Plus de sept ans après que les banques centrales ont pris des mesures extraordinaires pour contrecarrer la grande récession de 2008-2009, ceux qui investissent dans les obligations continuent à se heurter à un environnement hostile. Des politiques monétaires oppressives les ont privés de rendements convenables — une réalité qui a été masquée au moins partiellement par un panorama des rendements totaux soutenu par les gains obtenus avec des obligations achetées lorsque les taux étaient généralement plus élevés. Cela va changer.
Pire encore : des pays comme le Japon et la Suisse ont adopté des politiques de taux d’intérêt négatifs, qui se sont traduites par une situation où les épargnants paient pour le privilège de faire des dépôts. Heureusement, les taux négatifs n’ont pas pris en Amérique du Nord. Même ainsi, les rendements réels après l’inflation sont essentiellement en territoire négatif tout le long de la courbe des rendements.
Les banques centrales vont-elles finalement réussir à imposer des taux plus élevés, tout en tolérant peut-être d’abord une poussée de l’inflation? Vos rendements, selon ce scénario, n’auront pas l’air si flambant.
Mais par ailleurs, les banques centrales vont-elles continuer à tirer sur des ficelles invisibles? Dorénavant, vos rendements ne seront pas non plus fameux, du moins pas sans tolérer un risque excessif lié à la durée.
Une stratégie risquée consisterait à souscrire aux obligations gouvernementales à la plus longue échéance possible. Dans une conjoncture aux rendements diminuant pendant une période prolongée, ou même un environnement déflationniste, les obligations à long terme pourraient bien, contre toute attente, produire des gains plus élevés. Cette transaction pourrait toutefois être considérée comme une transaction de type « options » et s’avérer onéreuse.
Pour les détenteurs d’obligations, les rendements dérisoires actuellement proposés pourraient poser les jalons d’un retrait total des titres à revenu fixe. Cela pourrait être particulièrement attrayant pour les investisseurs plus jeunes avec un horizon de placement de moyen à long terme, et avec la tolérance au risque qui convient.
Toutefois, l’approche la plus pragmatique pour les investisseurs est de regarder quels véhicules sont offerts pour faciliter la navigation dans ces marchés difficiles. Une des solutions les plus largement accessibles est celle des fonds négociés en bourse.
Il y a près d’une centaine de FNB obligataires offerts au Canada. Les choix possibles se sont multipliés ces dernières années et comprennent désormais des FNB à gestion active, que leur risque soit lié au crédit, aux taux d’intérêt (durée) ou aux deux.
Pour ce qui est des coûts de transactions, les FNB fournissent un bon accès à la tarification institutionnelle des obligations. Autrement, les investisseurs particuliers seraient soumis à des exécutions de transactions beaucoup moins favorables, rognant beaucoup des rendements déjà insignifiants.
Toutefois, le simple fait que les FNB sont un mécanisme de livraison efficace ne veut pas dire qu’ils sont à l’abri d’un sous-classement résultant soit de frais plus élevés, soit d’une gestion active, ou même trop active.
Cela dit, quand vous entendez dire qu’il y a des avantages à engager un gestionnaire actif pour naviguer des instruments qui sont encore en vente libre, souvent sans la liquidité que vous aimeriez, ne rejetez pas tout de suite cette éventualité.
C’est parce que dans l’ensemble, l’équilibre entre le risque et le rendement penche très fort du côté « défavorable ». Si vous avez raison, vous serez gagnant mais vous n’allez pas gagner une fortune. Mais si vous prenez une mauvaise décision sur le crédit ou la durée, vous pourriez perdre considérablement plus que les gains que vous recherchiez.
