L’étude de la LIMRA est des plus complètes. Elle repose sur les statistiques fournies par 19 assureurs canadiens, qui se partagent environ 94 % des primes payées en assurance vie.

VU moins attrayante

Certes, l’assurance vie universelle (VU) a souffert de la pression à la baisse des taux d’intérêt. Et les augmentations de primes ont été importantes. Par exemple, Canada-Vie a haussé en septembre dernier les primes de son assurance vie universelle Millénium de 12,5 % (coût d’assurance uniforme) à 18,5 % (produit à période déterminée de versement) auprès des 20 à 50 ans.

De plus, les rendements garantis – un des principaux attraits de la VU – ont beaucoup diminué.

C’est ainsi, pour reprendre notre dernier exemple, que le taux des options de dépôts à intérêt garanti de cinq ans de Millénium a été réduit de 1,5 à 0,5 %, et que le taux des options de 10 ans a baissé de 2,0 à 1,5 %.

Trois des cinq fournisseurs d’assurance vie universelle les plus importants qui ont participé à l’étude de la LIMRA ont d’ailleurs fait état de réductions de volume de ventes en VU supérieures à 10 %.

En revanche, le secteur de l’assurance vie entière s’est très bien tiré d’affaire. Et ce, en dépit des hausses de primes qui ont également été significatives comme le montre cet exemple d’Empire Vie, qui a augmenté en novembre dernier de 21 % en moyenne les taux de Solution 100, sa vie entière garantie.

Comment expliquer cette différence ?

«La performance de la vie entière s’explique par les valeurs de rachat, qui ont un grand attrait auprès des consommateurs, ainsi que par l’anticipation de futures hausses de tarification de produits à long terme», commente Marc Trépanier, vice-président, développement des affaires, assurance individuelle et retraite chez SSQ Groupe financier.

Des hausses insoutenables

Cependant, pour des raisons budgétaires, certains clients ont tout de même diminué leur protection de vie entière… ou y ont même carrément renoncé.

«Bien des consommateurs ne peuvent plus se permettre un produit permanent. Ils achètent alors des temporaires», remarque Luc Pellerin, vice-président exécutif et actuaire désigné à L’Union-Vie, Compagnie mutuelle d’assurance.

Le choix est d’autant plus facile que le prix des temporaires a eu tendance à baisser au cours de la dernière année, comme l’illustre la décision de la Financière Manuvie de réduire en octobre les taux de sa Temporaire 20 ans de 3 à 4 %.

«Ce ne sont pas tous les assureurs qui veulent occuper le terrain des temporaires. Mais parmi ceux qui s’y trouvent, on observe actuellement une certaine guerre des prix», dit Nathalie Tremblay, chef de produits santé, Desjardins Sécurité financière (DSF).

Elle observe ainsi chez DSF un déplacement des ventes vers les produits temporaires. «Lors des trois premiers trimestres de 2012, le nombre de contrats en assurance temporaire a augmenté de 12 %», dit-elle.

Les données de la LIMRA (voir le tableau) font d’ailleurs état d’une hausse de 14 % du nombre de polices temporaires à l’échelle canadienne, ce qui éclipse les polices d’assurance vie entière (+ 8 %).

Chez L’Union-Vie, en 2012, plus de 40 % des nouvelles ventes en assurance de personnes ont été réalisées en assurance temporaire, par rapport à moins de 15 % avant 2010.

Lors des trois premiers trimestres, SSQ Groupe financier affiche pour sa part une hausse de 34 % des primes en produits temporaires. En VU, elles ont diminué de 71 %. Par contre, elles ont augmenté de 94 % en vie entière.

Chez DSF, pour la même période, la hausse des primes était de 18 % pour la vie entière et de 16 % pour la temporaire. Et même si elles sont négatives pour l’ensemble de l’industrie, les ventes en vie universelle ont tout de même progressé de 5 %.

L’heure est d’ailleurs à la croissance tous azimuts chez DSF, qui enregistre une vigoureuse progression de 16 % de ses ventes en assurance vie, près du double de la moyenne de 9 % affichée par les membres de la LIMRA.

Un changement d’approche

Les hausses des coûts de la vie entière peuvent inciter les conseillers à réduire la portion «vie entière» dans la protection de leurs clients, au bénéfice de la portion constituée par les polices temporaires.

«Étant donné que le coût des polices d’assurance permanente a augmenté de façon importante et que le budget que les consommateurs veulent allouer à leur sécurité financière ne s’est pas nécessairement accru, on peut s’attendre à ce que le pourcentage de la protection permanente dans la protection totale diminue», croit Nathalie Tremblay.

Par exemple, au lieu d’avoir une couverture de 100 000 $ en vie entière, le client pourra disposer d’une couverture moitié moindre, le reste étant comblé par une protection de 50 000 $ en temporaires de 10 et 20 ans.

En outre, il est toujours possible de transformer une temporaire en assurance vie permanente. De cette façon, le client a l’occasion de bénéficier d’une protection permanente plus importante s’il le désire, à un moment de sa vie où ses revenus auront augmenté.