Un homme d'affaire mettant un bout de bois pour retenir une tour en plots.
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Les dernières modifications apportées au Règlement NI 81-102 placeront les fonds d’investissement alternatifs à la portée des investisseurs particuliers. Ce nouveau contexte pourrait engendrer l’expansion du marché des produits d’investissement alternatifs, qui n’étaient auparavant accessibles qu’aux investisseurs qualifiés. Par conséquent, certaines prédictions précoces prévoient que le marché canadien des fonds communs de placement alternatifs pourrait atteindre 20 milliards de dollars canadiens (G$) au cours des cinq prochaines années.

En raison des méthodes actuelles d’évaluation des risques, les fonds alternatifs sont souvent présentés aux particuliers comme hautement risqués. Le nombre d’investisseurs pouvant accéder à ces produits s’en retrouve ainsi limité, et les maisons de courtage superposent souvent des politiques d’évaluation des risques supplémentaires aux normes établies par la Commission canadienne des valeurs mobilières (CCVM).

Les placements alternatifs jouent un rôle clé dans un portefeuille équilibré, offrant aux investisseurs une diversification, une réduction des risques et des rendements non corrélés, selon Belle Kaura, présidente d’AIMA Canada ainsi que chef de la conformité et vice-présidente aux affaires juridiques chez Third Eye Capital.

« Il est impératif, surtout en fin de cycle économique, dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, que les investisseurs canadiens ne se voient pas refuser l’accès aux avantages des stratégies alternatives en attribuant une cote de risque simpliste et injuste à tous les investissements alternatifs qui présentent un risque élevé », note-t-elle.

L’AIMA et la Chartered Alternative Investment Analyst Association (CAIAA) ont présenté un nouveau système pour aider à simplifier les méthodes d’évaluation des risques dans les maisons de courtage en valeurs mobilières. En s’appuyant sur la rétroaction cohérente des sociétés membres de l’AIMA, selon lesquelles les évaluations des risques pour les particuliers évaluent injustement les produits de façon automatique comme présentant des risques élevés, de nouvelles directives ont été publiées au sujet de ces méthodes d’évaluation.

Le nouveau système d’évaluation des risques proposé par ces associations est fondé sur l’écart-type médian des fonds au sein des indices (voir le tableau ci-bas). Aucun autre fonds commun de placement ou stratégie ne sera placé dans la catégorie « à faible risque » sur la base de ce système.

« La Directive de l’AIMA Canada et de la CAIA concernant l’évaluation des risques vise à éliminer les obstacles à la distribution, en alignant plus équitablement les évaluations des risques sur le risque réel en fonction du type de stratégie alternative spécifique et de la diligence raisonnable qualitative du gestionnaire et du produit, souligne Belle Kaura. Nous préconisons un nouvel examen des systèmes d’évaluation des risques par les courtiers en valeurs mobilières pour toutes les stratégies alternatives, et l’utilisation d’une échelle de risque à cinq niveaux (plutôt qu’à trois seulement) pour une plus grande souplesse, ainsi qu’une exactitude et une cohérence accrues avec l’évaluation des risques des prospectus. »

Les placements alternatifs peuvent faciliter la constitution d’un portefeuille réduisant les risques, et pour permettre aux investisseurs particuliers d’avoir accès à ces produits, les associations prodiguent également les conseils suivants :

  1. Les systèmes d’évaluation des risques additionnels devraient être examinés chez le courtier en valeurs mobilières pour toutes les stratégies de fonds alternatifs, y compris les nouveaux fonds communs de placement alternatifs, afin de mieux refléter leur risque réel.
  2. Toute échelle d’évaluation des risques chez un courtier en valeurs mobilières devrait comprendre cinq catégories de risques (plutôt que seulement trois) correspondant aux cotes de risque du prospectus.
  3. Les catégories de fonds devraient être séparées pour les stratégies de fonds alternatifs et les fonds communs de placement alternatifs. Elles devraient ensuite être élargies de façon à inclure des sous-catégories, afin que les produits puissent être évalués convenablement et individuellement par rapport à leurs pairs.

AIMA Canada et CAIA espèrent que leur proposition permettra d’instaurer un système d’évaluation du risque qui reflète plus précisément le risque moindre auquel ces produits peuvent exposer les portefeuilles, comme l’indique Claire Van Wyk-Allan, directrice et responsable d’AIMA Canada : « Les investisseurs canadiens méritent d’avoir la possibilité d’avoir accès aux talents et aux stratégies gérées par des boutiques et des établissements établis sans pour autant exiger un profil d’investissement à risque injustement élevé. »

Cette méthodologie devrait être accompagnée d’une diligence raisonnable de la part du gestionnaire de fonds d’investissement et de la stratégie du fonds lui-même, comme pour tout investissement. Les ressources et le document de référence complet sur l’évaluation des risques peuvent être consultés à l’adresse suivante : http://www.aima.org/.