Finance et investissement : Les utilisateurs de FNB sont réputés être sensibles aux frais de gestion. Or les frais de gestion des FNB de CIBC sont parfois plus élevés que ceux de la moyenne de leur catégorie. Comment ajouter de la valeur pour couvrir ces frais?

Éric Hudon-Dufour : Dans l’ensemble, on voit qu’en matière de frais on est vraiment compétitifs avec les FNB qu’on a lancés. Mais il ne faut pas regarder uniquement les frais, il faut aussi considérer la valeur ajoutée de nos produits. Souvent, on entend dire que le prix est un problème en absence de valeur, il n’y a rien de plus vrai quand on parle de FNB.

Si je regarde la moyenne de ce qui est chargé pour les FNB dans toute l’industrie, on est à peu près à 32 points de base. Mais dans les derniers trois ans, les produits lancés sont pour la plupart à 45 points de base. On se dit que c’est un peu contre-intuitif, mais je pense que l’attention des investisseurs se porte un peu plus sur la valeur ajoutée que le produit peut offrir plutôt que de viser celui qui est le moins cher possible.

Il faut ainsi décortiquer un peu les FNB. Du côté passif d’abord, il faut se différencier. Pour cela, soit on est les premiers, malheureusement il est un peu trop tard pour nous, ou bien on ne charge pas cher. De notre côté, ce n’était donc pas vraiment une option, et on voit bien que du côté passif, il y a une grosse concurrence.

Si je regarde du côté du bêta stratégique ou du multi-actif, même s’il y a là aussi une concurrence sur le plan des frais, c’est dans cette direction qu’on a décidé de s’engager. On s’est dit : il faut être dans les moins chers, ce qui est le cas, mais notre processus de gestion apporte également une valeur ajoutée.

Du côté du revenu fixe, on constate que dans l’univers, les taux d’intérêt sont vraiment faibles, alors je pense qu’une gestion active peut aller chercher un avantage de ce côté-là. Surtout avec notre fonds d’obligations de société qui a été lancé à 35 points de base, ce qui n’est vraiment pas cher pour de la gestion active. Ça peut même être comparable à de la gestion passive en termes de prix.

C’est toutefois du côté des actions qu’on va avoir vraiment une valeur ajoutée avec de la gestion active, avec une protection contre les baisses, mais aussi en termes de rendement, sans parler de la volatilité. Si je regarde un peu année après année, notre fonds d’actions internationales qui est géré par Walter Scott, il dépasse à peu près son indice internationale 60 % du temps. Et si je prends des périodes de sept ans ou dix ans, il bat l’indice 100 % du temps depuis 1981. Donc, quand on parle de valeur ajoutée, c’est vraiment cela qu’on veut amener.

Alors oui, c’est vrai, il faut être compétitif et je crois qu’on l’est en matière de prix, mais la valeur ajoutée c’est la chose la plus importante quand on choisit un placement.