Au milieu des incertitudes du marché et la reconnaissance que les obligations jouent bel et bien un rôle même à des périodes comme celle-ci, concentrez-vous sur ce que vous pouvez contrôler :
Les coûts : Dans cette conjoncture pratiquement sans rendements, il va sans dire que vous souhaiteriez faire baisser au maximum les frais de votre participation obligataire, conformément à vos objectifs de placement. Par exemple, si vous cherchez une participation large et à faible coût au marché canadien, les candidats de votre portefeuille pourraient comprendre le FINB BMO obligations totales (ZAG), le FNB Horizons Univers obligations canadiennes sélectionnées (HBB), le FNB iShares Core High Quality Canadian Bond Index (XQB) et le FNB Vanguard Canadian Aggregate Bond Index (VAB).
Le risque lié aux taux d’intérêt : Vous pouvez sélectionner des FNB dont la durée (c’est-à-dire la sensibilité aux taux d’intérêt) est conforme à ce que vous attendez des marchés, ou au mandat de votre portefeuille, votre horizon temporel et votre tolérance au risque. Si votre tolérance au risque lié aux taux d’intérêt est faible et que vous cherchez une participation canadienne, songez aux FNB de la catégorie Revenu fixe canadien à court terme. Une autre approche est d’investir dans un FNB qui adopte une approche échelonnée en détenant à portions égales des obligations à diverses échéances. Le FNB le plus important qui gère un portefeuille échelonné est le FNB iShares Laddered Corporate Bond (CBO).
Le risque lié au crédit : Si vous cherchez des rendements plus élevés et que vous consentez à assumer un risque de crédit plus important, songez aux FNB de la catégorie Revenu fixe à rendement élevé. Les investisseurs peu attirés par le risque de crédit devraient s’en tenir aux FNB dont le mandat est de détenir des créances de qualité élevée et supérieure. Si cela vous tente, un autre choix est un FNB activement géré qui a la souplesse d’acheter et de vendre rapidement les créances plus risquées.
Le risque lié à la devise : Pour éviter une participation aux devises étrangères, vous pouvez investir dans des FNB purement canadiens, mais il y a d’autres possibilités. Alors que certains FNB d’obligations étrangères donnent aux investisseurs une participation à des gains ou des pertes au change, d’autres couvrent leur participation aux devises étrangères. Certains FNB à revenu fixe canadiens se négocient et paient leurs distributions en dollars américains.
Enfin, n’oubliez pas la dynamique propre aux obligations, que vous les achetiez individuellement ou indirectement, au sein d’un groupe contenu dans un FNB.
Plus précisément, juste parce qu’un FNB peut à première vue avoir un rendement plus élevé que celui qu’offrent des obligations qui se négocient actuellement à un prix proche de leur valeur nominale, ne pensez pas que vous avez décroché la timbale. La mesure dont vous êtes victime dans ce cas est le fruit d’une confusion entre le rendement des distributions annuelles et le rendement à l’échéance. Pour éviter ce piège, songez à des FNB comme le FINB BMO obligations à escompte (ZDB) et le FNB First Asset 1-5 Year Laddered Government Strip Bond Index (BXF).
Pour les investisseurs dans des comptes non enregistrés, songez au FNB Horizons Univers obligations canadiennes sélectionnées (HBB) pour sa structure de swap à rendement total qui permet un cumul libre d’impôt, ou le produit récemment lancé First Asset Short Term Government Bond Index Class (FGB).
Qu’apporte ce dernier? Alors que le gouvernement fédéral met fin à compter de septembre au report d’imposition des gains associés aux transferts de fonds au sein d’une structure constituée en société, ce FNB représente une nouvelle alternative fiscalement efficiente pour ceux qui investissent dans les comptes non enregistrés, dans la mesure où ses distributions peuvent être libellées en tant que remboursement du capital. Cela fournira les avantages à la fois d’un report d’impôt et, au moment où ces titres sont vendus, d’un traitement en termes de gains en capital plutôt que de revenus d’intérêts. Cela peut paraître obscur à certaines personnes, mais dans un monde privé de rendements, il n’y a pas de petit gain.