Le Dow Jones prône un système de pondération inhabituel qui limite son attrait
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Le Dow Jones est un indice composé de 30 chefs de files de l’industrie qui reflète en gros la composition sectorielle du marché boursier américain, à l’exception des actions des services publics et des transports. Un comité sélectionne les actions qui composent l’indice en fonction de facteurs subjectifs, notamment la solidité de la réputation de chaque firme, son ascendant dans son secteur, l’intérêt qu’elle recueille auprès des investisseurs et son historique de croissance positive.

Depuis sa création en 1896, l’Indice Dow Jones sert de baromètre du marché boursier américain, en pistant une poignée de chefs de file de l’industrie du pays. Contrairement à la plupart des indices, le Dow pondère ses avoirs en fonction de leur cours plutôt que de leur capitalisation boursière. Donc, même si Exxon Mobil possède une capitalisation boursière supérieure à celle de Goldman Sachs, elle se voit attribuer une pondération inférieure au sein du portefeuille car son cours boursier, d’environ 87,50 $US au moment de la rédaction de cet article, est inférieur à celui de Goldman Sachs, à 162 $US.

La pondération selon le cours est un résidu du 19e siècle. Elle avait été adoptée parce que les autres méthodes de pondération, comme la pondération selon la capitalisation boursière, n’étaient pas réalisables avant l’avènement des ordinateurs. Cette approche simple fondée sur la moyenne des cours boursiers, qui donne aux actions dont le cours est plus élevé une pondération plus importante dans le portefeuille, n’a pas de fondement économique solide. La pondération selon le cours boursier pourrait aussi limiter les choix du comité en charge de l’indice. Par exemple, avec son prix élevé, Alphabet représenterait plus de 20 % de l’indice si elle y était incluse, ce qui pourrait déformer la représentation qu’a le Dow du marché américain.

Il n’y a pas de règle stricte sur la manière dont le comité de surveillance de l’indice choisit ses nouveaux avoirs. Les choix du comité placent actuellement l’indice dans la section de valeur à grande capitalisation de la Matrice de style Morningstar. Pourtant, il affiche une forte corrélation avec le S&P 500, un indice plus vaste et pondéré selon la capitalisation boursière.

Tous les avoirs de l’indice ont une cote de bastille économique forte ou faible, ce qui signale qu’ils font preuve d’un avantage concurrentiel durable pouvant protéger leur rentabilité en période de baisse. En fait, environ 59 % des actifs de l’indice sont investis dans des compagnies ayant une cote de bastille économique forte. Le chiffre correspondant du S&P 500 est d’environ 48 %. Par conséquent, le Dow a montré une volatilité légèrement plus faible que celle du S&P 500 au cours des 10 dernières années, malgré son portefeuille plus concentré.

La capitalisation boursière moyenne des avoirs de l’indice est près du double de celle du S&P 500, du fait qu’il privilégie les chefs de file de l’industrie. Ces géants ont tendance à être plus rentables que la compagnie moyenne du S&P 500. Au cours de la période de 12 mois se terminant en juin 2016, les composantes de l’indice ont généré un rendement sur le capital investi plus élevé (16,9 %) que celles du S&P 500 (12,2 %).

Historiquement, les firmes extrêmement rentables ont surclassé les compagnies moins rentables ayant des évaluations semblables. Le marché ne prend peut-être pas pleinement en compte la durabilité et la prévisibilité à long terme des bénéfices des sociétés extrêmement rentables car de nombreux investisseurs ont un horizon de placement relativement court. Les investisseurs à long terme pourraient être avantagés par cette vision plus myope lorsque ces actions se négocient à des évaluations raisonnables. Ce portefeuille a un penchant pour la valeur, ce qui n’est pas surprenant car nombre des chefs de file qu’il vise sont des entreprises plus matures. Mais il a tendance à être très différent de nombreux fonds de la catégorie Actions américaines car il ne cible pas explicitement les actions qui ont des évaluations faibles. De plus, il se concentre davantage sur les actions à méga-capitalisation que la plupart de ses homologues.

Le fonds négocié en Bourse (FNB) BMO Moyenne industrielle Dow Jones couverte en dollars canadiens est le seul FNB inscrit au Canada qui reproduit l’Indice Dow Jones. Le fonds, qui facture un ratio de frais de gestion (RFG) de 0,26 %, couvre en dollars canadiens sa participation au dollar américain. L’alternative parmi les fonds inscrits aux États-Unis est le FNB SPDR Dow Jones Industrial Average (12,5 G$US). Ce fonds facture un RFG de 0,17 % mais expose les investisseurs à des risques liés à la devise occasionnés par les fluctuations du taux de change entre le dollar canadien et le dollar américain. Par ailleurs, DIA est structuré comme une fiducie de placement à participation unitaire, et même si les dividendes sont versés mensuellement, il existe un retard de près d’un mois entre la date ex-dividende et la date de versement. Le fonds ZDJ inscrit au Canada verse ses distributions tous les mois.

L’accent que met le fonds sur les chefs de file de l’industrie lui donne un caractère légèrement défensif qui lui permet de résister un peu mieux en période de marché baissier que l’ensemble du marché. Par exemple, pendant le marché baissier d’octobre 2007 à mars 2009, le Dow a reculé de 51,5 % au total, et le S&P 500 de 55 % (en dollars américains).

Chaque action peut avoir un impact visible sur la performance du fonds car son portefeuille est assez concentré. Les 10 principaux avoirs représentent un peu plus de la moitié du portefeuille. Goldman Sachs, IBM et 3M, tous des chefs de file au sein de leur segment respectif, font partie des plus gros avoirs. À mesure que le marché évolue et que les chefs de file se succèdent, le comité de surveillance de l’indice mettra le portefeuille à jour. Dernièrement, il a remplacé AT&T par Apple. AT&T continue d’être un chef de file sur le marché, mais le comité a effectué ce changement pour stimuler la participation de l’indice au secteur de la technologie et s’assurer qu’il continuait de représenter l’ensemble du marché américain. L’indice participe encore au secteur des télécommunications par le biais de Verizon. Le taux de rotation est généralement assez faible.

À l’image de son indice, le fonds reste à l’écart du secteur des services publics et possède une surpondération dans les valeurs industrielles et les biens de consommation cycliques par rapport au S&P 500. Conformément au système de classification sectorielle de Morningstar (qui répertorie Visa dans l’industrie des services financiers), ce portefeuille confère également une surpondération aux actions des services financiers et une sous-pondération aux actions technologiques. Par contre, conformément à la classification des secteurs GICS, Visa est considérée comme une compagnie technologique. Dans cette optique, la participation du fonds aux services financiers et à la technologie est comparable à celle du S&P 500.