Homme d'affaire se tenant devant un graphique sur un mur présentant des courbes financières.
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Une demi-douzaine de fonds négociés en Bourse (FNB) de titres à revenu fixe s’appuient désormais sur la vente d’options pour générer des distributions mensuelles élevées. Jusqu’à récemment, ces stratégies d’amélioration du taux de distribution – principalement par l’intermédiaire de la vente d’options d’achat couvertes – n’existaient que dans les FNB d’actions.

Les nouvelles gammes de FNB du genre de quatre émetteurs différents se sont succédé rapidement. La société Hamilton Capital Partners, basée à Toronto, a été la première à se lancer le 14 septembre avec le Hamilton U.S. Bond Yield Maximizer ETF (HBND), qu’elle a présenté comme le premier FNB d’obligations à appels couverts au Canada. Ce FNB vise un taux de distribution initial de 10 %, grâce à son exposition aux obligations à long terme et à la vente d’options.

L’avantage du premier arrivé sur le marché de Hamilton a été de courte durée. À la fin de septembre, Groupe portefeuilles Harvest a lancé le FNB Harvest Rendement supérieur du Trésor, qui vient compléter sa vaste gamme de FNB d’actions avec options d’achat couvertes.

La société torontoise Evolve Funds Group a suivi avec son Fonds rendement amélioré d’obligations Evolve, dont la négociation a débuté le 4 octobre. Ce fonds, qui détient des FNB d’obligations américaines à long terme et utilise des options d’achat couvertes, vise un taux de distribution de 10 %.

FNB Horizons (Canada) a relevé la barre avec sa gamme à rendement supérieur (Premium Yield) de trois FNB obligataires, qui a été mise en vente le 5 octobre.

Naseem Husain, premier vice-président et stratège FNB chez Horizons, dont le siège social est situé à Toronto, note que les ventes de FNB d’obligations couvertes ont été fortes et qu’il y a un regain d’intérêt pour les titres à revenu fixe. Les FNB à rendement supérieur répondent à ces deux tendances.

« Nous ne nous sommes pas contentés de proposer une solution, nous avons décidé d’en faire une gamme, souligne Naseem Husain. Nous offrons un produit de duration courte, de duration moyenne et de duration longue. »

Le point commun de tous ces nouveaux produits est qu’ils investissent sur le marché obligataire américain. Et ils ne le font pas en détenant directement des obligations, comme le font la plupart des FNB obligataires. Ils détiennent plutôt des FNB obligataires cotés aux États-Unis pour lesquels des options peuvent être vendues afin de générer des primes. Ces primes étant considérées comme des gains en capital, elles sont imposées dans les comptes non enregistrés à des taux inférieurs à ceux des intérêts obligataires.

« La volatilité et l’incertitude qui entourent l’évolution des taux d’intérêt se traduisent par des primes très attrayantes », explique Paul MacDonald, directeur des investissements de Groupe portefeuilles Harvest, une société basée à Oakville (Ontario).

« Les options sont tarifées en fonction de la volatilité attendue, ce qui nous permet de générer des flux de trésorerie très intéressants à partir de notre stratégie d’options, tout en conservant une exposition aux bons du Trésor américain sous-jacents. »

Le FNB Harvest Rendement supérieur du Trésor est positionné à l’extrémité longue de la courbe de rendement, avec une durée d’environ 16,8 ans, de sorte que les avoirs sous-jacents sont très sensibles aux variations des taux d’intérêt du marché.

Par exemple, bien que cela soit considéré comme très improbable à ce stade du cycle des taux, une nouvelle hausse de 100 points de base des taux d’intérêt des obligations à long terme se traduirait par une chute de 17 % de la valeur des obligations sous-jacentes détenues par Harvest. Les primes d’options ne compenseraient qu’une partie de ces pertes.

Tout en reconnaissant le risque de hausse des taux, Paul MacDonald explique que la contrepartie était des primes d’options plus élevées pour le FNB, ce qui lui permet de viser un taux de distribution de 15 %, soit environ le triple de celui des FNB obligataires américains sous-jacents qu’il détient. Actuellement, Harvest vend des options sur environ 75 % de son portefeuille de FNB obligataires, et peut aller jusqu’à 100 %.

