le drapeau américain et le drapeau canadien l'un sur l'autre
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Lorsqu’un conseiller souhaite investir au sud de la frontière, la question de se couvrir ou non contre le risque de change arrive rapidement. Même si la bonne nouvelle est qu’il existe une panoplie d’options dans le secteur des fonds négociés en Bourse (FNB), la moins bonne est que celles-ci viennent avec leur lot d’avantages et d’inconvénients.

Voici un résumé des principaux constats d’une équipe d’analystes de Valeurs mobilières TD, dans une récente note adressée à des clients.

D’abord, la réponse à la question de savoir quand couvrir ou ne pas couvrir dépend largement de la vision que l’on a du marché des devises, de l’appétit du client pour l’exposition aux devises et de la volatilité des actifs sous-jacents par rapport à la volatilité des devises en question.

Ce dernier facteur est souvent considéré comme essentiel pour décider de couvrir ou non l’exposition aux devises, souligne l’équipe menée par Andres Rincon, directeur et chef des ventes et stratégies de FNB chez Valeurs mobilières TD.

« En termes simples, plus la volatilité de l’exposition aux devises est élevée par rapport à la volatilité de l’actif sous-jacent, plus il est avantageux d’utiliser des FNB couverts contre le risque de change. Si la volatilité de la devise est supérieure à celle de l’actif sous-jacent, le rendement de la devise peut avoir une incidence considérable sur le rendement du FNB », lit-on dans l’étude.

C’est entre autres pour cette raison qu’on recommande généralement aux détenteurs de titres à revenu fixes américains de couvrir systématiquement leur risque change.

Lire : Rarement optimal, de couvrir le risque de change

Arrive maintenant le cas des actions américaines. La volatilité de l’indice S&P 500 est inférieure à celle de la paire dollar canadien-dollar américain ($ CAN-$ US). Ainsi, pour cette catégorie d’actif, couvrir ou non le risque de change peut être envisagé.

Les investisseurs en FNB au Canada ont la chance de disposer d’une multitude d’options lorsqu’ils investissent dans des FNB à travers les actifs. Ils peuvent compter ainsi sur 343 FNB couverts contre le risque de change (28 % des FNB) et 152 FNB en dollars américains (12,5 % des FNB), relate Valeurs mobilières TD.

Cela donne aux investisseurs canadiens la possibilité d’investir dans des actifs étrangers avec leurs dollars canadiens en dollars américains ou en dollars canadiens, tout en compensant le risque de change par des couvertures de change à terme (CAD-Hedged).

Lire : FNB du S&P 500 : couvrir ou ne pas couvrir, telle et la question

Voici un résumé des pour et contre de chacune des situations lorsqu’un investisseur canadien veut acheter des actions américaines.

Il achète un FNB coté au Canada qui est libellé en dollars canadiens ($ CAN). L’investisseur est alors exposé aux fluctuations du dollar canadien par rapport aux devises étrangères. L’avantage est qu’il négocie son FNB en $ CAN et profite d’une appréciation du dollar américain. Toutefois, les coûts de conversion de devises sont supportés par le FNB.

Il achète un FNB coté au Canada qui est libellé en dollars américains ($ US). S’il a l’intention de vendre plus tard son FNB et de le convertir en $ CAN, l’investisseur est exposé aux fluctuations du dollar canadien par rapport aux devises étrangères. « Or, ce risque n’est réalisé que lorsque le produit de la vente du FNB en $ US est reconverti en $ CAN. » Il profite d’une appréciation du dollar américain.

Il achète un FNB coté au Canada, libellé en dollars canadiens ($CAN), mais couvert contre le risque de change par l’intermédiaire de contrats à terme sur devise. Il réduit en partie son exposition aux fluctuations de devise, mais les coûts de conversion de devises sont supportés par le FNB. De plus, ce dernier supporte aussi les coûts de renouvellement continu des contrats de change à terme pendant toute la durée de vie du FNB. Ce coût varie selon la devise et la forme de la courbe des contrats de change à terme.

Valeurs mobilières TD a comparé la performance des trois types de FNB qui suivent l’indice S&P 500 sur une période de 15 ans. Résultat, les coûts supérieurs du FNB couvert contre le risque de change font que celui-ci sous-performe par rapport à son homologue libellé en dollars américains d’une marge qui s’accroît légèrement au fil du temps.

« Le FNB couvert en dollars canadiens couvre son exposition aux devises au moyen de contrats à terme de change et, par conséquent, son rendement ne s’écarte pas beaucoup de celui du FNB en dollars américains. La légère sous-performance affichée sur les horizons de 15 ans est liée aux coûts de roulement des contrats de change à terme », lit-on dans l’analyse de Valeurs mobilières TD.

Lorsqu’on compare la performance d’un FNB libellé en $ CAN avec celui d’un FNB libellé en $ US, l’écart découle uniquement de la fluctuation des devises. Lorsque le dollar canadien s’apprécie par rapport au dollar américain, le FNB S&P 500 en $ CAN commencera à sous-performer par rapport à un FNB S&P 500 en $ US. L’inverse s’applique lorsque la valeur du dollar canadien se déprécie par rapport à celle du dollar américain. Dans ce cas, le FNB S&P 500 en dollars canadiens devrait surperformer par rapport à la version en dollars américains.

« La performance relative du FNB S&P 500 en CAD par rapport à l’USD a parfois été de 28 % et de -19,2 %. Pour un détenteur de FNB à long terme, le risque de telles variations de rendement dues aux seules fluctuations des devises peut être trop lourd à supporter », lit-on dans l’étude.

Après avoir étudié sur une période de 20 ans sept épisodes de volatilité dans la paire $ CAN-$ US, Valeurs mobilières TD arrive à ces constats :

  • les FNB en $ CAN surperforment lorsque le $ CAN se déprécie et sous-performent lorsque le $ CAN s’apprécie;
  • les FNB en $ US surperforment lorsque le $ CAN s’apprécie et sous-performent lorsque le $ CAN se déprécie;
  • les FNB couverts en dollars canadiens affichent une performance équivalente ou légèrement inférieure à celle des FNB en dollars américains dans la plupart des conditions de volatilité des devises, en raison des coûts de couverture, mais peuvent présenter des différences de performance importantes par rapport à un FNB en dollars canadiens non couvert.