Les termes « fonds passif » et « fonds indiciel » sont souvent utilisés l’un pour l’autre, mais ils ne sont pas exactement synonymes. En gros, tous les fonds indiciels sont passifs mais tous les fond passifs ne sont pas indiciels, du moins pas dans le sens traditionnel. Alors, quelle est la différence?
Premièrement, parlons de ce que l’on veut dire en utilisant chacun de ces termes. Le terme « fonds indiciel » est assez simple. Il fait référence à n’importe quel fonds, qu’il s’agisse d’un fonds mutuel traditionnel ou d’un fonds négocié en bourse, dont le portefeuille est géré de manière à reproduire les avoirs d’un indice traditionnel, tel que le S&P/TSX 60 ou l’Indice obligataire universel FTSE TMX Canada. Le terme « fonds passif » est souvent employé pour différencier ces fonds de ceux qui utilisent une stratégie active, dans lesquels un gestionnaire de fonds choisit des titres qui d’après lui permettront au fonds de surclasser son indice. Dans un sens, un fonds passif est un fonds dans lequel aucune sélection active de titres n’a lieu, mais où l’on emploie plutôt une méthode ou une formule pour gérer le portefeuille du fonds.
Du fait que les fonds indiciels cherchent simplement à refléter un indice et rien de plus, ils sont considérés comme des fonds passifs. Et puisque la grande majorité des fonds passifs pistent des indices traditionnels, il n’est pas rare d’entendre quelqu’un employer le terme de fonds passif en faisant spécifiquement référence à un fonds indiciel traditionnel. Néanmoins, il y a certains fonds qui sont gérés passivement ou peuvent être considérés comme tels, mais qui ne sont pas des fonds indiciels traditionnels. Ils investissent en employant des critères ou des formules rigoureusement perfectionnés, sans intervention humaine, dans la sélection de chaque titre, et pourtant ils ne pistent pas un indice traditionnel.
Ces fonds passifs ou fonds indiciels non traditionnels sont offerts sous diverses formes, en fonction surtout des méthodologies de placement qu’ils emploient. En voici quelques exemples.
Les fonds DFA : aux États-Unis, les fonds DFA (Dimensional Fund Advisors) sont parmi les praticiens les mieux connus de l’approche passive. La gamme de fonds canadiens de la firme est plus modeste, mais tout comme les produits américains, ils sont gérés au moyen de critères prédéterminés fondés sur les travaux de recherche extensifs de la firme. Plutôt que de pister des indices communément utilisés, DFA crée ses propres indices. L’équipe d’analystes de fonds de Morningstar décrit le processus de DFA de la manière suivante : « Les gestionnaires de portefeuilles de la firme appliquent des filtres passifs pour mettre en valeur des titres dont les rendements prévus sont historiquement élevés, notamment les petites capitalisations, et dont les évaluations sont faibles. » (John Rekenthaler de Morningstar parle de la montée des fonds DFA et du brouillage de la frontière entre fonds actifs et passifs ici.)
Pour citer un exemple, le Fonds d’actions américaines de base DFA, coté 3 étoiles, est conçu pour capitaliser sur les primes associées à l’investissement axé sur la valeur et les petites capitalisations (les recherches démontrent que les actions de valeur ont tendance à surclasser les actions de croissance, et que les actions de petites sociétés ont tendance à surclasser celles de grandes sociétés sur de longues périodes). Le fonds accomplit cela en sous-pondérant les actions américaines à plus grande capitalisation et en mettant l’accent sur celles qui ont une valeur comptable supérieure à la moyenne comparativement à leur capitalisation boursière. Puisqu’elle ne piste pas un indice, cette stratégie signifie que ce fonds effectue des transactions à son propre rythme plutôt que de suivre la foule en ajoutant ou en éliminant des titres comme le fait un indice largement pisté, évitant ainsi de surpayer un titre ou de le vendre à perte. (On pourrait dire que des décisions comme celles-là relèvent davantage de la gestion active, quoique l’approche soit généralement passive.) Les fonds DFA ont tendance à faire payer des frais plus faibles, mais ils ne sont offerts aux particuliers que par l’entremise des conseillers financiers présélectionnés par DFA.
Les fonds aux bêta stratégique : des approches comparables à celles utilisées par DFA sont devenues de plus en plus populaires au cours des dernières années mais portent un nouveau nom : bêta stratégique, ou parfois bêta intelligent. Les fonds au bêta stratégique sont conçus pour exploiter certains facteurs boursiers, comme la valeur, l’élan et la volatilité. Et tout comme les fonds DFA, les fonds au bêta stratégique pistent des indices de référence personnalisés conçus pour capitaliser sur un ou plusieurs de ces facteurs. Ici encore, les fonds sont gérés selon un ensemble de critères sans pister un indice traditionnel.
Certains avancent qu’en surpondérant certains facteurs, les fonds au bêta stratégique appliquent essentiellement des stratégies de gestion active, mais le font en employant une formule ou un algorithme, ce qui fait d’eux une sorte d’hybride d’indice actif. Après tout, de nombreux gestionnaires actifs appliquent des filtres similaires fondés sur des facteurs similaires pour identifier les titres répondant à un critère spécifique. Alors que les fonds indiciels traditionnels sont pondérés selon la capitalisation boursière, les fonds au bêta stratégique pondèrent souvent leurs avoirs en utilisant une autre méthode, comme le degré auquel leur facteur cible est présent. (Ben Johnson de Morningstar a récemment donné un aperçu des fonds au bêta stratégique, que vous trouverez ici.)
Les fonds quantitatifs : De nature comparable à celle des fonds au bêta stratégique, certains fonds emploient des modèles quantitatifs pour identifier des actions aux caractéristiques particulières. La grande différence est que les gestionnaires mettent continuellement à jour leurs recherches et, de temps en temps, ajoutent ou modifient des facteurs aux modèles. Par exemple, le Fonds d’actions canadienne O’Shaughnessy RBC a révisé son processus après la crise financière et utilise à présent un modèle quantitatif axé sur des facteurs qui filtrent les titres qui ont une valeur, une croissance et des caractéristiques de qualité attrayantes, et présentent un rendement élevé pour les porteurs de parts (dividendes et rachats d’actions).