Car vos amis, beaux-frères et belles-soeurs qui l’auront vu ne manqueront pas d’affirmer pendant le réveillon que «les banquiers et les courtiers vivent dans un monde corrompu». Et peut-être aussi, vous plaindront-ils d’avoir choisi ce métier qui est le vôtre!
Réalisé par Martin Scorsese, Le Loup de Wall Street met en vedette le talentueux Leonardo Di Caprio. L’action se déroule dans l’univers des «boiler rooms». Des fraudeurs crinqués aux amphétamines, aux belles voitures et aux prostituées de luxe appellent des naïfs fortunés au téléphone. Mettant en œuvre une stratégie dite de «pump and dump», ils appâtent leurs cibles avec des promesses de rendements mirobolants sur des actions sans valeur dont les prix descendent rapidement.
Première chose à savoir: leurs victimes ne sont pas «grand-maman» ou «grand-papa». Mais plutôt des gens bien nantis, comme des professionnels à hauts revenus qui en veulent plus, toujours plus. Ces victimes ne posent pas beaucoup de questions, trop heureux d’avoir accès à de soi-disant informations privilégiées qui leur feront gagner beaucoup, beaucoup plus d’argent que … des fonds communs ou des actions versant des dividendes.
Le Loup de Wall Street se base sur les mémoires de Jordan Belfort, un Américain de Long Island, dont la compagnie, Stratton Oakmont, avait illégalement récolté 250 M$ avant d’être épinglée par la SEC à la fin des années 90. Interprété par l’électrifiant Di Caprio, Belfort a passé 22 mois en prison. Par la suite, il est devenu un expert en «motivation».
«Greed is good», disait l’inoubliable Gordon Gekko, le «héros» du classique d’entre les classiques qu’est le film Wall Street d’Oliver Stone.
Il est vrai que la convoitise de Gordon Gekko est le combustible parfait de la destruction créatrice, cette énergie qui renouvelle constamment le capitalisme, le seul modèle de développement économique efficace comme l’a montré l’effondrement du communisme. Mais sans freins, la convoitise mène les individus, et parfois les pays, à leur propre perte.
D’où l’importance des conseillers, gardiens des émotions – et surtout, des appétits! – de leurs clients. Car lorsque c’est trop beau pour être vrai, le conseiller le dit. Et son client ne perd pas sa chemise.
Cela, vous pourrez le dire en souriant à votre tour à vos amis, beaux-frères et belles-soeurs quand ils balbutieront, après un troisième verre, que «le monde de la finance est vraiment pourri».
En savoir plus
The wolf of Wall Street, par Jordan Belfort, New York : Bantam Books, 2007, 468 p. Disponible en format électronique à la Grande Bibliothèque (abonnement gratuit aux résidents du Québec).