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« La croissance économique continuera d’être plus lente que par le passé, principalement en raison des tendances démographiques. Certes, les taux ne resteront pas exceptionnellement bas indéfiniment, mais les taux d’équilibre à long terme sont plus faibles, et la « normalisation » des taux ne se fera pas du jour au lendemain », a souligné Marc Lévesque, vice-président, économie et stratégie de marché, et économiste en chef à Investissements PSP, lundi lors de la séance d’ouverture, intitulée « Perspectives macroéconomiques sur les taux d’intérêt : quelles attentes avoir devant la « nouvelle normalité » ? ».

Le monde a changé et les banques centrales ont « presque atteint les limites des outils traditionnels de politique monétaire », a affirmé Clément Gignac, premier vice-président et économiste en chef à l’Industrielle Alliance, qui animait la séance.

« À l’heure actuelle, la dette publique de près de 8 milliards de dollars (G$) engendre des taux d’intérêt négatifs, ce qui constitue un véritable défi pour les gestionnaires d’actifs et de régimes de retraite. Il nous faut réfléchir à une nouvelle approche pour faire face à ces défis », a-t-il constaté.

L’exemple japonais est évocateur, selon Jesper Koll, chef de la direction de WidomTree Japon. « Le cas du Japon montre qu’il ne suffit pas d’imprimer des billets. Il faut qu’une politique budgétaire y soit associée afin de produire l’augmentation du PIB attendue ».

Selon lui, même si le déclin démographique du Japon est appelé à se poursuivre, « ce pays verra la montée d’une nouvelle classe moyenne, en raison d’une augmentation de l’emploi à temps plein, d’un accès plus grand au crédit et d’une main-d’oeuvre féminine plus active. Les conditions actuelles sont idéales pour un Japonais de 23 ans. »

Les graines de déflation qui sont semées actuellement mèneront à l’inflation à partir des années 2020, selon Peter Berezin, responsable de la stratégie, stratégie d’investissement mondiale auprès de BCA Research. « Les mêmes forces qui contribuent à la déflation aujourd’hui contribueront à l’inflation demain. À titre d’exemple, même si l’austérité a mené le bal au cours des dernières années, les gouvernements vont commencer à desserrer les cordons de la bourse, ce qui nous fera passer d’un monde déflationniste à un monde inflationniste. Tous les gestes que les banques centrales ont posés au cours des 70 dernières années semblaient improbables… jusqu’au moment où elles l’ont fait ».

Lors d’une autre table ronde ayant pour thème la pérennité et l’efficacité des systèmes de retraite, Sree Ramaswamy, Senior Fellow au McKinsey Global Institute, a souligné que les rendements élevés des 30 dernières années découlaient de la baisse de l’inflation et des taux d’intérêt réels, d’une part, et de la forte croissance du PIB et des bénéfices des sociétés, d’autre part.

Selon lui, « ces facteurs sont, pour l’essentiel, en stagnation, et susceptibles de s’inverser au cours des deux prochaines décennies. Cela pourrait annoncer un rendement des actions plus faible au cours des 20 prochaines années par rapport à la moyenne à long terme. »

Défis et occasions se profilent

Abordant les incidences des faibles taux d’intérêt et de l’augmentation soutenue de l’espérance de vie sur les stratégies de placement des régimes de retraite à l’échelle mondiale, ainsi que la manière dont on peut composer avec ces facteurs, les experts invités lors d’une autre séance ont laissé entendre que ces défis n’étaient pas insurmontables.

Pour Dirk Broeders, conseiller principal en stratégie, Division des politiques de surveillance auprès de la De Nederlandsche Bank, bien que les plans de retraite professionnels à prestations définies sont confrontés à d’importants défis en matière de financement et de pérennité, « nous ne devrions pas débattre en fonction d’une opposition entre prestations déterminées et cotisations déterminées. Nous devrions réfléchir à la manière d’optimiser les différentes fonctions qu’un régime de retraite devrait avoir pour les participants. La conception de régimes de retraite durables nécessite une approche fonctionnelle ».

La vision « consensuelle de la croissance mondiale » est toutefois remise en question par Leo de Bever, conseiller principal chez Bennett Jones. Selon lui, cet avenir de faible croissance dont tout le monde semble penser qu’il est inévitable pourrait ne pas se matérialiser. « Le rythme du changement technologique s’accélère, ainsi, nous pourrions construire un avenir meilleur en adoptant plus rapidement de nouvelles infrastructures technologiques et sociales. En surmontant la résistance et en repensant les systèmes de récompense, nous pouvons mettre en place les conditions d’un avenir meilleur. »