Tout d’abord, une mise en contexte s’impose. Historiquement, lorsque la BdC modifie le taux directeur, les institutions financières modifient leur taux préférentiel du même pourcentage. Ceci n’a pas été le cas lors de la crise financière, puisque malgré les deux dernières baisses du taux d’escompte de la BdC, les institutions financières n’ont pas permis aux consommateurs d’en bénéficier. En effet, leur taux d’escompte n’a pas diminué, ce qui a permis aux institutions financières d’augmenter leurs marges bénéficiaires.

Par contre, à la suite des deux récentes augmentations du taux d’escompte de la BdC, les institutions financières ont augmenté leur taux préférentiel du même écart, évitant ainsi de remettre aux consommateurs la marge de manœuvre dégagée pendant la crise.

Comme vous le savez, lorsque l’on détient un produit à taux variable, nous avons l’option de le convertir à un taux fixe à tout moment. Par contre, si l’hypothèque est détenue auprès d’une banque traditionnelle, la possibilité de la geler celui-ci est offerte seulement au taux affiché. Par conséquent, si un client a contracté une hypothèque à taux variable il y a six mois, il lui est possible de la fixer au taux affiché, soit présentement à 4.84% pour 5 ans. Étant donné que le taux préférentiel devra augmenter d’au minimum encore 2% avant que le taux variable dépasse le taux offert, la démarche visant à la convertir à un taux fixe ne vaut clairement pas la peine.

En effet, des simulations ont été analysées par l’équipe de planification financière du cabinet WHITEMONT, afin d’illustrer notre point de vue :

Mise en situation

Supposons un individu ayant pris une hypothèque six mois auparavant à un taux variable de T.P. – 0.5% = 2.70% et le solde est actuellement de 200,000$.‎ L’amortissement restant est de 24,5 ans et il reste encore 4,5 ans jusqu’à l’échéance de l’hypothèque.

Scénario 1 : On conserve le taux variable en supposant une augmentation massive du taux préférentiel des banques de 2.50% au total (augmentation de 0.25% à chacune des dix prochaines rencontres de la BdC, le faisant passer de 3.2 % à 5.7 % à la suite de ces 10 réunions). En considérant un paiement hebdomadaire de 266.64$, le solde hypothécaire deviendrait alors de 177,990$ dans 4,5 ans.

Scénario 2 : On convertit le taux variable à un taux fixe à 4.84% pour le reste du terme de 4,5 ans. En considérant le même paiement hebdomadaire de 266.64$ le solde hypothécaire deviendrait alors de 178,439$ dans 4,5 ans.

On constate alors que même si l’on prévoit une augmentation massive des taux, cela ne vaut pas la peine de fixer le taux à celui affiché. Étant donné qu’en réalité les taux n’augmenteront pas aussi dramatiquement, le scénario du statu quo semble être l’option la plus avantageuse.

Nous maintenons notre position quant à l’augmentation surprise du taux d’escompte par la BdC qui risque d’amener une récession au Canada dans les prochains 6 à 18 mois. Si notre hypothèse s’avère exacte, la BdC aura tendance à baisser à nouveau le taux d’escompte pour stimuler l’économie.

Nous nous sommes donc amusés à produire un autre scénario où la BdC irait de l’avant avec son plan irresponsable de hausse de taux en l’augmentant de 0.25% à chacune des quatre prochaines rencontres, totalisant en mars 2018 : 1% de plus qu’aujourd’hui. Ensuite, nous prenons comme hypothèse une mise en suspend de 6 mois afin d’observer le ralentissement économique. Un ralentissement qui, selon nous, se traduirait de façon certaine par une récession. La BdC sera alors obligée de rabaisser le taux à chacune des 6 rencontres suivantes afin de revenir à la case départ (soit avant la première hausse de juillet 2017) en avril 2019. Si l’on conserve le taux variable, en considérant un paiement hebdomadaire de 266.64$, le solde hypothécaire serait alors de 158,548$ dans 4,5 ans.

Nous croyons vraiment qu’advenant une continuelle augmentation du taux d’escompte par la BdC, le dernier scénario s’avère le plus plausible et que le statu quo, c.-à-d. de maintenir le taux variable, demeurera la meilleure option.

Ainsi, la crainte actuelle de convertir le taux variable n’est pas justifiée. Évidemment, le taux variable ne convient pas à tout le monde. Avant tout, il est primordial de faire une analyse du profil du client au même titre que le profil d’investisseur pour s’assurer de sa tolérance au risque. Une fois le taux variable choisi, nous conseillons, dans le contexte actuel, de le conserver jusqu’à l’échéance.

La gestion du passif fait partie intégrante de la situation financière du client et en représente parfois même « la » plus grande part. Il est donc primordial de confier son analyse à un professionnel objectif qui saura bien guider votre client et s’assurer qu’il en saisisse bien la valeur. Après tout, la gestion du passif n’est-elle pas tout aussi importante que celle des actifs?