Réinvestir les dividendes pour édifier un portefeuille

Lorsqu’on a foi en l’approche lente et stable dans les placements, les plans de réinvestissement des dividendes (PRD) offrent une stratégie efficace à long terme pour édifier un portefeuille. Les PRD suivent un principe simple : une fois qu’un client a souscrit à un plan, les dividendes payés par l’organisme émetteur sont utilisés pour acheter des parts supplémentaires du même titre au lieu de s’accumuler en argent liquide dans le compte.

Les avantages qu’on peut en tirer d’emblée sautent aux yeux : le portefeuille s’accroît automatiquement et on évite de payer les coûts qui s’appliquent normalement aux achats d’actions supplémentaires. De plus, parce que les distributions sont utilisées pour des achats modestes et réguliers, le prix global pour l’action tend à être moins escarpé, et on recueille les avantages potentiels des achats périodiques par sommes fixes.

Pour établir un PRD, le client peut décider de s’inscrire directement auprès de la société émettrice, ou demander que son courtier l’intègre à son compte de placement. Bien que tous ces types de dispositions suivent le même processus général, la façon dont le plan est établi pourrait avoir un impact significatif sur les résultats à long terme.

Les courtiers en ligne comme les courtiers à service intégral gèrent les PRD au nom de leurs clients, habituellement sans frais ou commissions. Il est simple pour le client d’ajouter à n’importe lequel ses vos comptes une fonctionnalité de réinvestissement des dividendes à un titre admissible, bien que les titres admissibles pour des plans de réinvestissement de dividendes varient d’un courtier à l’autre.

Les courtiers en ligne, par exemple, offrent des PRD pour des centaines d’actions canadiennes et américaines. De plus, de nombreux fournisseurs de fonds négociés en bourse, notamment Horizons et BMO, offrent des PRD. Un ajout relativement récent est le chef de file du marché des FNB BlackRock Canada, qui a annoncé en 2012 que tous les FNB iShares cotés à la Bourse de Toronto seraient admissibles à son plan de réinvestissement des dividendes.

Le faire lui-même demandera au client beaucoup plus d’efforts qu’établir un PRD dans un compte de courtage. Pour établir un PRD directement auprès de la société émettant les actions, il faut acheter au moins une action, l’enregistrer à son nom, puis s’inscrire au plan en remplissant les formulaires requis et les soumettre à l’agent de transfert de la société. (Les agents de transfert sont nommés par les sociétés publiques pour s’occuper des transactions des actionnaires au nom de la société.) Il ne faut pas oublier qu’il y a des frais associés à la fois à l’achat de l’action et à l’inscription et la délivrance de l’action certifiée à son nom.

Toutefois, s’inscrire directement à un PRD de société comporte certains avantages importants. Notamment, les PRD établis directement auprès de la société émettrice donnent au client la capacité de réinvestir son dividende dans sa totalité, même lorsque cela veut dire être crédité de fractions d’actions.

En revanche, dans la plupart des PRD de courtiers, les distributions doivent être assez importantes pour acheter des actions complètes. Toutes les distributions restantes sont versées au compte du client sous forme de liquidités.

Une exception est la firme de courtage en ligne ShareOwner, compagnie qui existe depuis 1987. Selon le PDG de la société Bruce Seago, la firme est axée largement sur les investisseurs à long terme non actifs. « Ils reconnaissent qu’ils vont investir pendant de nombreuses années, dit M. Seago. Ils veulent pouvoir acheter de bonnes sociétés ou investir dans l’indice, et se borner essentiellement à une reconduction tous les ans, et une croissance sans trop d’entretien de leur part. » M. Seago, un vétéran du courtage en ligne, a acheté ShareOwner à son fondateur John Bart il y a environ un an.

Comme le déclare la société sur son site Web, ShareOwner est le seul courtier en placements au Canada qui fournisse un réinvestissement automatique des dividendes à quatre décimales. Selon un client de longue date que nous appellerons Alex, la « petite monnaie » qui n’est pas réinvestie par d’autres maisons de courtage fait une grosse différence.

« On peut penser que ça n’ajoute pas grand-chose, mais ça le fait sur des années et des décennies, périodes que l’on envisage si on laisse ses plans de réinvestissement des dividendes fonctionner comme il faut », dit-il. Alex, un avocat récemment à la retraite, investit auprès de ShareOwner depuis le début des années 1990 et dit qu’il regrette de ne pas avoir commencé à réinvestir ses dividendes même plus tôt dans sa vie d’investisseur.

La capacité qu’a ShareOwner de fournir ce service est largement fondée sur des achats planifiés par groupe. Selon cette stratégie, la maison de courtage constitue avec les dividendes reçus par ses clients un pool pour acheter des actions supplémentaires. Puis elle affecte ces nouvelles actions aux clients appropriés. (ShareOwner ne fait pas payer une commission sur des achats effectués à l’extérieur de cette structure. Une situation de ce type serait quand le client perçoit une occasion immédiate d’acheter et veut en tirer profit, dit M. Seago.)

Néanmoins, que l’on participe à un PRD administré par ShareOwner ou par une autre maison de courtage, on peut renoncer à un avantage important : le potentiel d’acheter des actions à un petit rabais par rapport au marché.

Habituellement, lorsque les courtiers achètent de nouvelles actions pour leurs clients de PRD sur le marché libre, les investisseurs qui s’inscrivent directement auprès d’une société peuvent obtenir un léger rabais par rapport au prix du marché. Par exemple, les actions de PRD de la Banque Toronto-Dominion TD peuvent être réduites d’autant que 5 % par rapport aux prix moyens du marché. Selon les informations figurant sur le site Web de la société, le rabais sur les actions achetées avec le versement de dividende du 1er janvier 2013 était de 1 %.

Que l’on achète des nouvelles actions par le truchement d’un PRD administré par un courtier ou directement à la société et sans intermédiaire, du point de vue de la fiscalité, les dividendes réinvestis reçoivent un traitement identique aux dividendes en liquide, et l’on en tire l’avantage du crédit d’impôt pour dividendes.

En même temps, cela souligne une autre considération fiscale pour ceux qui investissent dans un compte non enregistré : il faut tenir un compte de ce que l’on a payé pour acquérir chaque ensemble d’actions, parce que ce prix de base rajusté est essentiel pour déclarer comme il convient les gains ou pertes en capital dans l’avenir. Avec des dividendes payés habituellement tous les trimestres ou tous les mois, cela pourrait s’avérer onéreux à mesure que le nombre d’actions achetées par le réinvestissement s’accroît.

Photo Bloomberg