Une femme d'affaire souriante qui explique un document à une femme assise derrière son bureau.
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Dans le réseau des conseillers au détail, c’est vraiment une période passionnante pour l’industrie canadienne des fonds de couverture, car les règles finales du Règlement 81-102 autorisent officiellement les fonds communs de placement non conventionnels depuis le 3 janvier 2019.

Alors que les institutions, les family offices et les particuliers ayant un patrimoine financier important (HNWI,  en anglais) investissent depuis de nombreuses années dans des placements non traditionnels, l’ajout des fonds communs alternatifs entraînera une transformation pour le secteur du détail. En vertu de cette nouvelle loi, les conseillers canadiens auront un meilleur accès à des produits qui peuvent aider à démontrer leur valeur aux clients, d’autant plus que des règlementations comme le Modèle de relation client-conseiller (MRCC2) font ressortir l’importance des discussions sur les honoraires des conseillers.

Les épargnants pourront donc profiter de la diversification, de la réduction des risques et des rendements non corrélés que procurent les placements non traditionnels, surtout à l’approche de la fin du cycle économique actuel, dans un contexte de hausse des taux d’intérêt.

L’AIMA Canada a récemment publié un manuel de lancement de fonds communs de placement non traditionnels qui fournit des données essentielles sur l’adoption par les conseillers, le lancement de produits et les défis auxquels l’industrie des fonds alternatifs continue de faire face, peu importe la structure des fonds. Ce manuel comprend les résultats d’un sondage national que nous avons mené pour comprendre comment l’industrie est susceptible de réagir à la nouvelle legislation. Il reflète les réponses de plus de 100 gestionnaires de fonds, de fournisseurs de services et de conseillers en placement.

Principaux résultats de l’enquête : tendances en matière d’allocation et d’adoption

Le but de l’enquête était de fournir des données pour aider à quantifier l’impact des fonds communs de placement non traditionnels sur l’industrie des placements non traditionnels au Canada. On espérait connaître la demande actuelle en matière de lancement de fonds non traditionnels liquides en vertu de ces modifications, ainsi que l’intérêt des conseillers en placement à acheter ces produits. Des gestionnaires et des fabricants de fonds, des fournisseurs de services et des conseillers en placement y ont participé.

En moyenne, les conseillers en gestion de patrimoine affectent actuellement 11 % de leur actif à des fonds de couverture dans des portefeuilles d’investisseurs, principalement à des fins de diversification, de réduction des risques ou de rendements non corrélés. En moyenne, les conseillers en gestion de patrimoine interrogés prévoient que 9 % de leur portefeuille sera investi dans des fonds communs de placement non traditionnels, bien que 22 % d’entre eux estiment que le quart du portefeuille pourrait être attribué à ces stratégies. Les positions acheteur et vendeur d’actions sont la stratégie privilégiée pour les allocations actuelles et projetées ; le crédit à long et à court terme, les fonds d’actions neutres par rapport au marché et les fonds multistratégies suivent de près.

Pour mettre cela en contexte, au début de 2018, les fonds « 40 Act » représentaient 250 milliards de dollars américains aux États-Unis, et les OPC (Organismes de placement collectif en valeurs mobilières) alternatifs en Europe représentaient 350 milliards de dollars américains (Preqin). 35 % des conseillers ont déclaré avoir investi dans des OPC « 40 Act » et alternatifs et 16 % ont déclaré envisager de le faire dans l’avenir. Selon certaines projections, le marché canadien des fonds communs de placement alternatifs se situerait entre 20 et 100 milliards de dollars canadiens au cours des cinq prochaines années (Banque Scotia et CIBC).

Cette perturbation pourrait entraîner une érosion des ventes de fonds de couverture privés, car une forte majorité (81 %) des conseillers en gestion de patrimoine préféreraient les placements liquides aux produits à notice d’offre. Près de la moitié des conseillers en gestion de patrimoine interrogés préfèrent investir dans des gestionnaires canadiens, tandis que l’autre moitié n’ont aucune préférence entre un gestionnaire canadien et un gestionnaire international.

