La citation ci-dessus est tirée de l’étude Trinity, qui a examiné la viabilité des différents taux de retrait d’un portefeuille de retraite compte tenu des différentes répartitions d’actifs et divers horizons de placement.

Les auteurs de l’étude Trinity soulignent ce que nombreux retraités savent déjà, c’est à dire que gérer ses finances à la retraite ne se résume pas à une analyse linéaire. Il se peut que votre client décide de prendre sa retraite dans un marché haussier ou dans un marché baissier. Il se peut qu’il décide qu’il s’ennuie et qu’il veut retourner au travail ou qu’il décide d’utiliser une partie de ses économies pour aider ses enfants adultes. Bien que les lignes directrices comme la règle des 4 % puissent être un bon point de départ lorsqu’on évalue la viabilité d’un plan de retraite, en réalité, peu de retraités maintiennent un taux de retrait fixe.

Plusieurs études ont examiné comment les retraits d’un portefeuille de retraite peuvent être ajustés à la hausse ou à la baisse pour tenir compte des fluctuations du marché, et il s’agit d’un grand domaine de recherche s. Mais les situations personnelles changeantes des retraités et leurs préférences, notamment le rôle du travail et les problèmes de santé, peuvent occasionner des variations des taux de retraits durant la retraite. Il est évident que certains scénarios ne sont pas prévisibles. Mais anticiper les différents cas de figure et être prêt à ajuster son taux de retrait à la hausse ou à la baisse au gré des circonstances est un élément clé dans l’établissement d’un plan réaliste pour ses dépenses durant la retraite. Voici certaines des principales variables qu’il faut garder en tête.

Travail

Le rôle du travail est une composante de la planification de la retraite dont on ne parle pas souvent, mais toucher au moins un petit revenu une fois que le client ne travaille plus à plein temps peut avoir un fort impact sur son taux de retrait à la retraite. Par exemple, les couples ne prennent généralement pas leur retraite en même temps, et il est donc fort possible qu’un couple où les deux conjoints gagnent un salaire adopte un taux de retrait inférieur lorsqu’un seul des conjoints prend sa retraite et l’augmente lorsque les deux conjoints ont quitté la vie active.

Parallèlement, certains retraités pourraient choisir de travailler à temps partiel au début de leur retraite, réduisant ainsi le montant que leur portefeuille devra remplacer pendant ces années, mais envisager un taux de retrait supérieur lorsqu’ils sont pleinement à la retraite. Le client doit penser à ce qu’il veut faire, comme travailler plus longtemps ou à temps partiel, et penser à être réaliste sur sa capacité à rester plus longtemps dans la vie active, autant de composantes clés lorsque vous tentez de déterminer son taux de retrait.

Date de début de bénéfices gouvernementaux

Si votre client a des raisons de croire qu’il va vivre encore longtemps, retarder les versements de son Régime de pensions du Canada (RPC) ou du Régime des rentes du Québec (RPQ) et du programme de Sécurité de la vieillesse peut être un excellent moyen d’augmenter la durée de ses  actifs de retraite. S’il retarde les paiements du RPC jusqu’à concurrence de 70 ans, ses bénéfices augmenteront de 8,4 % par année repoussée. Similairement, retarder ses prestations au programme de la SV jusqu’après 65 ans aboutira à une augmentation de ses prestations de 7,2 % par année retardée. Il s’agit d’importantes augmentations auxquelles la plupart des placements ne pourront pas se mesurer.

Mais s’il n’est plus dans la vie active, retarder l’encaissement des prestations gouvernementales peut nécessiter un taux de retrait plus élevé du portefeuille au cours des premières années de retraite et un montant inférieur une fois qu’il commencera à recevoir ses bénéfices. Naturellement, ce n’est pas un problème s’il continue à travailler passé l’âge de 65 ans. Dans ce cas-là, retarder ses bénéfices gouvernementaux sera bénéfique de trois façons différentes : des prestations plus élevées, des contributions supplémentaires à son portefeuille de retraite et des retraits plus tardifs de son portefeuille de placement.

Coûts des soins de la santé

Tout comme son espérance de vie et les rendements qu’il prévoie obtenir de ses investissements, les propres coûts de soins de santé de votre client sont une donnée inconnue lorsqu’il établit son plan de retraite. Néanmoins, ils ne seront probablement pas statiques. Les coûts de soins de santé grimpent à un rythme plus élevé que le taux d’inflation générale, et les statistiques démontrent que ces coûts augmentent régulièrement avec l’âge. Un rapport de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario publié en 2015 révèle que le montant médian versé par les Canadiens âgés de 75 ans et plus pour les frais de santé atteint 2 000 $ annuellement, et qu’un ménage sur huit dépense 5 000 $ ou plus par an. Soixante-dix pour cent des répondants de ce groupe d’âge déclarent avoir augmenté leurs dépenses en soins de santé au cours des 10 dernières années. Pour les retraités qui doivent payer pour des soins à long terme, les retraits de leurs portefeuille de retraite risquent d’augmenter encore plus significativement. Par conséquent, il ne faut pas oublier que les coûts de soins de santé, contrairement aux dépenses faciles à estimer comme les coûts d’une maison, peuvent varier énormément au fil du temps, et il est sage de planifier leur augmentation pour les années qu’il reste à vivre à votre client.

Dépenses discrétionnaires

Pour de nombreux retraités, la variabilité des coûts de soins de santé peut être équilibrée par une diminution des dépenses discrétionnaires. Par exemple, une personne de 65 ans venant de prendre sa retraite peut avoir des dépenses de santé limitées, mais ses dépenses de voyages et de loisirs peuvent être plus élevées, tandis qu’une personne de 85 ans avec des problèmes de santé majeurs peut voyager et aller au restaurant moins souvent.

En même temps, il faut être prudent avant de présumer que les  dépenses discrétionnaires diminueront automatiquement de beaucoup durant les dernières années de votre retraite. Dans une entrevue, le planificateur financier Harold Evensky a commenté : « Bien que les statistiques démontrent que les gens dépensent moins au fur et à mesure qu’ils vieillissent, je pense qu’il y a deux problèmes avec ces statistiques. L’un est que les statistiques sont dépassées, et le deuxième, le fait que les gens dépensent moins ne signifie pas nécessairement qu’ils veulent dépenser moins. Cela peut très bien signifier qu’ils n’avaient pas d’argent à dépenser. »

Coûts de logement

Une autre dépense qui pourrait entraîner des changements dans les retraits d’un portefeuille de retraite est le coût lié au logement. Bien sûr, tous les propriétaires de maison savent qu’ils peuvent avoir à faire face à des réparations inattendues, et de grosses réparations (un nouveau toit ou quelque chose dans ce genre) peuvent avoir un effet important sur les taux de retrait au cours d’une année donnée. Par contre, les retraités qui déménagent dans un logement plus petit peuvent avoir besoin de distributions de portefeuille plus petites qu’ils ne l’avaient initialement prévu, non seulement avec des coûts de logement inférieurs, mais aussi parce que le produit de la vente de leur maison peut faire augmenter leur bas de laine.

Si votre client prévoie prendre sa retraite et a l’intention de rester dans sa maison actuelle, lorsque vous planifiez ses dépenses durant la retraite, pensez aux grosses réparations qui pourraient être nécessaires durant toute sa retraite. Si son plan de retraite implique déménager dans un logement plus petit, il devrait en tenir compte sous forme de coûts variables reliés au logement durant ses années de retraite.