Le trio de FNB Horizons répond à un éventail plus large de profils de risque, tout en visant à fournir des distributions accrues. Le FNB Horizons Titres du Trésor américain à long terme à rendement supérieur, d’une durée supérieure à 10 ans, est plus risqué. Son taux de distribution initial cible est de 10,5 %, soit plus du double de celui des FNB obligataires sous-jacents.

Ce FNB convient aux investisseurs qui souhaitent générer des revenus élevés tout en bénéficiant d’un potentiel d’appréciation du capital, affirme Naseem Husain. Étant donné que le prix des obligations évolue dans le sens inverse des taux d’intérêt, les portefeuilles de titres à revenu fixe à longue échéance sont ceux qui bénéficient le plus d’une baisse des taux d’intérêt.

À l’autre extrémité du spectre des risques se trouve le FNB Horizons Titres du Trésor américain à court terme à rendement supérieur, dont la durée cible est inférieure à trois ans et dont le taux de distribution annuel cible initial est de 7,5 %. Selon Naseem Husain, les détenteurs de ce FNB peuvent profiter de l’inversion de la courbe des taux, les taux à court terme dépassant les taux à long terme, tout en obtenant des revenus supplémentaires grâce à la vente d’options.

Le FNB Horizons Titres du Trésor américain à moyen terme à rendement supérieur, d’une durée cible de cinq à dix ans, occupe une position intermédiaire. Son taux de distribution cible, encore une fois soutenu par la vente d’options, est de 9 %.

Contrairement aux autres nouveaux produits à rendement amélioré, Horizons utilise à la fois des options d’achat et de vente. Actuellement, Vernon Roberts, stratège en options chez Horizons, privilégie ce que l’on appelle les stratégies de double option (straddles), c’est-à-dire un nombre égal de contrats d’options d’achat et d’options de vente sur le même titre.

À la fin du mois d’octobre, Vernon Roberts détenait 10 % d’options d’achat et 10 % d’options de vente sur le FNB à court terme, ainsi que des chevauchements de 15 % et 20 %, respectivement, sur les FNB à moyen et à long terme. Les positions doubles produisent les meilleurs rendements pour le vendeur d’options si le prix du titre sous-jacent reste relativement stable.

La stratégie d’options entièrement active d’Horizons offre une grande latitude pour s’écarter de l’accent mis actuellement sur les straddles. Si le cycle des taux d’intérêt s’oriente vers « une série de baisses de taux, explique Vernon Roberts, nous pouvons nous orienter vers la vente de plus d’options de vente que d’options d’achat ». Ce faisant, les investisseurs du FNB Horizons bénéficieraient davantage de la hausse des prix des obligations.

Les frais de gestion, plus élevés que ceux des FNB indiciels obligataires, réduisent en partie les rendements des stratégies axées sur les options. Les frais d’Horizons sont de 35, 40 et 45 points de base, respectivement, pour les FNB à court, moyen et long terme.

D’autres fournisseurs facturent 0,45 % pour leurs offres, bien qu’Evolve renonce à ses frais jusqu’au 31 mars. À titre de comparaison, le taux courant des FNB d’obligations américaines au marché large est de 20 points de base, soit moins de la moitié du coût d’une stratégie d’options.

La décision d’investir dans une stratégie de vente d’option d’achat sur des titres à revenu fixe, en particulier à l’extrémité longue de la courbe des échéances, sera influencée par les perspectives de l’investisseur en matière de taux d’intérêt.

« Si vous pensez que les taux resteront élevés plus longtemps, les options d’achat couvertes sur les titres à revenu fixe ont du sens », assure Paul MacDonald. De même, si les taux baissent légèrement ou relativement lentement au fil du temps, la stratégie fonctionne également, car les options sont vendues « hors-jeu ».

Dans le cas très haussier des obligations à long terme, la vente d’options limitera les gains. « Dans la plupart des contextes de taux d’intérêt, l’option d’achat couverte – pour ceux qui cherchent à obtenir un revenu supplémentaire – a du sens », continue Paul MacDonald, à moins que l’investisseur ne s’attende à une chute brutale des taux à long terme sur une courte période.