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Éric Girard - Courtoisie

Le ministre des Finances, Eric Girard, donne un peu d’oxygène aux contribuables. Il annonce dans sa mise à jour économique une réduction des taux de cotisation à différents régimes et une indexation du régime fiscal.

Ensemble, ces deux mesures représentent un gain moyen de 182 $ par contribuable en 2026-2027.

« On a un geste qui est peut-être d’une moindre ampleur, mais qui arrive extrêmement vite. Janvier 2026, c’est très bientôt. Donc, il va arriver à un moment opportun », a fait valoir Eric Girard en conférence de presse, mardi.

« La poursuite de cette orientation de réduction du fardeau fiscal serait une priorité d’un troisième mandat », a-t-il ajouté.

Les finances publiques étant sous pression, Eric Girard choisit donc pour l’instant de réduire de 0,20 point de pourcentage le taux de cotisation au Régime de rentes du Québec (RRQ).

Il réduit également de 13 % au total les taux de cotisation au Régime d’assurance parentale du Québec (RQAP).

« C’est parce que les régimes sont en bonne santé […] qu’on peut réduire les cotisations. On redonne aux Québécois ce qui leur appartient », a expliqué le ministre.

Sa mise à jour économique prévoit aussi une indexation de 2,05 % du régime fiscal et des prestations d’assurance sociale dès le 1er janvier.

La prestation annuelle de base pour un prestataire de l’aide sociale passera de 9408 $ à 9600 $.

Une telle indexation est pratiquement un automatisme ; or, le ministre des Finances a fait valoir mardi que des gouvernements dans le passé ont déjà fait le choix de ne pas indexer au maximum.

Cinq millions de dollars supplémentaires seront investis cette année « afin d’assurer le plein déploiement des mesures hivernales d’urgence au bénéfice des personnes en situation d’itinérance », peut-on également lire dans l’énoncé économique.

L’enveloppe budgétaire consacrée à cette fin, qui est actuellement de 21 millions de dollars (M$), passera donc à 26 M$ pour 2025-2026.

Du soutien aux entreprises

Aux entreprises, le gouvernement Legault offre là aussi une réduction des taux de cotisation obligatoire au RRQ et au RQAP à compter du 1er janvier, une économie de 421 M$ pour environ 280 000 employeurs.

Il emboîte également le pas au gouvernement fédéral et annule la hausse du taux d’inclusion des gains en capital.

L’énoncé économique prévoit par ailleurs plus de 400 M$ sur cinq ans pour favoriser le développement économique des régions, qui font face à de nombreux défis, liés notamment aux droits de douane.

De cette somme, plus de 290 M$ seront investis dans les secteurs de l’agriculture, de la forêt et de la pêche, où les entreprises toucheront un congé temporaire de taxe sur la masse salariale de 255 M$.

Pas de baisse de la taxe sur l’essence

Malgré tout, la progression de l’activité économique au Québec se poursuit, selon le gouvernement. Après une hausse de 1,7 % en 2024, le PIB réel devrait afficher des gains de 0,9 % en 2025 et de 1,1 % en 2026.

Le déficit en chiffres absolus annoncé dans le dernier budget était de 13,6 milliards de dollars (G$). Il a été révisé et se situe maintenant à 12,4 G$.

Mardi, Eric Girard a indiqué qu’il visait toujours un retour à l’équilibre budgétaire en 2029-2030.

Il prévoit en 2026-2027 un versement additionnel au Fonds des générations qui correspond au surplus accumulé du Fonds d’électrification et de changements climatiques (Fonds vert), estimé à 1,8 G$.

C’est donc dire que le gouvernement a décidé de ne pas utiliser cette somme pour réduire la taxe sur l’essence.

« On a des gens qui disent de l’augmenter, d’autres qui disent de la baisser. Nous, on agit de façon responsable. On pense que la meilleure des solutions ici, c’est de ne pas bouger sur la taxe sur l’essence. On fait d’autres gestes, par contre », s’est défendu Eric Girard.

« Si on utilise le surplus du Fonds [vert], on va augmenter la dépense du gouvernement, et lorsqu’on est en déficit, la dernière chose qu’on veut faire, c’est augmenter la dépense », a-t-il par ailleurs expliqué.

Pire gouvernement de l’histoire, lance Rodriguez

Le déficit « encore une fois historique », « ça démontre la mauvaise gestion du gouvernement actuel », qui est « possiblement le pire gouvernement dans l’histoire du Québec », a réagi mardi le chef libéral Pablo Rodriguez.

« On avait plusieurs demandes, notamment au niveau du crédit d’impôt pour les médias, […] le gouvernement n’a pas bougé là-dessus, sur bien d’autres choses. Alors, il n’y a pas grand-chose d’intéressant pour les Québécois.

« François Legault, il nous a dit qu’il y aurait 30 000 travailleurs de la forêt qui perdraient leur “job”, bien, aujourd’hui, c’est des “peanuts”, ce qu’on leur donne. Alors, il dit qu’il va les aider, mais il ne les aide absolument pas », a-t-il renchéri.

Selon le député libéral Frédéric Beauchemin, le gouvernement Legault ne peut s’attribuer le mérite pour la bonne performance du RRQ et du RQAP, qui sont gérés « totalement indépendamment ». « Ça n’a rien à voir avec la gestion caquiste », a-t-il dit.

« Le ministre des Finances et François Legault avaient une mission, c’est d’aider les gens avec la crise du coût de la vie, et, malheureusement, c’est un échec », a déclaré pour sa part la cheffe parlementaire de Québec solidaire, Ruba Ghazal.

« Tout ce qu’il donne à la population, c’est 11 $ par mois. C’est un trio Big Mac, c’est tout. Rien pour le logement, alors […] qu’il y a même des gens qui ont eu des hausses de loyer de 150 $ par mois. C’est totalement inacceptable », a-t-elle ajouté.

Sa collègue, Alejandra Zaga Mendez, s’est insurgée contre le « détournement » des surplus du Fonds vert, qui devraient, selon elle, aller dans « des vrais projets de lutte aux changements climatiques ».