Selon Jacques Maurice, cette instabilité des marchés sera particulièrement difficile pour les titres de nature cyclique, comme ceux d’entreprises oeuvrant dans le pétrole, les métaux de base, les pâtes et papiers, et l’acier.

Lors d’un entretien avec Finance et Investissement, Jacques Maurice a souligné qu’il faut néanmoins relativiser les inquiétudes en plus d’évoquer sa stratégie pour atténuer les répercussions de cette chute des marchés.

Finance et Investissement (FI) : Quelle lecture faites-vous de la situation ?

Jacques Maurice (JM) : Les signaux se multiplient indiquant que la croissance économique de la Chine sera moindre que prévu. Alors qu’on attendait une croissance entre 7 à 8 %, elle sera davantage entre 4, 5 ou 6 % pour l’année qui vient. Pour les pays exportateurs de ressources naturelles comme le Canada, l’Australie et la Russie, ce n’est pas une très bonne nouvelle. Le prix du baril de pétrole, qui est le principal responsable de ce qui se passe, est en déconfiture généralisé un peu partout dans le monde. C’est aussi le cas pour ce qui est du prix des matières premières et des métaux de base comme le cuivre, le nickel et l’acier, essentiellement parce qu’on estime que la Chine ne procédera pas au même niveau d’achat que par les années passées.

La situation ne s’améliorera donc pas à court terme, particulièrement dans le cas des titres de nature cyclique, pour lesquels ça va être extrêmement difficile.

(FI) : Comment comptez-vous atténuer les effets de cette situation sur vos portefeuilles ?

(JM) : Ma stratégie, particulièrement du côté canadien, consiste à me concentrer sur cinq grands secteurs, soit : les financières, l’alimentation, les pipelines, les chemins de fer et les télécommunications.

J’investis donc dans ces cinq secteurs, tout en restant à l’extérieur de la cyclicité du marché et actuellement ça paye. Au cours des dernières semaines et des derniers mois, les entreprises qui ont davantage connu de difficultés sont les minières et celles qui, de près ou de loin, sont liées au pétrole. Dans le cas des pipelines, même s’ils sont associés au pétrole d’une certaine façon, ils n’en sont pas nécessairement à la remorque, bien que ce secteur soit le seul parmi ceux que je privilégie qui en arrache un peu.

(FI) : Quelle est votre répartition géographique ?

(JM) : Environ 70% de nos investissements sont aux États-Unis, et 30% au Canada. Présentement, nous nous positionnons davantage sur le marché canadien parce que la prime pour faire la conversion vers le dollar américain est rendue extrêmement onéreuse.

(FI) : Est-il possible de saisir des occasions ?

(JM) : Évidemment ! La meilleure manière de voir des occasions dans des marchés comme ceux que nous avons actuellement consiste à rester dans des secteurs bien précis, particulièrement dans ceux qui risquent moins d’être affectés par une éventuelle récession au Canada. Il est possible que le marché ralentisse un peu dans ces cinq grands secteurs, mais en bout de ligne, il faut toujours rechercher la qualité et les dividendes. En effet, ces cinq grands secteurs ont tous une chose en commun : les dividendes sont de l’ordre de 3 à 4 % pour tout le monde. Cela nous plaît énormément et c’est la manière dont il faut investir au Canada.

(FI) : Conservez-vous un haut niveau de liquidité ?

(JM) : Pas spécialement et lorsque l’on voit des occasions, je penche plutôt pour mettre cet argent au travail. Nous avons donc certaines liquidités et 50% de celles-ci sont destinées à être investies, pourvu que ce soit à l’intérieur de nos cinq secteurs privilégiés. Nous ne cherchons pas à trouver le bas dans le pétrole, ou l’occasion dans des secteurs qui sont cycliques.

Pour le reste de nos liquidités, nous attendons de voir si le marché va descendre davantage. Nous ne savons pas où le marché risque d’atterrir, mais lorsque je vois le prix actuel de certains titres bancaires ou de pipelines, il s’agit certainement d’investissements qui m’intéressent.

De même, nous utilisons uniquement Bloomberg pour nos recherches. Bloomberg nous donne les meilleurs titres aux États-Unis, en Europe et au Canada, et on se défend extrêmement bien.