En moyenne, un fond négocié en Bourse (FNB) a besoin d’environ cinq années pour atteindre un actif sous gestion de 50 millions de dollars (M$), soit un seuil approximatif qui lui permettra de générer des revenus suffisants pour excéder ses coûts opérationnels, selon Valeurs mobilières TD (VMTD), qui s’est intéressé au cycle de vie et la probabilité de survie des FNB lancés au Canada.
Chaque jour de négociation boursière voit le lancement de 1,4 nouveau FNB au Canada ; aux États-Unis, la cadence est de 3,8, rapporte une étude de VMTD. Un tel rythme, apparemment effréné, « déclenche inévitablement des discussions dans l’industrie à savoir si le secteur est surpeuplé », avance VMTD.
Une question connexe concerne le taux de mortalité : s’il y a trop de FNB, à quel rythme expirent-ils ? Quant à ceux qui survivent, comment le font-ils ?
Après tout, il n’y a aucune raison de maintenir en vie des produits « zombies », juge VMTD. Le lancement et la gestion d’un FNB « ont un coût pour l’émetteur et les mainteneurs de marché ; il faut donc avoir de bonnes raisons de maintenir en vie un produit impopulaire. »
VMTD a procédé à une revue de tous les FNB actifs depuis 2016 (mais ne tient pas compte du biais de survie, susceptible d’influer sur les résultats). Selon VMTD, une règle du pouce conservatrice au Canada établit à 50 M$ en actifs sous gestion (ASG) le seuil de rentabilité d’un FNB. Ce seuil varie selon plusieurs facteurs : économies d’échelle, coût d’implantation et de suivi de la stratégie, gestion indicielle ou active, etc. et varie en fonction de l’émetteur du FNB.
Selon VMTD, seulement 23 % des FNB atteignent un actif supérieur à 50 M$ au bout d’un an. Après cinq ans, 51 % y parviennent. Le rythme de croissance varie selon qu’il s’agit d’une gestion indicielle ou active : les FNB indiciels tardent un peu à rejoindre le seuil de 50 M$ comparé aux FNB à gestion active, mais ils se rattrapent à partir de la 3e année. Toutefois, les deux stratégies rejoignent les 50 M$ d’actifs au bout de cinq ans, dans une proportion de 51 % pour les FNB indiciels, de 50 % pour les FNB à gestion active.
Il y a une différence immense entre l’actif médian et l’actif moyen. Après cinq ans, l’actif sous gestion médian des FNB ayant soufflé leurs cinq bougies est de 52 M$, alors que l’actif sous gestion moyen s’établit à 226 M$. Cet écart s’explique par la forte popularité de certains FNB dont celui ayant le symbole boursier CSAV, ayant atteint 7,2 milliards de dollars (G$) d’actifs après cinq ans.
« La proportion (de FNB) ayant plus de 50 M$ d’actifs sous gestion demeure stable après cinq ans, ce qui indique que le succès se produit généralement au cours de cette période », indique VMTD.
Aux États-Unis, le rythme d’atteinte de la rentabilité est accéléré : 50 % des stratégies indicielles et 58 % des stratégies actives atteignent le seuil de 50 M$ après seulement deux ans. Après cinq ans, 78 % s’y rendent. Chez l’oncle Sam, l’écart entre l’ASG médian et l’ASG moyen est plus marqué. Après une durée de vie cinq ans, le premier est de 168 M$, le second, de 750 M$. Ici, la moyenne est fortement tirée par un champion, le FNB affichant le symbole SGOV, qui récoltait 46,7 G$ après cinq ans.
Attention, l’ASG n’est pas le seul facteur à tenir en compte dans la décision de laisser vivre ou mourir un FNB. Un facteur majeur, par exemple, tient à son appartenance à un groupe plus large de fonds. Plusieurs FNB ont maintenu un actif inférieur à 50 M$ au-delà de cinq ans, puis ont été retirés du marché ou fusionnés à un autre FNB. « Certains FNB étaient des versions couvertes contre le risque de change de FNB déjà établis, tandis que d’autres représentaient des séries de FNB de fonds communs de placement existants », précise VMTD.
Feuille de route des perdants
Il reste qu’un faible ASG entraîne plus de risques de voir un FNB fermer à cause d’un manque d’intérêt de la part des investisseurs. Les chiffres de VMTD montrent qu’au Canada, les fermetures se concentrent dans les années 2 à 4 de la vie d’un FNB. Aux États-Unis, les actes de décès sont nettement plus hâtifs et se concentrent dans la deuxième année surtout, et se poursuivent dans la troisième dans une moindre mesure. Après cinq ans de survie, les décès s’amenuisent considérablement, tant au Canada qu’aux États-Unis.
Au Canada, on retarde davantage la fermeture d’un FNB « malgré des niveaux d’ASG inférieurs », note VMTD. Aux États-Unis, les actes de décès sont émis plus rapidement.
Depuis 2016, constate VMTD, le taux de fermeture des FNB américains est supérieur à celui
des FNB canadiens (20 % contre 16 %). Pour tous les FNB radiés au Canada, la durée de vie moyenne avant la fermeture est de 3,1 ans et la durée de vie médiane est de 2,9 ans. Pour tous les FNB radiés aux États-Unis, la durée de vie moyenne avant la fermeture est de 2,6 ans et la durée de vie médiane est de 2,2 ans.
Certaines catégories de FNB échappent à ces grandes moyennes. Les FNB de titres de revenu fixe ont la vie un peu plus longue : une durée de vie de 3,5 ans avant fermeture au Canada, 3,1 ans aux États-Unis. Les FNB alternatifs affichent une très bonne longévité : sur 126 FNB alternatifs recensés, seulement 8 sont décédés, un taux de 7 % comparé à une moyenne de 16 % pour toutes les catégories. C’est dans les FNB d’allocation mixte et de produits de base que l’on compte le plus haut taux de mortalité.
« Fait à noter : il n’y a eu aucune fermeture de FNB du marché monétaire au Canada au cours des dix dernières années », indique VMTD.
Au Canada, les FNB à gestion active montrent un taux de fermeture légèrement inférieur à celui des FNB indiciels : 15 % contre 17 %. Cependant, aux États-Unis, où le marché des FNB à gestion active est plus jeune, ils affichent une très bonne tenue : un taux de fermeture de seulement 13 % comparé à 32 % pour les FNB indiciels. Cela explique sans doute qu’une majorité de FNB soit désormais émise en gestion active.