Un point d'interrogation formé par des billets.
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Les marchés canadiens des fonds négociés en Bourse (FNB) sont parmi les plus diversifiés au monde avec ses 1010 produits (1279 si on inclut les séries couvertes en dollars canadiens et celles en dollars américains) pour 38,5 millions d’habitants. Par comparaison, le marché américain compte 2700 FNB pour un marché beaucoup plus important et plus profond, observait à la fin d’avril Valeurs mobilières TD.

En avril, le marché canadien des FNB comptait 42 émetteurs et 1 279 FNB. En 2018, le marché ne comptait que 33 émetteurs et 793 produits, ce qui se traduit par un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 6,6 % et 15,3 % respectivement de 2018 à 2021, lit-on dans une note d’analystes des Valeurs mobilières TD, sous la direction d’Andres Rincon, directeur et chef des ventes et stratégies de FNB et Mary Jane Young, directrice et chef de la négociation de FNB.

« D’emblée, les chiffres du TCAC sont solides, mais pas astronomiques. De nombreux facteurs ont contribué à cette forte croissance de l’industrie canadienne des FNB, comme l’intérêt croissant des investisseurs, l’introduction du régime réglementaire des fonds alternatifs liquides et l’ajout de la catégorie d’actifs des cryptomonnaies. Ces facteurs ont fait du marché canadien des FNB un secteur de 342 milliards de dollars aujourd’hui », écrivaient, en avril, les auteurs de Valeurs mobilières TD.

Bien que le secteur ait connu une croissance rapide, on constate que la croissance du nombre de fournisseurs de FNB a diminué au cours des dernières années.

Alors que certains émetteurs de FNB ont des gammes de produits complètes dans toutes les classes d’actifs et stratégies, de nombreux petits émetteurs se concentrent sur les stratégies gérées activement, les cryptoactifs, le bêta intelligent, etc. « Cela indique que le secteur des FNB est encore en phase de croissance, mais qu’il est déjà passé à la phase de maturité, les barrières à l’entrée devenant plus élevées et le paysage concurrentiel se durcissant », ont souligné les auteurs.

Par ailleurs, l’actif sous gestion moyen par FNB coté au Canada est passé de 198 millions de dollars canadiens (M$) en 2018 à 287 M$ en 2021, avec un TCAC de 13 %. Ce TCAC de 13 % pour la croissance des actifs sous gestion est similaire au TCAC de 15,3 % observé pour la croissance des produits, « ce qui indique que la croissance des actifs totaux semble soutenir la croissance des nouvelles offres de produits », d’après Valeurs mobilières TD.

Au premier trimestre de 2022, le courtier a observé une baisse des actifs sous gestion par fonds à 275 M$, ce qui s’explique par le recul important du marché boursier, ainsi que quelques consolidations parmi les FNB. Par exemple, notait Valeurs mobilières TD, en avril 2022, CI a fusionné le FNB CI Active Canadian Dividend (FDV CN Equity), le FNB CI Core Canadian Equity Income Class (CSY CN Equity) et le FNB CI MSCI Canada Low Risk Weighted (RWC CN Equity) pour créer le FNB CI WisdomTree Canada Quality Dividend Growth Index (DGRC CN equity).

« L’industrie étant déjà entrée dans une phase plus mature, on s’attend à une certaine consolidation et/ou à des fermetures de produits parmi les produits et les émetteurs. Même si nous croyons que la demande de FNB continuera de croître à un rythme soutenu, un ralentissement du nombre de nouveaux FNB est compréhensible », lit-on dans l’étude.

La concurrence par les prix pourrait également devenir plus forte. « Cependant, nous ne prévoyons pas que l’industrie entre dans une phase de déclin au stade actuel, et un ralentissement de l’industrie des FNB n’est pas attendu dans un avenir proche », estimaient les auteurs.

Gare aux comparaisons

Ce qui fait croire que le marché canadien est possiblement saturé vient de la comparaison avec le marché américain des FNB, ce géant qui attire beaucoup plus d’attention d’investisseurs internationaux. En avril, Valeurs mobilières TD a calculé que l’actif sous gestion moyen par FNB coté aux États-Unis y est de 3,06 G$ par rapport à 328 M$ pour l’actif moyen d’un FNB coté au Canada. Cette donnée est toutefois biaisée car certains FNB sont énormes, comme le SPY qui avait en avril un actif de 388 G$.

Si on compare les actifs sous gestion médians des FNB canadiens et américains, la différence est beaucoup plus faible, soit 55 M$ pour l’actif médian d’un FNB canadien contre 146 millions de millions de dollars canadiens pour l’actif médian d’un FNB américain, a calculé Valeurs mobilières TD. La taille d’un FNB canadien médian représente donc près de 40 % de celle d’un FNB américain médian.

« Nous pensons qu’il est trompeur de ne regarder que les chiffres moyens. Néanmoins, si nous utilisons la moyenne des actifs sous gestion comme référence, la moyenne des actifs sous gestion d’un FNB américain est 9,3 fois supérieure à celle d’un FNB canadien. Comme nous le soulignons ci-dessous, nous pensons qu’il s’agit d’un chiffre raisonnable et sain », ont écrit les auteurs de la note.

Selon eux, cette proportion est raisonnable, considérant la taille de la population américaine (8,8 fois celle du Canada) et la taille de ses marchés boursiers, qui étaient en avril 14,3 fois la capitalisation boursière du Canada. « Compte tenu des différences de marché boursier et de population entre le Canada et les États-Unis, il ne serait pas rare de voir un FNB américain nouvellement inscrit attirer en moyenne 9 fois plus d’actifs qu’un FNB canadien nouvellement lancé », lit-on dans l’étude.

Par ailleurs, le nombre de FNB au Canada reflète également l’état de la réglementation. Par exemple, alors que les régulateurs américains débattaient encore ce printemps de la pertinence ou non de permettre la venue d’un FNB de bitcoin en détention physique, ce genre de FNB au Canada avaient déjà un actif supérieur 4,7 G$, répartis en 37 produits.

« Ce n’est qu’un exemple de la façon dont un environnement réglementaire favorable peut faciliter la croissance du nombre de produits disponibles. Le marché canadien des FNB a bénéficié de l’ouverture de l’environnement réglementaire dans l’offre de nouveaux produits et continuera d’en bénéficier », ont noté les auteurs de la note.