Des éoliennes dans un champ ensoleillé.
laughingmango / iStock

Les investisseurs institutionnels ont bien fait au fil des ans en se diversifiant dans les infrastructures telles que les pipelines, les services publics et les installations de transport. Il en va de même pour les investisseurs de détail dans les fonds négociés en Bourse (FNB) d’actions d’infrastructures mondiales, une catégorie en croissance malgré des marchés boursiers baissiers.

Les deux FNB ayant un historique de 10 ans – le FINB BMO infrastructures mondiales (ZGI) et le FNB iShares Global Infrastructure Index (CIF) – affichent des rendements respectables sur dix ans au 30 septembre, soit 10,3 % et 8,9 %, respectivement.

Plus important encore, les fonds d’infrastructure ont amorti le choc du ralentissement de cette année en s’en tirant beaucoup mieux que les marchés en général. Bien qu’ils ne soient pas à l’abri des pertes à court terme, ils sont plus défensifs par nature en raison de la stabilité relative de leurs flux de trésorerie et de leurs versements de dividendes.

Les caractéristiques communes de nombreuses actions d’infrastructure sont un positionnement monopolistique, des rendements réglementés, d’énormes barrières à l’entrée et des produits et services qui sont des intrants nécessaires dans l’économie mondiale, souligne Kevin McSweeney, gestionnaire de portefeuille chez Gestion Mondiale d’Actif CI, basé à Toronto.

Appuyé par une équipe d’analystes sectoriels et d’autres professionnels de l’investissement de CI, Kevin McSweeney gère le FNB Mandat privé d’infrastructures mondiales CI, ainsi qu’une offre plus récente, le Fonds d’infrastructures durables mondiales CI (CGRN.U).

Lancé en septembre, le FNB durable de CI cherche à profiter des entreprises qui poursuivent des objectifs de décarbonisation. Ce faisant, il adopte une vision assez large de ce qui constitue l’infrastructure.

Le fonds a la possibilité d’investir également dans des sociétés d’ingénierie et de construction. « Nous les considérons comme des participants et des bénéficiaires clés de la croissance du programme de décarbonisation », rapporte Kevin McSweeney.

Le concurrent le plus proche du FNB durable de CI est le BMO Brookfield Fonds mondial d’infrastructures d’énergie renouvelable. Lancé en février, le FNB BMO comprend des sociétés engagées dans la production d’énergie éolienne, solaire et d’autres énergies non carbonées, dans les technologies d’énergie propre et dans la durabilité de l’eau.

Le FNB Horizons indice de développement d’infrastructures nord-américaines, lancé il y a un an, vise à investir simplement dans les créateurs d’infrastructures. Comme il investit principalement dans les constructeurs et les concepteurs, ce FNB ne répond pas aux critères de détention de la catégorie des infrastructures. Il est plutôt classé dans la catégorie des actions nord-américaines.

Le FNB actif de revenu d’infrastructures mondiales durables Franklin ClearBridge adopte une approche de base de l’investissement dans les infrastructures, en mettant l’accent sur la gestion du risque. Il est géré par une équipe basée en Australie au sein de ClearBridge Investments, une société affiliée à Franklin Templeton Canada, basée à Toronto.

Pour être prise en compte dans le portefeuille de 30 à 40 actions du FNB Franklin, une entreprise doit posséder des actifs physiques qui fournissent un service essentiel, a déclaré David Wahl, directeur et spécialiste principal du portefeuille chez ClearBridge, à Toronto.

ClearBridge privilégie également les sociétés ayant des dispositions réglementaires ou des contrats à long terme en place afin de s’assurer que les actionnaires sont récompensés de manière adéquate, explique David Wahl. « Nous recherchons simplement cette visibilité sur la capacité de la société à générer des flux de trésorerie. »

Les FNB de type indiciel, dont les fonds de CI et d’iShares ainsi que le FINB mondial d’infrastructures Mackenzie, auront toujours une large représentation du secteur. D’autres dans la catégorie cherchent à surpasser ces stratégies passives, pas toujours avec succès, puisque les stratégies indicielles se sont relativement bien comportées cette année.

