Patricia Perez-Coutts, gestionnaire principale du Fonds Westwood marchés émergents (314 M$), dit qu’elle fait plus de recherche que jamais sur les sociétés. Elle est entrée à Westwood International Advisors il y a un an, quittant à grandes controverses Placements AGF où elle avait atteint le statut de gestionnaire vedette.
Épaulée par une équipe de huit personnes à la fin du mois d’août, y compris six anciens collègues d’AGF, elle déclare : « Nous sommes à présent davantage en mesure de nous consacrer à la recherche. Je suis toujours une analyste de cœur, et près de 90 % de mon temps est maintenant affecté à la recherche — beaucoup plus qu’avant. »
Le Fonds Westwood marchés émergents (précédemment appelé Fonds Oméga marchés émergents) et deux autres fonds destinés aux particuliers que gère l’équipe de Mme Perez-Coutts en tant que sous-conseillère tierce, font partie de la famille de fonds Banque Nationale. Avant d’entrer à Westwood, Mme Perez-Coutts a gagné des prix multiples pour le Fonds des marchés émergents AGF au Gala canadien du placement annuel de Morningstar.
Son départ d’AGF a été acrimonieux. Mme Perez-Coutts est l’une des parties citées dans un procès intenté par AGF en août 2012 contre son employeur actuel. Cette action en justice n’est pas encore réglée et en est actuellement à la phase de l’enquête préalable.
Mme Perez-Coutts est vice-présidente principale et gestionnaire de portefeuille à Westwood International Advisors, filiale torontoise de Westwood Holdings Group. Elle a pris la charge de ce fonds des marchés émergents de la Banque Nationale en août 2012, succédant à la société d’Édimbourg Baillie Giffors Overseas Ltd.
Deux autres fonds ont été lancés l’année dernière et confiés à la gestion de l’équipe de Mme Perez-Coutts : le Fonds Westwood de dividendes mondial, dirigé par Thomas Pinto Basto, vice-président et ancien collègue d’AGF, et le Fonds Westwood actions mondiales, co-géré par Mme Perez-Coutts.
Utilisant une approche de croissance à un prix raisonnable (CAPR) avec un penchant vers la valeur, Mme Perez-Coutts sélectionne des actions pour le Fonds Westwood marchés émergents dans un univers mondial de 27 pays et de plus de 5 000 titres. Les filtres initiaux réduisent ce chiffre à environ 300 à 400 sociétés dont les capitalisations boursières sont de plus de 500 M$ US et qui se négocient en moyenne à raison de 3,5 M$ US par jour. D’autres filtres sectoriels et analyses fondamentales laissent le fonds avec 70 à 90 avoirs.
Le Fonds Westwood marchés émergents est bien diversifié. Aucun avoir ne dépasse à lui seul 6 % de l’ensemble du portefeuille, et la pondération maximum à un seul pays est de 20 %. Au 30 juin, environ la moitié des actifs du fonds étaient investis dans les marchés asiatiques, et 20 % en Amérique latine. La stratégie de Mme Perez-Coutts est de rester pleinement investie, et la réserve liquide du fonds est habituellement moins de 5 %.
Les 10 grands secteurs sont tous représentés dans le Fonds Westwood marchés émergents. « Nous aimons toujours diversifier, dit Mme Perez-Coutts. C’est la bonne vieille approche à l’ancienne. Honnêtement, je ne crois pas que je pécherai jamais du côté du risque. » La gestionnaire, dont l’univers de choix d’actions comprend certains des marchés mondiaux les moins liquides, considère que la liquidité des transactions est un élément essentiel de la gestion du risque.
L’analyse faite par l’équipe de Mme Perez-Coutts des avoirs potentiels ayant traversé les mailles de ses filets comprend l’élaboration de perspectives à court et à long terme des occasions, des faiblesses et des menaces qu’ils représentent. L’équipe examine la structure de l’actionnariat et la gouvernance, au point de noter l’assiduité de chaque membre du conseil d’administration. Sur les compagnies sélectionnées pour le fonds, un bon 40 % de leur conseil d’administration consiste en administrateurs indépendants, et « c’est beaucoup demander par rapport à d’autres sociétés au niveau de la gouvernance », dit Mme Perez-Coutts.
Pour elle, les caractéristiques d’une entreprise saine incluent l’alignement de la gestion sur une philosophie de valeur économique ajoutée (VEA), la création de flux de trésorerie supérieurs à la moyenne, une croissance des bénéfices et une forte franchise commerciale. La rotation du portefeuille tend à être modeste. Mme Perez-Coutts compte sur une rotation moyenne de 20 % par an.
La philosophie de placement de Mme Perez-Coutts consiste en partie à être co-investie avec les investisseurs qu’elle-même et ses collègues servent. Chaque membre de l’équipe a des avoirs personnels investis dans des mandats de Westwood, notamment celui des marchés émergents, et ils sont tous des actionnaires de Westwood Holdings Group, la maison mère de Dallas. « J’y risque vraiment gros », dit-elle.
Née et élevée au Pérou, Mme Perez-Coutts, 48 ans, a obtenu un baccalauréat spécialisé en économie de l’Université Pontifica Catolica del Peru en 1986. Après l’obtention de son diplôme, elle a débuté sa carrière comme stagiaire, puis économiste pour l’institut péruvien du commerce extérieur.
Encouragée par sa mère à poursuivre des études plus approfondies, à laisser derrière elle l’agitation politique du Pérou et à voir le monde, Mme Perez a émigré au Canada en 1987. En 1990, elle a obtenu un baccalauréat en mathématiques commerciales de l’Université York à Toronto.
À sa sortie de York, Mme Perez-Coutts est entrée à First Mercantile Corp, y devenant vice-présidente de la recherche. Puis, poursuivant sa passion pour l’analyse des sociétés, elle est allée travailler pour la société qui s’appelait alors Gestion de placements Trimark en tant que spécialiste des entreprises latino-américaines et gestionnaire adjointe, co-gérant un produits appelé Fonds des Amériques Trimark.
Mme Perez-Coutts a reçu son titre d’analyste financière agréée (CFA) en 2001, l’année où elle est allée travailler à AGF. Elle y est restée jusqu’en mai 2012 comme vice-présidente principale et gestionnaire de portefeuille. Depuis qu’elle est entrée à Westwood, elle a fait entrer 1,5 milliard $ d’actifs sous gestion, et son équipe a désormais la responsabilité d’environ 2 milliards $.
Dans son positionnement du Fonds Westwood marchés émergents, Mme Perez-Coutts regarde au-delà de la volatilité boursière et de la peur qu’elle engendre chez les investisseurs. « Si les entreprises sont bonnes du point de vue de leur gestion à long terme, dit-elle, il n’y a absolument rien qui puisse les empêcher de fournir de bons rendements à longue échéance. »