Une homme d'affaire qui réfléchit penché sur son téléphone sur un fonds transparent de graphiques boursiers,
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Dans sa plus récente note, Howard Marks d’Oaktree Capital Management avance que pour en arriver à un historique de rendement supérieur à long terme, l’investisseur doit chercher à « faire un peu mieux que la moyenne chaque année » et « grâce à la rigueur, obtenir des résultats relatifs de bien supérieurs en période inclémente ». Cette approche, selon lui, permettrait d’éviter la volatilité extrême et les pertes substantielles. « De plus, ajoute-t-il, les meilleurs piliers pour soutenir un rendement à long terme supérieur à la moyenne reposent essentiellement sur une absence de catastrophes. »

Jusqu’à présent cette année, les actifs risqués des investisseurs ont dégagé des rendements plutôt robustes. Mais pendant combien de temps cette période faste pourra-t-elle durer?

À mon avis, nous en sommes aux dernières phases du cycle économique actuel; les données fondamentales de l’économie et des entreprises devraient donc s’affaiblir au cours des trimestres à venir. Quelques drapeaux rouges flottent actuellement sur le marché. Premièrement, les actifs risqués réagissent positivement tant aux bonnes qu’aux mauvaises nouvelles économiques, ce qui laisse croire à un degré relativement élevé de complaisance quant aux risques macroéconomiques. Deuxièmement, nous avons vu quelques pessimistes de renom devenir optimistes, ce qui peut signaler le genre de capitulation qu’on observe vers le sommet du marché.

Devant le chemin emprunté par les taux de rendement obligataires du gouvernement, les titres à revenu fixe ont effectivement dû subir une revalorisation. En revanche, les autres catégories d’actif qui sont moins concernées par les taux d’intérêt évoluent selon moi dans un monde où une réévaluation adéquate du coût du capital et des primes de risque manque à l’appel. La montée de la fin d’août n’était pas sans rappeler 2021, quand le marché avait cru avec optimisme que l’inflation serait passagère. Le S&P 500 a franchi la fin d’août à peu près au même point qu’il y a deux ans, c’est-à-dire à 4 508 en 2023 par rapport à 4 523 en 2021. Sous certains aspects, les marchés des titres à risque pourraient brûler les étapes encore plus qu’ils ne l’ont fait il y a deux ans.

L’inflation n’a pas été provisoire, et si l’on souhaite maintenir le prix actuel des actifs, nous avons besoin à la fois d’un atterrissage en douceur et d’une baisse des taux. Mais il semble bien improbable qu’on fasse les deux, et même possible qu’on ne fasse ni l’un ni l’autre. La valorisation des actions des entreprises publiques fortement capitalisées, des marchés privés et de l’immobilier s’est-elle convenablement adaptée au régime de taux d’intérêt élevés? En fin de compte, les primes de risque finiront éventuellement par retourner là où elles devraient être. Toutefois, cette revalorisation risque fort d’entraîner de la turbulence.

Il va sans dire que détenir un mandat souple pendant ces périodes difficiles peut s’avérer très utile. Au crépuscule de ce cycle économique, je m’attends à voir l’émergence d’un plus grand nombre d’occasions. Pour cette raison, notre pondération à découvert, qui aurait été principalement composée de bons du Trésor il y a quelques années, regroupe maintenant surtout des actifs risqués de nature indicielle, notamment des indices boursiers (comme le S&P 500, le Russell 2000 et le NASDAQ), des indices de crédit et des participations dans des titres de créance individuels. Des couvertures sur la duration ont été maintenues, mais je ne m’attends pas à ce que cette composante soit la plus grande source de risques à l’avenir. Nous avons une position nette décemment longue sur les obligations de sociétés et les titres d’État (par exemple les bons du Trésor à 6 mois du Canada et des États-Unis) et à découvert du côté des bons du Trésor à 10 ans.

Bref, le moment est particulièrement propice pour ajouter de la valeur en effectuant des opérations proactives qui ont pour but de protéger le capital, de minimiser les baisses et de créer de bonnes bases sur lesquelles asseoir de solides rendements à long terme supérieurs à la moyenne – et bien entendu, d’éviter les catastrophes.