Gare aux frais cachés des fonds communs

Selon les mots de l’écrivain américain, homme politique et analyste de placements Harry Browne : « Tout ce que vous voulez dans la vie a un prix. Il y a un prix à payer si vous voulez améliorer les choses, et un prix à payer si vous voulez les laisser telles quelles. »

Comme pour tout, il y a aussi un prix à payer pour investir dans les fonds communs. La plupart des gens connaissent le ratio des frais de gestion (RFG) comme mesure du coût annuel lié à la possession d’un fonds. Il y a cependant d’autres dépenses qui ne sont pas aussi connues et pourtant très réelles.

De tous les frais encourus par les investisseurs des fonds communs, les frais transactionnels, qui ne sont pas inclus dans le RFG, sont peut-être les moins transparents. Les investisseurs peuvent trouver le ratio des frais de transaction (RFT) d’un produit dans le rapport de la direction sur le rendement du fonds, que l’on peut se procurer sur la plupart des sites Web des compagnies de fonds. Le RFT représente les commissions de courtage et autres coûts transactionnels exprimés en pourcentage annualisé de la valeur liquidative par part moyenne par jour d’un fonds pour cette période.

Le RFT d’un fonds à revenu fixe est habituellement de 0 %, car les obligations se négocient sur le marché hors cote. Cela signifie que les courtiers détiennent un inventaire d’obligations qu’ils prévoient d’acheter à bas prix et de vendre au prix fort à leurs clients. Ces courtiers ne font pas payer de commission, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de coûts transactionnels pour autant. Comme rémunération pour avoir mis cette transaction sur pied, le courtier vend l’obligation à un prix majoré au-delà du cours auquel elle se négocie, puis la rachète à un cours inférieur à sa valeur courante. La différence entre le prix d’achat et le prix de vente (soit l’écart entre le cours acheteur et le cours vendeur) reflète les coûts de transaction du fonds obligataire. Plus l’écart acheteur-vendeur est important, plus les frais transactionnels seront élevés.

Frais invisibles

Les coûts qui ne sont pas capturés par le ratio des frais de transaction sont considérés comme des frais implicites. Les investisseurs doivent être au courant des frais implicites, mais les démêler du lot peut être difficile, car ils ne sont publiés nulle part.

Lorsqu’un investisseur particulier achète une action, il en paye la valeur marchande au moment où la transaction a lieu. Dans le cas des fonds, qui véhiculent bien plus d’argent, ce n’est pas le cas. Prenons l’exemple d’une société fictive qui s’appelle TrucMachin dont les actions se négocient à 10 $ chacune. C’est le cours que la majorité d’entre nous payerions. Toutefois, le Fonds Bidule Plus (également fictif) débourserait probablement davantage. Comme le Fonds Bidule Plus met une grosse somme d’argent à l’oeuvre, il peut faire monter le prix de l’action TrucMachin. Cela relève simplement de l’offre et de la demande. Une demande élevée mène à un cours élevé.

Le côté offre de l’équation est lui aussi important. Dans le cas des actions de premier ordre, comme celle de la Banque Royale du Canada, des millions de parts changent de mains tous les jours. Le Fonds Bidule Plus peut donc acheter des parts de la Banque Royale sans en influencer le prix. D’un autre côté, si le Fonds Bidule Plus veut investir dans une petite société de mines d’or qui n’a que quelques milliers d’actions changeant de mains tous les jours, cela fera grimper le prix de l’action. Les investisseurs ne voient que le prix final que le Fonds Bidule Plus a payé, et non pas le prix inférieur qu’elle aurait pu payer si cette transaction n’avait pas influencé le cours de l’action. Cette différence s’appelle le coût de l’impact boursier. Les investisseurs dans les fonds payent ces frais, qu’ils le sachent ou non.

Qu’est-ce que cela signifie?

Les frais des fonds figurent parmi les critères les plus efficaces pour prédire le rendement à long terme. C’est un obstacle qu’un gestionnaire de fonds doit surmonter, et il est donc logique que plus cet obstacle est grand, plus un fonds ordinaire aura du mal le surmonter.

Les coûts de transactions, comme les frais de gestion, peuvent s’accumuler à la longue. Tous les fonds ne sont pas nécessairement dispendieux à détenir. Les fonds qui se concentrent sur les actions de premier ordre manipulent de grosses actions liquides, et leurs frais de transactions tendent à être plus bas. Le Fonds indiciel moyenne Dow Jones des industrielles TD par exemple, détient 30 des plus grandes compagnies américaines et se targue d’un RFT d’à peine 0,01 %. En plus de sa concentration sur les actions à grande capitalisation, ce fonds indiciel de TD ne se livre qu’à peu de transactions et affiche donc une rotation annuelle modeste de 27 %.

Réfléchissez à ce qui arrive quand un client effectue de nombreuses transactions et investit dans des titres à petite capitalisation peu négociés, dans les ressources naturelles ou les marchés émergents. Le Fonds d’énergie Sprott a récemment connu un taux de rotation de 282 %, ce qui équivaut à acheter et à vendre tout le portefeuille près de trois fois en un an, provoquant ainsi un RFT de 1,95 %. Cela est venu s’ajouter à son RFG astronomique de 3,15 %. C’est un obstacle énorme à surmonter pour les gestionnaires Eric Sprott et Eric Nutall.

Les investisseurs doivent évidemment situer les frais de transactions dans un contexte plus large. L’expérience et les compétences de l’équipe de gestion, ainsi que la validité de la stratégie d’un fonds importent aussi. Choisir des fonds aux frais modiques, de gestion ou transactionnels, vous aide à mettre toutes les chances de votre côté.

Photo: Bloomberg News