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À la suite du coup de massue de la Banque du Canada (BdC), qui a augmenté le taux directeur de 1% le 7 juillet dernier, la hausse totale du taux directeur égale la hausse aux États-Unis à 2,25%. Cette augmentation massive a été faite en l’espace de seulement quatre mois, ce qui représente l’augmentation la plus agressive de l’histoire récente. De façon générale, une augmentation de taux requiert environ six mois afin que l’impact soit ressenti dans l’économie. Le but de cette augmentation massive est de ralentir l’économie le plus tôt possible afin que l’inflation galopante finisse par reculer.

Les banques centrales ont été blâmées pour avoir pris leur temps avant d’agir face à l’inflation qui augmentait pendant la pandémie. Elles pensaient que l’inflation serait transitoire. Cela sera effectivement le cas, mais l’inflation durera beaucoup plus longtemps que les prévisions, et elle n’aurait pas baissé sans cette réaction massive des banques centrales.

La bonne nouvelle est que le consommateur se trouve dans une position solide. Depuis le déconfinement, l’activité économique liée au divertissement et aux loisirs a explosé. En même temps, les achats de biens et produits sont généralement à la baisse. Les dépenses des ménages se sont déplacées vers le secteur des services.

L’économie absorbe relativement bien les augmentations des taux malgré le fait que l’on constate quand même un ralentissement économique. Cet affaiblissement est particulièrement prononcé dans l’immobilier, qui a ralenti brusquement et de façon importante. Le nombre de ventes de maisons a reculé significativement dans tous les grands centres, et plusieurs observateurs anticipent une baisse des prix pouvant aller jusqu’à 20%.

Cette situation est normale. Les taux hypothécaires ont plus que doublé en moins d’un an. Une augmentation de 2,5% représente un budget additionnel après impôt de 625 $ par mois pour une hypothèque de 300 000 $. Cela a un impact réel sur le budget des ménages. Il est donc normal que les acheteurs potentiels révisent à la baisse le prix qu’ils sont prêts à payer pour une maison.

La dernière chose que les banques centrales désirent est de voir les taux augmenter au niveau du point de non-retour et provoquer une récession. Le marché anticipe que les taux augmenteront encore de 1 à 1,25% d’ici la fin de l’année.

Bonne nouvelle : plusieurs signaux montrent que l’inflation recule. Nous pensons que cette situation s’accentuera au cours des prochains mois. En effet, les prix du pétrole et de l’essence ont reculé depuis les sommets qu’ils avaient atteints. Même chose pour le prix des métaux et des commodités. Le prix du blé a baissé de 50% depuis son plus haut point pour se retrouver au même niveau qu’avant la guerre en Ukraine. L’augmentation du dollar américain et du dollar canadien face à d’autres devises fait en sorte que le prix des produits importés recule. Les inventaires, pour leur part, ont augmenté. Face au ralentissement économique, on verra donc des prix diminuer. Finalement, la masse monétaire baisse depuis le mois de janvier.

Pour toutes ces raisons, nous prévoyons que les banques centrales mettront un frein aux augmentations de taux durant l’automne. En conséquence, les probabilités d’une récession l’année prochaine demeureront faibles.

Évidemment, un autre scénario possible est que les banques centrales continuent d’augmenter les taux de façon agressive afin de provoquer une récession qui règlera le problème de l’inflation de façon permanente. Compte tenu que l’inflation est en voie de baisser, nous n’accordons pas un poids important à cette possibilité.

Dans les deux scénarios, on doit s’attendre à des baisses des taux pour donner un souffle à l’économie.

Compte tenu que les taux hypothécaire fixes sont aux alentours de 5% et que les taux variables dépasseront ce niveau si le taux directeur augmente davantage, notre recommandation demeure d’opter pour un terme d’un an qui coûtera moins cher et qui donnera de la flexibilité de choisir la meilleure option lorsque la poussière retombera.

La gestion du passif fait partie intégrante de la situation financière du client et en représente parfois même « la » plus grande part. Il est donc primordial de confier l’analyse de celle-ci à un professionnel objectif qui saura bien le guider et s’assurer qu’il en saisit bien la valeur. Après tout, la gestion du passif en soi n’est-elle pas tout aussi importante que celle des actifs ?