Un conseiller souriant avec un couple de clients.
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Les conseillers peuvent générer une certaine valeur ajoutée pour leurs clients en sélectionnant bien les fonds négociés en Bourse (FNB) pour leurs portefeuilles, ainsi qu’en évaluant certaines stratégies fiscales liées à ces titres.

C’est ce qu’on peut conclure du webinaire L’évolution des fonds négociés en Bourse et leur place dans les portefeuilles de placements, organisé par le Cercle de la finance du Québec, le 26 mai dernier.

« Les conseillers ont l’obligation de bien connaître leurs produits et leurs clients, et c’est important de bien regarder sous le capot d’un FNB » pour en comprendre les composantes et la méthodologie, a résumé en substance Alain Desbiens, Directeur FNB, Est-Canadien BMO gestion mondiale d’actifs.

Voici quelques éléments à considérer afin de possiblement ajouter de la valeur pour les clients :

D’abord, avec 1200 produits différents inscrits à une bourse canadienne, les FNB ont acquis une certaine profondeur qui permet au conseiller de construire un portefeuille qui correspond à la tolérance du risque du client.

Sur le plan financier, le conseiller peut bien entendu combiner certaines catégories d’actifs et ainsi créer un portefeuille plus efficient. Par exemple, le portefeuille peut générer davantage de rendements, mais également moins de volatilité, car pour un rendement espéré donné, l’écart type du portefeuille sera inférieur à l’écart type individuel de chacune des catégories d’actifs.

En rééquilibrant un portefeuille, soit en vendant les fonds gagnants pour acheter les fonds perdants, un conseiller peut potentiellement ajouter de la valeur de différentes manières. D’abord, si ces coûts de transaction ne sont pas trop importants, il peut générer une certaine valeur ajoutée, selon diverses études sur l’importance du rééquilibrage.

« Durant des périodes comme en mars 2020, c’est une occasion en or pour dénicher plein d’aubaines », a noté Guy Lalonde, conseiller en placement et gestionnaire de portefeuille, Financière Banque Nationale.

« Ça a un lien avec la liquidité, parce que lorsqu’on rééquilibre un portefeuille, on est souvent à contrecourant. Tout le monde est en train de vendre? On est acheteur. Tout le monde achète? On est vendeur. On a une très bonne efficience du côté transactionnel, surtout avec notre pupitre institutionnel qui travaille très bien pour nous », a-t-il ajouté.

C’est pour cette raison que Guy Lalonde choisit bien ses FNB. « Quand on gère un montant comme nous gérons, la liquidité et l’efficacité sont très importantes. Ça prend des produits qui ont une profondeur de liquidité et qui ont une profondeur de mainteneurs de marché, les authorized participants. On ne cherche pas uniquement un produit ou une idée attrayante, mais aussi toute une infrastructure qui vient en soutien au FNB en tant que produit », a précisé Guy Lalonde.

Afin d’obtenir cette profondeur, certains gestionnaires de portefeuille préfèrent uniquement négocier des FNB sur lesquels des options sont inscrites à la cote, a observé Alain Desbiens. La liquidité intrinsèque de ces derniers FNB reste évidemment liée à celle de ses actifs sous gestion. Toutefois, considérant le fait que ce genre de FNB a généralement un volume de négociation quotidien significatif, cette autre couche de liquidité est attrayante pour ces conseillers. Sur les 1283 FNB canadiens, on comptait 62 FNB sur lesquels des options d’achat ou des options de vente étaient inscrites à la fin de mai 2022, selon Valeurs mobilières TD.

Le rééquilibrage permet parfois de différer l’impôt à payer sur les titres en portefeuilles dans des comptes non enregistrés. « Avec la baisse des obligations (connue cette année), c’est une belle occasion de cristalliser les pertes, surtout qu’en 2021 on a réalisé pas mal de gains en vendant à profit des indices d’actions pour maintenir nos pondérations », a souligné Guy Lalonde.

Un client doit bien entendu tenir compte des règles fiscales relatives aux pertes apparentes, comme l’indiquait Laurent Boukobza, Vice-Président, stratège en FNB, chez Placements Mackenzie, en marge du webinaire. Selon ces règles, lorsqu’une personne dispose d’un bien en faveur d’une personne affiliée et qu’une perte en capital est déclenchée, celle-ci sera réputée nulle si le même bien ou un bien identique est acquis par la personne (ou une personne affiliée à cette dernière) dans une période débutant 30 jours avant la disposition et se terminant 30 jours après. Deux FNB suivant le même indice, même émis par des manufacturiers différents, peuvent ainsi être considérés comme des biens identiques, ajoute Alain Desbiens.

Parmi les nombreux éléments de vérification diligente d’un FNB, les panélistes ont souligné toutes les considérations par rapport aux devises. Certains FNB d’actions internationales sont couverts en dollars canadiens et d’autres ne le sont pas. Considérant la volatilité de la paire dollar canadien ($ CA) – dollar américain et les coûts intrinsèques à la couverture de change, il peut être parfois avantageux d’éviter de couvrir le risque de change sur des FNB d’actions internationales.

« J’aime beaucoup les devises. Dans un portefeuille, c’est un beau diversificateur. La relation entre les devises et les autres catégories d’actifs est intéressante. Prenons l’exemple de 2008. C’était plus payant d’être dans les obligations de pacotille américaines durant la pire crise de crédit que d’être dans les obligations canadiennes. Pourquoi? Parce que la devise américaine a tellement augmenté durant la crise, que ça a terminé avec un rendement positif pour l’année », a illustré Guy Lalonde.

Dans les catégories d’actifs moins volatiles, comme les obligations, on vise généralement au contraire à obtenir une couverture de change. « L’exposition à la devise va augmenter la volatilité de la catégorie d’actif. L’espérance de rendement ne sera pas beaucoup plus élevée, mais la volatilité peut augmenter de 2 à 5 fois par rapport à  une exposition purement locale (en raison de la volatilité des devises). Si on se réfère à une frontière efficiente de Markowitz, avec un portefeuille qui est sous optimal : on aura peu d’espérance de rendement supplémentaire, mais une volatilité pas alléchante », a expliqué Jean-François Giroux, gestionnaire de portefeuille et chef IGP – Canada, équipe Solutions multiactifs, chez Gestion de placements Manuvie.

Étant donné que les deux tiers des actifs de clients sont dans des comptes non enregistrés, des émetteurs de FNB ont conçu des fonds qui sont à la fois pertinents sur le plan financier et qui peuvent répondre à certains impératifs fiscaux.

« Il y a presque 20 % des actifs des firmes de courtage qui sont en dollars américains (US). Chez BMO par exemple, on a lancé des solutions canadiennes, libellés en dollars US, pour les comptes taxables, afin d’éviter de devoir remplir le formulaire T1135 et ainsi éviter l’impôt successoral américain », a ajouté Alain Desbiens. Devant la multiplication des stratégies de FNB et des options, entre autres sur le plan de la couverture du risque de change, il est donc encore plus important pour un conseiller de comprendre tous les rouages des FNB qu’il offre à ses clients, selon lui.

« Sur les 1200 FNB offerts au Canada, on parle de 378 FNB qui sont identifiés comme étant couverts sur la devise. On parle d’un actif de 68 G$, sur 320 G$ », a ajouté Laurent Boukobza.