La disparition de l'argent comptant est peu probable, selon Desjardins
Matthew Benoit_123rf

Dans la plus récente édition du Point de vue économique, Hendrix Vachon souligne à quel point les consommateurs semblent encore être très attachés à l’argent comptant, bien que des arguments militent pour accélérer la disparition des pièces de monnaie et des billets de banque.

Lire aussi – Éliminer l’argent liquide pour combattre le crime

Il rappelle également que ce mode de paiement « demeure impliqué dans près de 40 % des transactions représentant plus de 20 % de la valeur de celles-ci ».

Une élimination souhaitable ?

Bien que l’encours des pièces de monnaie et des billets de banque corresponde aujourd’hui approximativement à 3,8 % du PIB nominal comparativement à un niveau moyen de 3,3 % entre 2005 et 2008, la tendance dans les volumes de transactions en espèces est en baisse, peu importe l’âge, le revenu et le niveau de scolarité, indique Hendrix Vachon.

Cette baisse dans l’utilisation de l’argent comptant comme mode de paiement est l’un des arguments militant pour son élimination. D’autres arguments, notamment la multiplication des moyens de paiement portés par la technologie, le fait que cela faciliterait la lutte contre les activités illégales et l’économie souterraine, en plus d’accroître l’efficacité de la politique monétaire ou de réduire les coûts de transaction, sont aussi évoqués.

En contrepartie, Hendrix Vachon souligne qu’il « n’est probablement pas aussi simple d’évacuer l’argent comptant d’un pays, sans compter les nombreux inconvénients ou préjudices que cela pourrait causer ».

L’économiste sénior cite en exemple les personnes âgées, les personnes à faible revenu et les personnes ayant un degré de scolarité moins élevé, qui comptent parmi les plus grands utilisateurs de l’argent comptant. « Les données de la Banque mondiale montrent que le taux d’utilisation d’Internet se situe autour de 87 % au Canada. Un pourcentage non négligeable de la population demeure donc encore exclu », faisant possiblement de l’accès à Internet un enjeu pour l’utilisation de certains modes de paiement.

Selon lui, « il faudrait aussi considérer l’incidence de certains handicaps sur l’accessibilité aux différents modes de paiement. »

De plus, Hendrix Vachon, écrit que « l’argument voulant que la disparition de l’argent comptant puisse nuire aux activités illégales et à l’économie souterraine est vite mis en doute par la possibilité que d’autres tactiques ou d’autres moyens de paiements offrant secret et discrétion s’enracinent ».

Il est d’avis sur ce sujet qu’il ne faut pas sous-estimer la capacité des gens à s’ajuster et à innover, surtout si un net avantage peut en découler. Il cite, parmi les substituts pouvant être prisés, les cryptomonnaies de type bitcoin, de même que la monnaie papier d’un autre pays, comme le dollar américain, qui « constituerait une option nettement plus simple ».

Pour Hendrix Vachon, il semble par ailleurs bien difficile de croire « que le gouvernement américain pourrait abolir l’argent comptant. Le billet vert est un symbole majeur pour les Américains et proposer de le faire disparaître pour forcer les citoyens à utiliser des moyens alternatifs contrôlés par le gouvernement et les grandes institutions financières serait un véritable suicide politique ».

La solution en matière de gestion de l’argent comptant, estime Hendrix Vachon, consisterait donc à s’adapter aux besoins des consommateurs plutôt que d’essayer de précipiter les évènements. Il n’en demeure pas moins, selon lui, « que des choix devront être faits afin de minimiser les coûts associés au maintien de l’argent comptant, d’autant plus que des innovations pourraient encore réduire les coûts d’autres modes de paiement ».

Ces choix à venir porteront vraisemblablement sur la dénomination des pièces et des billets en circulation, de même que sur leur taille respective et les éléments qui les composent.