L’Indice composé S&P/TSX est depuis plusieurs semaines à la limite d’une correction officielle. Au 7 janvier, l’indice était en baisse de 9 % par rapport à son sommet de 2014 de 15 685 points l’été dernier.

Malgré la vision d’apocalypse qui entoure le secteur pétrolier et, à un degré moindre, les banques (qui ont déçu le marché avec les récents rapports sur leurs bénéfices), la question essentielle est d’évaluer les données fondamentales du marché et de déterminer ce qu’il faut faire à ce stade. Le ratio cours/valeur comptable médian dans notre univers constitué des 750 actions les plus volumineuses au Canada n’est que de 1,28, soit le point le plus bas atteint ces 30 dernières années à l’exception de la récession de 1990-1991 et de la crise financière de 2008-2009. Les ratios médians cours/valeur comptable les plus faibles constatés pendant ces périodes tumultueuses avaient été respectivement de 1,07 et 0,94.

Plus récemment, le creux précédent du cours/valeur comptable était de 1,32 en juin 2013. Historiquement, il est rare que l’action médiane se négocie au-dessous de 1,35. Somme toute, seulement sur la base de l’évaluation, les actions canadiennes semblent données. Peuvent-elles devenir encore moins chères? À court terme, tout est possible, mais à moyen ou long terme, cette évaluation boursière à elle seule représente une valeur exceptionnelle.

Qu’obtenons-nous pour cette évaluation? Le rendement des capitaux propres (RCP) excédentaire médian des actions par rapport aux bons du Trésor canadiens est de 4 %, ce qui est au milieu du peloton depuis la fin des années 1990 : en d’autres termes, parfaitement normal. La seule fois où le fossé a été plus grand entre le ratio cours/valeur comptable et le RCP fut pendant la crise financière.

La situation des bénéfices soutient-elle le RCP médian? Actuellement, la croissance médiane affichée des bénéfices par action d’une année sur l’autre est de 5 % : bien qu’en chute par rapport aux 10,2 % de juillet dernier, elle est toujours positive. Si toutes les estimations de bénéfices effectuées par les analystes pour le quatrième trimestre se vérifient, la croissance des BPA rebondira à 9,8 %. Cela veut dire que, malgré ce que titrent les journaux, les analystes d’actions canadiennes s’attendent à ce que les bénéfices des sociétés continuent à augmenter dans le proche avenir. La croissance des BPA est agréablement positive depuis trois ans et devrait continuer sur cette voie.

À notre avis, la principale raison pour laquelle le prix des actions canadiennes en 2012 et 2013 ait moins augmenté que le marché américain est le niveau des révisions des bénéfices estimés dans ce pays. La moyenne des révisions d’estimations sur 3 mois des 750 actions les plus volumineuses au Canada s’élève à présent à -9 %, alors que -2 % ou -4 % sont considérés comme normaux et sains.

Mais ce repli est principalement causé par la dégringolade des estimations d’analystes pour le secteur pétrolier, et non pour le marché dans son ensemble. La moyenne des révisions d’estimations sur 3 mois pour les 164 actions pétrolières et gazières cotées en bourse les plus volumineuses est un effrayant -22,6 %. Mais si on examine l’univers canadien CPMS sans le secteur énergétique (un total de 571 actions), la révision moyenne des estimations est de -4,9 %. Par conséquent, près de la moitié de la révision de -9 % est causée par le pétrole et le gaz naturel.

Et enfin, si on enlève aussi le secteur aurifère ce qui laisse 490 actions — la révision moyenne des estimations est de -3,6 %. Donc, sans les actions énergétiques et aurifères, les révisions d’estimations pour tous les autres secteurs du marché canadien, d’un point de vue collectif, sont normales. Non seulement le marché canadien est extrêmement bon marché, mais les données fondamentales de la plupart des secteurs sont complètement raisonnables.

Ce n’est pas très drôle de posséder des actions canadiennes depuis plusieurs mois quand l’humeur est au pessimisme. Toutefois, pour les investisseurs dans les actions canadiennes qui ont du temps devant eux, ce marché présente une valeur fabuleuse.

 

–Avec la collaboration de Mike Leonard.