Une main posant une pièce sur laquelle pousse une plante sur une pile de pièce. Autour, un tas de pièces où on voit d'autres petites pousses vertes.
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L’intérêt pour les fonds négociés en Bourse (FNB) établis en fonction de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) reste marginal, mais en croissance.

C’est l’un des éléments qui se dégage d’un webinaire organisé par BMO Gestion mondiale d’actifs, un manufacturier de FNB de type ESG, en septembre dernier.

Ainsi, l’actif sous gestion de ce type de FNB correspond à 0,80 % de l’ensemble de l’actif en FNB au Canada, a exposé Andres Rincon, chef des ventes et des stratégies en FNB, Valeurs mobilières TD (VMTD), lors de l’événement. Aux États-Unis, la tendance est similaire, car les FNB américains de type ESG correspondent à 0,86 % de l’actif américain en FNB, a-t-il noté.

« Bien que l’intérêt pour les FNB ESG augmente rapidement, les actifs des FNB ESG sont encore relativement peu importants », pouvait-on lire dans sa présentation.

L’état des créations nettes de FNB ESG au Canada montre que l’ESG est une tendance émergente et en croissance.

D’abord, depuis le début de janvier 2020, les créations nettes de FNB ESG au Canada se sont élevées à 1,2 milliard de dollars (G$), éclipsant à elles seules les créations nettes cumulatives des deux dernières années, d’après les données de VMTD.

« En mars seulement, nous avons vu des entrées nettes en FNB de type ESG de 650 M$, venant ainsi doubler l’actif sous gestion en FNB au Canada », a dit Andres Rincon.

De plus, depuis le début de 2020, 19 FNB de type ESG ont été lancés au Canada, ce qui a fait passer l’offre de 24 à 43 FNB ESG.

Aux États-Unis, plusieurs tendances semblables s’observent. Le nombre de FNB de type ESG est passé de 24 à 110 de 2015 à 2020, selon la TD. Depuis le début de 2020, les créations nettes de FNB de type ESG étaient de 19 G$ US. Résultat, l’actif sous gestion a plus que doublé en 2020, dépassant les 40 G$ US, en septembre.

« La demande commence à rattraper l’offre de FNB ESG. Si la tendance à l’égard de l’investissement ESG continue, on retiendra que 2020 aura été un moment décisif pour les FNB ESG en Amérique du Nord », a indiqué Andres Rincon.

Les investisseurs institutionnels s’y intéressent

VMTD a également présenté un fait intéressant : « 75% des actifs en ESG dans des FNB canadiens proviennent d’investisseurs institutionnels. »

Et lorsqu’un investisseur institutionnel achète un FNB, il se procure davantage de parts de celui-ci que ne le font les investisseurs de détail, si bien qu’il peut instantanément représenter une part importante de l’actif sous gestion d’un FNB ESG, comme ça été le cas.

Les investisseurs institutionnels utilisent les FNB ESG de différentes manières, selon Andres Rincon. Ils peuvent le faire d’une manière complémentaire à leur portefeuille, ce qu’on voit souvent ces temps-ci. Ils peuvent aussi s’en servir afin d’obtenir une exposition au marché de type « bêta » ou « bêta par intérim », selon lui.

« Plusieurs de ces FNB ont une faible erreur de réplication [par rapport à un indice]. Ils constituent ainsi un outil parfait pour plusieurs gestionnaires d’actifs afin de remplacer leur exposition au marché (bêta) afin d’en adopter une qui est plus durable », a expliqué Andre Rincon.

Tout comme les FNB à gestion indicielle, les FNB ESG tentent de répliquer le rendement d’un indice de référence de type ESG. Les investisseurs institutionnels peuvent utiliser les indices sous-jacents ESG afin d’évaluer leur propre performance de type ESG, selon Jackie Daitchman, vice-présidente, Couverture en ESG des clients, chez MSCI.

Lors du webinaire, elle a exposé la méthode de MSCI pour classer les entreprises selon les critères ESG.

En se basant sur des données publiques et alternatives, l’équipe de MSCI tente d’établir les leaders et les cancres de chaque industrie. Pour chacune d’entre elles, on établit les enjeux de type ESG qui sont les plus pertinents, puis on accorde un score à chaque entreprise.

MSCI utilise une approche « meilleure de sa catégorie » en sélectionnant les entreprises qui ont les meilleures notes ESG MSCI de leur indice parent. Une couche d’analyse supplémentaire permet d’éliminer les « pires délinquants » grâce aux scores de controverse ESG.

Pourquoi pas l’ESG?

En 2020, BMO Gestion mondiale d’actif a lancé sept FNB ESG en partenariat avec MSCI. Il s’agit de quatre FNB d’actions, deux FNB d’obligations et d’un FNB spécialisé, lesquels sont assortis de ratio des frais de gestion de 0,15 % à 0,25 %.

BMO a souligné son degré d’engagement envers l’ESG, particulièrement sur le plan de la gouvernance. D’ailleurs, Finance et Investissement rapportait récemment que BMO s’illustrait quant à sa manière de gérer les votes par procuration au sein des sociétés dans lesquelles ils investissent.

Quoi qu’il en soit, l’un des messages qu’a livrés BMO lors du webinaire est : pourquoi ne pas oser l’ESG? En effet, de janvier 2008 à juin 2020, le comportement de l’indice MSCI World ESG Leaders (CAD) est semblable à celui de son indice parent, soit l’indice MSCI World (CAD), selon MSCI. Le premier a un bêta de 0,99, par rapport à un bêta de 1 pour le second. L’indice ESG a une erreur de réplication de 1,14 %, (0 pour l’indice MSCI World), un écart type de 13,53 (13,85 pour le MSCI World), un ratio de Sharpe sur 10 ans de 0,76 (par rapport à 0,74 pour le MSCI World). Les rendements en dividendes et les ratios cours-bénéfices des indices sont également très semblables.

Parmi les principales différences entre les indices, on remarque le ratio de rotation de l’actif 7,36 % pour les MSCI World ESG Leaders qui est plus élevé (par rapport à 3,06 % pour le MSCI World) et l’empreinte de carbone plus faible du premier indice.

Ces relatives similitudes entre les indices découlent du fait que la représentativité sectorielle de l’indice ESG est semblable à celle de l’indice parent.

Selon MSCI, les facteurs ESG sont une manière de gérer certains risques qui ne sont pas nécessairement faciles à déceler en ne consultant que les ratios financiers traditionnels.