Devancer sa retraite ? Minute, papillon!
Alexandr Shebanov / Shutterstock

« Avec la  Régie des rentes du Québec (RRQ), on a une réduction de 0,6 % par mois pour 60 mois si le client devance de cinq ans [sa retraite]. Si, au contraire, il retarde de cinq ans, là il est possible d’aller chercher 42 % de majoration », explique Daniel Laverdière, directeur principal, planification financière et services-conseils chez Banque Nationale Gestion privée 1859.

Hypothétiquement, un client demandant sa rente de retraite à partir de 60 ans au lieu de 65, pour une rente de 10 000 $ annuellement, recevrait  6 718 $.

À l’inverse, si ce même client retarde sa demande de rente de retraite auprès de la RRQ à 70 ans, il sera en mesure de recevoir 14 200 $ par année.

Lorsqu’un client souhaite devancer ou prendre sa retraite plus tôt, le planificateur financier a la responsabilité de lui présenter les différents scénarios de retraite.

« Si le client veut anticiper sa retraite et que ça la met vraiment en danger, le planificateur financier se doit de lui donner l’heure juste », indique Guylaine Dufresne, directrice principale, investissements et planification financière chez la Banque Laurentienne.

Les scénarios proposés par un planificateur financier comprennent généralement l’analyse des revenus et des dépenses prévues à la retraite en démontrant les prestations que le client recevrait en suivant normalement le plan et la simulation découlant d’une retraite anticipée.

Cette démonstration prend en compte les régimes de pensions privées ou provenant de l’employeur du client, son épargne personnelle dans les différents comptes d’épargne-retraite et toutes autres sources de revenus possibles.

« Il faut rapidement dire au client quel est le seuil maximal de dépenses qu’il ne doit pas dépasser en moyenne, dit Daniel Laverdière. C’est le plus bel éclairage qu’on peut lui donner. »

Guylaine Dufresne ajoute que le client ne doit pas « oublier qu’il ampute sa retraite jusqu’à la fin de ses jours. »

L’espérance de vie moyenne est de 81 ans au Canada, selon les dernières données de Statistique Canada. Le conseiller devrait le rappeler à son client lorsque ce dernier envisage de devancer sa retraite.

Stratégies

 

Stratégies

Malgré tous les avertissements, si le client va de l’avant et décide de devancer sa retraite, le conseiller peut lui offrir quelques stratégies qui limiteront les dégâts.

« Les gens qui prennent une retraite anticipée pourraient être tentés d’aller demander la RRQ rapidement pour avoir un revenu de plus, explique Daniel Laverdière. Les clients ont plutôt avantages de piger ailleurs, dans son Régime enregistré d’épargne-retraite (REER) par exemple, et de retarder la RRQ et même la Pension de sécurité de la vieillesse (PSV). »

De cette manière, ils limiteront la réduction des montants annuels dont ils pourront se prévaloir plus tard.

« Quand on retarde les deux montants [des programmes gouvernementaux] et qu’on pige dans nos REER entre temps, on se construit un filet de sécurité », ajoute-t-il.

Certains employeurs permettent également aux employés de racheter des années de services pour bonifier leur retraite. Les programmes peuvent aider le conseiller à établir une stratégie de retraite anticipée.

« Des fois, des gens peuvent prendre des actifs de leur REER et racheter certaines années où ils n’ont pas cotisé pour une raison ou une autre », dit Guylaine Dufresne.

Si le client en a assez de travailler là où il est, le conseiller peut lui proposer de se trouver un emploi à temps partiel. Une retraite plus progressive, évitera l’impact financier d’un arrêt complet de travail. 

Daniel Laverdière souligne que les avantages fiscaux reliés à la retraite sont réduits lorsqu’elle est devancée. Il n’est par exemple, pas permis de fractionner les revenus avec partenaire de vie avant 65 ans.

« Quand on se retire plus jeune, il faut accepter que la facture fiscale risque d’être un peu plus élevée parce qu’on ne pourra pas fractionner avec le conjoint », dit-il.