Calendrier de lancement et d’adoption

De nombreux gestionnaires interrogés estiment que les modifications réglementaires proposées vont généralement dans le sens de leurs stratégies actuelles, puisque les trois quarts d’entre eux explorent, planifient ou mettent en œuvre le lancement de nouveaux produits de fonds. La moitié de tous les gestionnaires interrogés prévoient lancer des fonds communs de placement alternatifs au cours de la première année suivant la mise en œuvre des règles finales, et la majorité des gestionnaires prévoient gérer ces fonds communs de placement alternatifs à l’interne. Les gestionnaires s’attendent à une croissance moyenne de l’actif géré de l’ordre de 14 % au cours de l’année suivant les modifications réglementaires, mais d’autres prévoient une croissance de l’actif de 25 %.

Honoraires de performance

Près de la moitié de tous les conseillers en gestion de patrimoine interrogés sont mal à l’aise à l’idée de payer des frais de rendement, quelle que soit la structure du fonds, et 11 % ne sont à l’aise qu’avec les frais de rendement des produits à notice. Comme la moitié des gestionnaires interrogés prévoient lancer des produits assortis de commissions de performance, cela démontre clairement la nécessité de mieux faire connaître le rôle que jouent les commissions de performance dans l’alignement des intérêts des gestionnaires et des investisseurs. Cela illustre également l’examen (peut-être injuste) de l’industrie canadienne en ce qui concerne les frais.

Éducation et compréhension

70 % de tous les conseillers en gestion de patrimoine interrogés estiment que leur compréhension des options non traditionnelles est « élevée » ou « très élevée ». Des lacunes persistent dans la compréhension de la diligence raisonnable des fonds de couverture, de la terminologie, des nomenclatures et des stratégies d’investissement qui y sont associées. En outre, la majorité des conseillers en gestion de patrimoine qualifient de « faible » ou « très faible » la compréhension qu’ont leurs investisseurs des options alternatives, ce qui souligne clairement la nécessité de poursuivre les efforts de formation, tant pour les conseillers que pour les investisseurs.

Difficultés

L’une des difficultés les plus fréquemment citées dans l’adoption de fonds de couverture est le fardeau associé à l’achat de produits de fonds de couverture à notice d’offre. Parmi les autres difficultés fréquemment citées, mentionnons les frais, la liquidité et, enfin, les cotes de risque, une question qui persistera certainement à court terme pour les produits de fonds communs de placement alternatifs ainsi que pour les courtiers qui seront à l’aise avec de nouveaux produits. Les gestionnaires qui envisagent et/ou lancent des fonds communs de placement alternatifs sont plus susceptibles d’être gênés par des réseaux de distribution de fonds inadéquats et par des charges opérationnelles lorsqu’ils s’adaptent aux changements réglementaires.

Plaidoyer, formation et perspectives d’avenir

AIMA Canada a été à l’avant-garde de cette restructuration de l’industrie depuis le début des projets en 2013, ayant participé à de multiples conversations avec les organismes de réglementation des CSA et ayant soumis des lettres officielles de commentaires. Ce travail se poursuivra, car nous prévoyons que cette structure évoluera au fil du temps (comme l’ont fait les OPC alternatifs en Europe) à mesure que les investissements alternatifs deviendront une partie commune du portefeuille moyen des investisseurs.

Pour faciliter la compréhension, la mise en œuvre et l’adoption de cette nouvelle législation, AIMA Canada offre les ressources suivantes.

  • un questionnaire abrégé sur la diligence raisonnable (DDQ, anglais) pour les sièges sociaux des courtiers, y compris un module Liquid Alt DDQ
  • un DDQ d’une page pour que les conseillers évaluent les placements alternatifs
  • présentation des crédits de formation continue sur les stratégies de rechange et les avantages de les ajouter à un portefeuille
  • un document d’orientation sur l’évaluation du risque à l’intention des sièges sociaux des courtiers
  • un séminaire Web enregistré sur les règles définitives de l’IN 81-102
  • Manuel sur le lancement de fonds communs de placement alternatifs