La plupart des Canadiens ont vraisemblablement une ample participation au secteur des services financiers, qui est dominé par les grandes banques, par le biais de leurs fonds d’actions canadiennes diversifiés. Mais pour ceux qui aiment les perspectives du secteur bancaire mais aimeraient aussi diversifier géographiquement leur portefeuille, le FNB SPDR S&P Bank (KBE) est une possibilité intéressante. Ce fonds négocié en bourse très concentré piste l’indice S&P Banks Select Industry Index, qui contient 61 banques établies aux États-Unis.
S&P affecte une pondération égale aux avoirs de l’indice, quoiqu’il effectue les ajustements nécessaires pour garantir une liquidité suffisante. Cela signifie que le portefeuille n’est ni concentré, ni dominé par les grandes banques comme Bank of America (BAC) et JPMorgan Chase (JPM).Cette approche d’équipondération peut créer une plus forte rotation qu’avec un fonds comparable qui piste un indice pondéré selon la capitalisation boursière. En fait, la rotation du fonds a été de 29 % pour l’année terminée en décembre 2014. S&P rééquilibre l’indice chaque trimestre.
Ce portefeuille équipondéré affuble aussi KBE d’un penchant pour les moyennes capitalisations. Les petites et les moyennes capitalisations représentent 85 % du portefeuille. Par conséquent, la capitalisation moyenne des avoirs du fonds est de 6,7 milliards de dollars américains (G$). Contrairement aux fonds du secteur financier dans son ensemble, KBE exclut les institutions financières non bancaires comme les FPI et les compagnies d’assurance, et a donc tendance à être légèrement plus volatil que ses homologues sectoriels plus diversifiés.
Bien que la plupart des banques de dépôts traditionnelles aux États-Unis couvrent une partie de leur risque lié aux taux d’intérêt, elles sont particulièrement affectées par les fluctuations de la courbe des rendements. Une courbe de rendement plus plate réduit l’écart entre le taux auquel les banques peuvent emprunter et prêter car elles financent la plupart des prêts à long terme au moyen de dépôts à court terme. Une courbe de dépôt plus raide tend à avoir l’effet inverse. Par conséquent, KBE est un bon avoir satellite tactique pour les investisseurs qui ont une tolérance au risque élevée et qui veulent miser sur le raidissement de la courbe des rendements et d’autres améliorations du secteur bancaire américain.
Contrairement à de nombreux autres secteurs boursiers américains, celui des services financiers n’en est pas encore revenu à son sommet d’avant la crise financière. Les raisons en ont été bien documentées, notamment une réglementation plus rigide, des taux d’intérêt qui continuent à être très faibles, des dépréciations d’actifs et des exigences de capitaux accrues. Les investisseurs dans KBE sont confrontés à d’énormes risques afférents à l’économie américaine, du fait que de petites variations des chiffres du chômage et de la confiance du consommateur peuvent avoir un fort impact sur les taux de remboursement des prêts et la volonté d’emprunter. La solidité du marché de l’habitation peut aussi avoir un effet important sur le taux de remboursement des prêts et le désir d’emprunter. En plus de ces risques, les banques commerciales et les caisses d’épargne se heurtent à un environnement règlementaire défavorable, des exigences de capitaux accrues et des taux d’intérêt faibles, ce qui peut limiter leur rentabilité et accroître la concurrence.
Au cours des cinq dernières années, KBE a affiché un écart-type de 18,4 %, bien plus élevé que la volatilité de 11,9 % du S&P 500 durant cette période, et légèrement supérieur aux niveaux de volatilité de 15 à 16,5 % subis par les FNB du secteur financier américain pendant la même période.
Vision fondamentale
Les banques américaines ont surclassé l’ensemble du marché boursier américain en 2015. La qualité du crédit a été excellente, et les investisseurs sont de nouveau optimistes quant aux perspectives d’une hausse des taux d’intérêt et son impact sur le secteur bancaire. Les banques ont également profité d’une certaine accalmie, sans mauvaises nouvelles ni problèmes de crédit dans le secteur énergétique, et du règlement de la plupart des problèmes liés à la crise financière.
La faiblesse persistante des taux d’intérêt a continué d’exercer des pressions sur les marges nettes d’intérêt des banques. Il se peut bien que la hausse des taux représente une aubaine à long terme pour les banques, mais tout avantage immédiat d’une hausse des taux d’intérêt serait au mieux atténué, car des taux plus élevés ne se traduiraient pas à tout coup par des bénéfices plus élevés pour les banques. Les bénéfices et les évaluations des banques sont davantage dictés par les marges d’intérêt nettes, qui sont plus stables avec le temps, que par les taux d’intérêt. Les analystes d’actions de Morningstar ne prévoient pas que les revenus provenant des écarts d’intérêt s’accroîtront de sitôt, mais pensent plutôt que les rendements faibles des prêts causeront une stagnation, voire un déclin des revenus provenant des écarts d’intérêt.
Les grandes banques sont bien mieux capitalisées qu’elles ne l’étaient avant la crise financière mais un test de résistance effectué par la Réserve fédérale américaine en mars 2015 sur 31 grandes banques américaines a tout de même fait surgir des craintes relatives à certains grands organismes de prêt. Bien que nombre de grandes banques, notamment Citigroup (C) (qui avait échoué à l’un des tests en 2014), aient satisfait aux tests de résistance, Bank of America a été enjointe de soumettre à nouveau son plan de capitalisation à cause d’une soi-disant insuffisance de capital.
Comme on s’y attendait, les activités de fiducie de deux grandes banques européennes, Deutsche Bank (DB) et Banco Santander (SAN), ont échoué elles aussi. La plus grande inquiétude, c’est que les banques continuent de se heurter aux coûts réglementaires, juridiques et de conformité élevés pratiqués dans toute l’industrie, qui continuent à affecter les résultats des banques. Pour compenser la baisse du revenu provenant des écarts d’intérêt et du resserrement des marges de crédit, les banques continuent de réduire leurs dépenses, notamment en réduisant leurs effectifs et le nombre de leurs succursales.
Les banques américaines se sont bien positionnées pour l’avenir; les tests de résistance montrent que les banques sont généralement mieux capitalisées de nos jours et peuvent résister à de sérieux chocs économiques. À la suite des mesures volontaristes prises par les banques dans le but de se recapitaliser après la crise financière et d’une prise de risque moins grande au cours des dernières années, les ratios de capital des banques se sont améliorés. L’amélioration du marché de l’habitation a également réduit le besoin de réserves et permis aux banques de diminuer leurs provisions de pertes sur prêt. (Les banques dans l’ensemble ont réussi moyennement à améliorer leur bilan.)
Ce qui affecte aussi la rentabilité des banques depuis quelque temps, ce sont les frais limités des cartes de débit, les coûts de conformité élevés et l’augmentation des contraintes réglementaires qui empêchent les banques d’utiliser les dépôts pour effectuer des négociations pour compte propre. La baisse du chômage a été un avantage, le chômage conservant en général les taux d’emprunt et de remboursement à un niveau faible.
KBE exige un ratio des frais de gestion de 0,35 %, ce qui est raisonnable compte tenu de sa nature de produit de créneau. Toutefois, il existe des FNB spécialisés dans le secteur financier qui sont moins chers. Les volumes de transactions de KBE se situant en moyenne à 1,6 million de parts aident à minimiser les écarts entre cours acheteur et vendeur et l’impact boursier des transactions.