Le FNB AGFiQ Global Infrastructure (NEOE) utilise une approche quantitative basée sur des facteurs, tandis que le FNB actif mondial d’infrastructures Dynamique (DXN), géré par l’équipe de revenu des actions de Dynamique, poursuit une stratégie de qualité à un prix raisonnable.

Parmi les autres FNB d’infrastructure à gestion active, citons le FNB Middlefield Sustainable Infrastructure Dividend, le FNB NBI Global Real Assets Income, le fonds multigestionnaire Russell Investments Global Infrastructure Pool, le Starlight Global Infrastructure Fund et le FNB TD Active Global Infrastructure Equity.

La sélection des titres et la portée mondiale du fonds ont contribué aux rendements de CI Global Infrastructure, explique Kevin McSweeney. Le contenu canadien est plafonné à 20 % pour différencier le fonds des autres produits CI dont les avoirs comprennent des sociétés d’infrastructure.

Une autre décision active de CI a été de surpondérer les actions d’infrastructures liées à l’énergie. « Notre opinion cette année était que l’énergie allait bien faire », explique Kevin McSweeney, citant la levée des restrictions liées à la COVID-19 et l’augmentation de la consommation de carburant avec la reprise des voyages. La guerre en Ukraine, bien qu’imprévue, a également stimulé les revenus.

CI a profité de la détention d’actions dans le géant canadien des pipelines Enbridge. Mais les gains ont été plus importants au sud de la frontière, car les actions du secteur de l’énergie, y compris les distributeurs, ont regagné la faveur des Américains. L’un des choix gagnants de CI était Williams Companies, basée en Oklahoma, dont la principale activité est le traitement et la distribution de gaz naturel. L’action a augmenté d’environ 27 % au cours des dix premiers mois de l’année.

Le FNB de Franklin adopte une approche plus défensive. À tout moment, au moins la moitié de ses actifs doivent être dans des entreprises réglementées. « Les rendements ajustés au risque sont primordiaux dans tout ce que nous faisons », a déclaré David Wahl. « Nous recherchons une volatilité plus faible et une sorte de stabilité des revenus comme résultat. »

À cette fin, la part des actifs réglementés a augmenté à plus de 80 % au premier trimestre de 2020. « Nous ne savions pas que nous allions avoir une pandémie bien sûr, assure David Wahl, mais nous pensions vraiment que nous étions proches de la fin du cycle économique, donc nous devenions de plus en plus défensifs. »

À la fin du mois d’octobre de cette année, la part détenue dans les actifs réglementés était de l’ordre de 70 %. Or, cette part a recommencé à augmenter, a déclaré David Wahl, car les gestionnaires ont réduit leurs avoirs dans les aéroports et ont également commencé à réduire leur exposition aux routes à péage.

Bien que ces types d’infrastructures « utilisateur-payeur » aient généralement des prix fixés par des contrats, la rentabilité varie en fonction du volume de trafic. « Elles sont en plus forte croissance, ont un effet de levier plus important sur le PIB et n’ont pas autant de composantes de revenu », résume David Wahl.

Le thème de la durabilité qui fait partie de la stratégie ClearBridge ne s’exprime pas par des exclusions sectorielles, mais par des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) qui sont intégrés dans le processus d’investissement. Les analystes déterminent les scores ESG en interne pour les entreprises qu’ils suivent, et des consultants externes valident ou examinent les résultats.

Les scores ESG permettent de déterminer si une participation potentielle répond aux critères de ClearBridge en matière de rendement excédentaire. David Wahl affirme que le score ESG « peut aller d’une soustraction de 50 points de base du rendement requis si les politiques et procédures et l’incorporation ESG dans l’entreprise sont vraiment bonnes, ou il peut s’agir d’un rendement requis supplémentaire allant jusqu’à 200 points de base si le score ESG est mauvais. »