur Poloz semble avoir voulu remettre les pendules à l’heure », estime Paul-André Pinsonnault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

Lorsque la BdC a baissé son taux en janvier, les obligations de 3 ans du gouvernement qui sont un bon indicateur des attentes concernant la politique monétaire sont aussitôt passées de 0,86% à 0,58%, observe Paul-André Pinsonnault. Dans les semaines suivantes, le rendement est tombé jusqu’à 0,38%, signalant ainsi que les intervenants sur les marchés croyaient qu’une autre baisse de taux était presque une certitude dès le 4 mars. À la suite des récents propos de Stephen Poloz, le rendement des titres de 3 ans est remonté à 0,48%, indiquant que le doute s’est installé.

Il devient très difficile de prévoir avec certitude ce que fera la BdC, souligne Mathieu D’Anjou. «Les avis sont maintenant très partagées, mais nous continuons de croire que la prochaine baisse de taux est imminente», dit-il.