L'investissement défensif à la mode canadienne

Les actions canadiennes ne représentent que 3,5 % de la capitalisation boursière mondiale totale. Et comme nous l’avons observé dernièrement, notre forte proportion d’actions volatiles de ressources naturelles peut amplifier les fluctuations cycliques.

Une stratégie boursière défensive vise à réduire la volatilité. D’après un rapport publié l’année dernière par Russell Investments Canada, ce type de stratégie ne vise pas simplement à surclasser l’ensemble du marché ou les fonds de sa catégorie.

Rédigé par Adam Hornung, stratège des placements institutionnels auprès de Russell, ce rapport indique qu’une stratégie défensive tente de limiter les pertes importantes durant les pires périodes de rendement. Toutefois, M. Hornung ajoute que cette approche de placement confère un potentiel de hausse inférieur en période de marché haussier.

Les investisseurs associent souvent le placement axé sur la valeur au placement défensif. Mais l’article de Russell Canada indique que les actions défensives ne sont pas une sous-catégorie des actions de croissance ni de valeur. Elles possèdent plutôt un style distinct et unique. Par exemple, les avoirs contenus dans l’indice Russell axé sur les actions défensives canadiennes présentent des aspects qui relèvent de la valeur et d’autre de la croissance.

Le lien entre l’investissement défensif et l’investissement axé sur la valeur au Canada peut varier considérablement sur des périodes plus courtes. Néanmoins, les données compilées et analysées par Russell indiquent qu’un portefeuille axé sur la valeur à long terme peut fournir aux investisseurs un résultat plus défensif.

Une approche de placement défensive dans les actions canadiennes peut sous-tendre diverses stratégies :

Participation sectorielle variée :

Plus des deux tiers des marchés boursiers canadiens, mesurés par la capitalisation boursière, sont constitués d’actions des services financiers et des ressources naturelles. Avoir une participation sectorielle plus variée est l’une des stratégies du fonds Russell Focused Canadian Equity Pool, qui a un penchant défensif important. « Nous avons une forte sous-pondération dans les finances », dit Thierry Vallée, gestionnaire de portefeuille principal et responsable des actions canadiennes auprès de Russell Canada, « et nous avons également une sous-pondération assez importante à l’énergie ».

Des dividendes durables :

Les compagnies qui payent des dividendes peuvent représenter des avoirs défensifs idéaux en fonction de leurs autres attributs. D’autres caractéristiques favorables sont des bilans solides, une croissance des bénéfices viable et une direction qui déploie ses flux de trésorerie disponibles avec sagesse. Russell dit qu’il faut éviter les compagnies qui sont fortement endettées, qui ont un faible rendement des capitaux propres et des bénéfices volatils.

Un mélange de styles :

Bien que pas défensive à proprement parler, la diversification des styles peut permettre d’adoucir les cycles boursiers, puisque la valeur, la croissance et d’autres stratégies de sélection de titres peuvent être adorées ou détestées à divers moments. La stratégie du fonds Russell Focused Canadian Equity Pool, qui est un fonds mixte à grande capitalisation dans la Matrice de style des actions de Morningstar, implique le recours à plusieurs gestionnaires : Rondeau Capital Inc., dont Russell qualifie le style de « défensif », QV Investors Inc. avec sa discipline de « qualité et de valeur » et CGOV Asset Management, dont le style de gestion est axé davantage sur la croissance. Chaque firme apporte de 25 à 30 de ses meilleures idées.

Des avoirs étrangers :

Parallèlement à leur sélection de titres canadiens, la plupart des gestionnaires de fonds offerts aux particuliers emploient des avoirs non canadiens pour diversifier leurs portefeuilles d’actions canadiennes et réduire le risque. Pour cette raison, il est important que les investisseurs réalisent que leurs fonds d’actions canadiennes ne seront pas forcément purement canadiens.

Par définition, les fonds de la catégorie Actions canadiennes peuvent investir jusqu’à 10 % de leurs actifs dans les titres étrangers. Pour les fonds de la catégorie Actions en majorité canadiennes, jusqu’à 50 % du portefeuille d’actions peut être non canadien.

Chez Russell Canada, la composante américaine, dont la pondération maximum est de 10 %, fait partie de la stratégie du fonds Russell Focused Canadian Equity. Les secteurs des soins de la santé et de la technologie sont deux exemples de secteurs américains qui regorgent de titres comparativement au Canada. « Il y a des entreprises fantastiques à découvrir aux États-Unis », dit M. Vallée.

Des réserves liquides :

Enfin, les liquidités peuvent être employées comme un outil défensif par les gestionnaires actifs. Il n’y a pas si longtemps, « au cours des deux à trois dernières années, on a assisté à un marché haussier à sens unique, dit M. Vallée. Il a été difficile de choisir des titres, et les liquidités se sont tout simplement accumulées. »

Inversement, après la récente chute du marché canadien, il semble que ce soit le bon moment pour que les gestionnaires actifs, notamment ceux qui prônent une approche défensive, déploient leur réserves liquides qui rapportent très peu.

Photo Bloomberg