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Malgré la volatilité des marchés engendrée, entre autres, par les faillites de plusieurs banques américaines, les actifs ont afflué dans les fonds négociés en Bourse (FNB) du secteur financier canadien en mars, selon une analyse de Banque nationale Marchés financiers (BNMF) effectuée par Daniel Straus, Tiffany Zhang, Linda Ma et Shubo Yan.

Les créations nettes des FNB canadiens se sont chiffrées à 7,0 milliards de dollars (G$) le mois dernier, soit 3,0 G$ de plus qu’en février. Ceci porte l’actif géré cumulatif en FNB canadiens à 338 G$ à la fin de mars comparativement à 328 G$ à la fin de février.

Les créations nettes de FNB canadiens ont presque rattrapé leur niveau de décembre 2022, où ils culminaient à 7,5 G$.

Attrait pour le secteur financier

En mars, les FNB d’actions ont enregistré des créations nettes de 3,7 G$, notamment grâce aux FNB du marché international, qui affichent des entrées nettes de 2,5 G$. Les FNB d’actions canadiennes affichent quant à eux des créations nettes de 1,8 G$ en mars.

L’étoile des FNB d’actions américaines pâlit pour sa part pour un troisième mois consécutif. Ils enregistrent des rachats nets de 525 millions de dollars (M$) en mars, soit presque deux fois le montant des rachats de février.

Les FNB d’actions du secteur financier canadien ont fait l’objet d’une forte demande. Ils ont attiré à eux seuls 1,4 G$ en mars soit la quasi-totalité des créations nettes dans les FNB d’actions sectorielles (1,6 G$).  Les entrées nettes les plus importantes ont été observées du côté du ZEB (BMO Equal Weight Banks Index ETF), avec 867 M$, du XFN (iShares S&P/TSX Capped Financials Index ETF), avec 166 M$, et du ZUB (BMO Equal Weight US Banks CAD-Hedged ETF), avec 119 M$.

Ces FNB d’actions ont attiré l’attention des investisseurs à la recherche d’une exposition financière comportant un minimum de banques régionales, selon les experts de BNMF. Ceux-ci ajoutent que la plupart des achats de ces titres ont eu lieu après le 8 mars, soit à l’annonce des difficultés de la Silicon Valley Bank.

Du côté des FNB d’actions thématiques, le NREA (NBI Global Real Assets Income ETF) a reçu des entrées de 1 G$, ce qui en fait le principal moteur des créations nettes dans cette catégorie. Les secteurs de l’énergie (XEG) ont également fait l’objet de nouvelles créations, tandis que les FNB à faible volatilité ont connu des rachats nets.

Part du lion aux FNB de liquidité

Les FNB de titres à revenu fixe ont poursuivi sur leur lancée du mois précédent, totalisant des créations nettes de 3,3 G$ en mars. Les FNB d’obligations du gouvernement canadien ont recueilli 1,2 G$, principalement dans des FNB d’obligations d’État à long terme. Les FNB d’obligations canadiennes ont reçu 976 M$.

Les FNB de comptes à intérêt élevé ont eu droit à un autre mois de fortes créations nettes, avec des apports totalisant 854 M$, tandis que les FNB d’obligations de qualité inférieure et d’actions privilégiées ont connu des rachats nets.

Sur le plan des fonds d’actions thématiques, les FNB ESG ont obtenu des créations nettes moins importantes en mars. Elles se sont élevées à 272 M$ comparativement à 363 M$ en février.

Les rachats nets des FNB qui ont comme actif sous-jacent des cryptoactifs se sont accélérées en mars, avec 287 M$ de rachats par rapport à 52 M$ en février. Ces rachats ont été menés en particulier par le BTCQ (3iQ CoinShares Bitcoin ETF).

Les FNB de matières premières ont également enregistré des sorties nettes plus importantes en mars (34 M$), même si le prix de l’once d’or a grimpé jusqu’à 2 000 dollars américains.

Presque tous les 20 plus importants émetteurs de FNB en termes d’actifs ont affiché des créations nettes de fonds en mars, à l’exception Desjardins. Parmi ceux qui ont fait l’objet de rachats nets, figurent entre autres AGF (56 M$) et 3iQ (297 M$), signale BNMF.

BMO, BNI et RBC iShares prennent la tête des créations nettes de mars, avec des apports de capitaux de, respectivement, 1,53 G$, 1,5 G$ et 1,18 G$.

Les investissements NCM ont également fait l’objet de rachats nets. L’émetteur a annoncé son intention de se retirer du marché des FNB avec la liquidation en mai de son seul et unique FNB, le Fonds mondial de base NCM (NCG).

Au chapitre des créations, RBC iShares a lancé le 8 mars à la Bourse NEO une série de huit FNB gérés activement à partir de fonds communs de placement existants.

Retard à rattraper

L’année 2023 débute plus tranquillement que 2022 pour les FNB canadiens. Au premier trimestre, ils ont encaissé 10,7 G$ d’actifs comparativement à près de 13 G$ pour la même période en 2022. Ce retard est attribuable aux faibles rachats nets de janvier, qui ont plombé les résultats du trimestre.

Au chapitre des créations nettes, les FNB de titres à revenu fixe se démarquent, avec des entrées de fonds totalisant 5,4 G$. Les FNB d’actions ont pour leur part récolté des actifs de 4,4 G$. Les FNB de dividendes, les FNB des services financiers et des soins de santé, les FNB ESG et les FNB d’allocation d’actifs en actions tiennent le haut du pavé dans cette catégorie au chapitre des créations nettes.

Pour les FNB de titres à revenu fixe, les FNB du marché monétaire continuent à remporter la part du lion des créations nettes. Ils ont enregistré des entrées nettes d’actifs de 2,8 G$ au premier trimestre. Ce type de fonds affichent en effet un rendement de près de 5 %. Ils sont suivis par les FNB d’obligations du gouvernement du Canada, qui ont accueilli 1,5 G$ de créations nettes durant la même période.

Pour les trois premiers trimestres de 2023, BNI enregistre les plus importantes créations nettes (2,3 G$), suivie de Placements CI (1,7 G$), BMO (1,5 G$) et Horizons (1,4 G$).